A la différence de l’article similaire que je vous avais proposé concernant la note de synthèse, il ne me semble pas possible de vous fournir des plans types pour la note de synthèse. Tout simplement parce que la typologie des sujets est beaucoup plus aléatoire, et qu’il est difficile de dégager un plan modèle qu’on pourrait calquer sur tous les devoirs.
Cependant, pour ceux qui sont actuellement dans des prépas d’été pour le barreau, des amis m’ont dit que des plans types étaient proposés. Je n’y ai pas accès, bien entendu, donc je ne les commenterai ni ne les reproduirai pas ici ; je suis néanmoins assez curieux de ce qui est proposé. Ces gens-là sont des professionnels, donc s’ils vous en proposent, c’est que ça doit marcher plutôt bien.
Personnellement, je vais me contenter de vous fournir un modèle de
réflexion et de méthode pour bâtir votre plan de note de synthèse. Il s’agit d’une
méthode « de bas en haut », c’est-à-dire qui part des idées
principales, pour remonter vers un plan ; à l’inverse de ce que je vous ai
proposé pour le commentaire, qui part d’un plan type, et que l’on garnit au fur
et à mesure.
Partir des documents pour
construire des idées
Si vous avez bien suivi ma méthode pour examiner vos documents, vous
avez maintenant un tableau qui recense l’intégralité des documents ainsi que
les idées principales évoquées dans chacun des documents.
Vous allez pouvoir commencer à les réunir et les rapprocher par les
mots-clefs que vous avez notés, en comparant leur contenu en vous basant sur la
colonne « idées principales ». Les rapprocher ça ne veut pas dire que
chaque document ne se coordonne bien qu’avec un seul autre document, dans l’immense
majorité des cas d’ailleurs certains documents très denses se retrouveront dans
plusieurs idées et plusieurs thématiques.
Votre objectif ici est de parvenir rapidement à des groupes de 3 ou 4
documents (plus ou moins), qui portent sur la même idée. Pour les matérialiser,
vous êtes libres : des petits signes, un code couleur avec vos stylos
fluo, une numérotation, du moment que vous vous y retrouvez.
Partir des idées pour
construire des thématiques
Une fois que ce premier travail de regroupement a été fait, vous allez
pouvoir grouper les idées par thématiques. Que ce soit des idées opposées,
complémentaires ou parallèles, vous allez pouvoir les combiner pour former les
thématiques. Il faut faire attention à bien voir comment les différentes idées
s’articulent directement ensemble, car vous ne pourrez pas faire le lien
entre les documents avec vos connaissances personnelles, qui sont à proscrire.
L’important est de commencer à obtenir un chemin général de réflexion
autour des documents sur lesquels vous avez travaillé ; ce chemin va être
une bonne base pour construire un plan cohérent. Le tableau vous fournira ici
encore un appui important, car vous n’aurez pas la tentation d’aller relire les
documents pour voir comment les arranger : si dans votre tableau une idée
n’apparait pas clairement, c’est qu’elle est trop tirée par les cheveux, ou en
tout cas pas assez clair, pour servir de base. Dans la plupart des cas, c’est
une idée personnelle que vous essayez (vainement) d’habiller avec des documents
pour pouvoir la caser, ce qui est une erreur.
Partir des thématiques pour
construire des parties
Normalement, si vous avez fait les premières étapes correctement, la
formation de vos parties devrait venir assez naturellement. A partir des
grandes thématiques, il faut trouver une manière, à la fois harmonieuse et
logique, de les agencer pour couvrir et enchainer naturellement les idées que
vous avez mises dans ces thématiques. Il faut également que vos parties se
répondent, que le correcteur n’ait pas l’impression que vous ayez balancé 4
morceaux au hasard.
Bien sûr, une fois que vous avez tiré votre plan suivant cette
méthode, jetez-y un œil critique pour voir si dans l’ensemble ça tient la route
aussi ! Quelques bons signes sont : les titres s’enchainent de façon
logique, vos parties ne sont pas interchangeables entre elles, il semble assez
facile savoir où se trouve une info en regardant le plan uniquement.
Voilà donc ma proposition de méthode, ça reste assez vague j’en
conviens, mais la note de synthèse est plus difficile à modéliser que les
autres épreuves de droit. L’important est de comprendre la philosophie de cette
méthode : bâtir peu à peu en partant des documents, et en les regroupant.
Cela permettra de conserver une cohérence et un enchainement fluide de vos
parties. Je ne pense pas qu’il soit possible ni souhaitable d’établir ex nihilo
un plan en se basant uniquement sur sa première impression des documents, et de
le remplir ensuite à tout prix. Je dois vous parler toutefois d’une hypothèse
un peu différente, mais qui peut arriver, le cas où la note de synthèse proposée
appelle un traitement chronologique.
La question particulière de la
note chronologique
Il peut arriver, c’était le cas lorsque j’ai passé les examens
moi-même, que la note de synthèse proposée vous invite à la traiter de manière
chronologique. En général, ça peut se voir très vite à la lecture des documents :
les documents sont dans l’ordre des dates, un ou deux documents correspondent à
des éléments marquants, autour desquels sont organisés les autres documents, le
titre du sujet contient les mots « évolution », « changement »,
etc.
Attention quand même : toute collection de documents sur un sujet
particulier aura toujours une petite dimension chronologique. Cela ne justifie
pas pour autant systématiquement un traitement chronologique ; faites
attention à voir si la dimension temporelle et l’évolution des thématiques et
des points de vue au cours des documents est réellement un point pertinent de l’analyse
qui est demandée.
Dans le cas d’un plan chronologique, la vraie recommandation que je
peux vous faire est de situer votre ou vos documents « charnières » à
la jonction de vos parties et sous-parties, ça va vous permettre de rester très
clair dans l’exposition et le découpage de vos idées.
Exemple personnel : ma note de synthèse portait sur le droit à l’oubli,
et la condamnation de Google sur le sujet au cours de l’année 2014. Il y avait
2/3 de documents antérieurs à la décision, la décision contre Google, puis 1/3
de documents faisant suite à la décision. J’ai évoqué la décision au début de
mon II.A), en réservant la première partie au contexte qui a amené la décision
et aux diverses positions qui étaient exprimées dans les documents, et la
seconde partie aux réactions et conséquences de la décision. J’ai cité les documents
principalement dans leur ordre chronologique au fil de ma note, mais pas
systématiquement, des idées exprimées avant la décision pouvant être mises en
relation avec les conséquences réelles postérieures.
A contrario, dans l’un des entrainements réalisés, dont le thème était
les droits des animaux, je n’ai pas utilisé de plan chronologique, quand bien
même l’un des documents était une réforme du Code rural. En effet, à la
différence de mon premier exemple, la réforme en question n’était pas reprise
de façon importante dans le reste des documents, et ne constituait pas une
information « charnière » ; le plan chronologique ne me
paraissait donc pas adapté.
Voilà donc pour la création d'un plan, il ne reste plus qu'à écrire la note en elle-même. Mais contrairement à ce que je vous ai dit pour le commentaire, la rédaction de la note de synthèse est assez simple, plus qu'il suffit de reformuler et agencer les idées des documents, de façon claire et directe. Je vous parlerai donc simplement des quelques règles à respecter pour ne pas faire de grosse erreur, ainsi que de l'importance de suivre la progression de sa rédaction par rapport aux documents.
Alexandre
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