Avoir le Barreau, sans pilule, sans pommade, sans médocs et sans spam!

jeudi 30 juillet 2015

Une bonne note de synthèse se construit brique par brique (4)






A la différence de l’article similaire que je vous avais proposé concernant la note de synthèse, il ne me semble pas possible de vous fournir des plans types pour la note de synthèse. Tout simplement parce que la typologie des sujets est beaucoup plus aléatoire, et qu’il est difficile de dégager un plan modèle qu’on pourrait calquer sur tous les devoirs.

Cependant, pour ceux qui sont actuellement dans des prépas d’été pour le barreau, des amis m’ont dit que des plans types étaient proposés. Je n’y ai pas accès, bien entendu, donc je ne les commenterai ni ne les reproduirai pas ici ; je suis néanmoins assez curieux de ce qui est proposé. Ces gens-là sont des professionnels, donc s’ils vous en proposent, c’est que ça doit marcher plutôt bien.

Personnellement, je vais me contenter de vous fournir un modèle de réflexion et de méthode pour bâtir votre plan de note de synthèse. Il s’agit d’une méthode « de bas en haut », c’est-à-dire qui part des idées principales, pour remonter vers un plan ; à l’inverse de ce que je vous ai proposé pour le commentaire, qui part d’un plan type, et que l’on garnit au fur et à mesure.

Partir des documents pour construire des idées

Si vous avez bien suivi ma méthode pour examiner vos documents, vous avez maintenant un tableau qui recense l’intégralité des documents ainsi que les idées principales évoquées dans chacun des documents.

Vous allez pouvoir commencer à les réunir et les rapprocher par les mots-clefs que vous avez notés, en comparant leur contenu en vous basant sur la colonne « idées principales ». Les rapprocher ça ne veut pas dire que chaque document ne se coordonne bien qu’avec un seul autre document, dans l’immense majorité des cas d’ailleurs certains documents très denses se retrouveront dans plusieurs idées et plusieurs thématiques.

Votre objectif ici est de parvenir rapidement à des groupes de 3 ou 4 documents (plus ou moins), qui portent sur la même idée. Pour les matérialiser, vous êtes libres : des petits signes, un code couleur avec vos stylos fluo, une numérotation, du moment que vous vous y retrouvez.

Partir des idées pour construire des thématiques

Une fois que ce premier travail de regroupement a été fait, vous allez pouvoir grouper les idées par thématiques. Que ce soit des idées opposées, complémentaires ou parallèles, vous allez pouvoir les combiner pour former les thématiques. Il faut faire attention à bien voir comment les différentes idées s’articulent directement ensemble, car vous ne pourrez pas faire le lien entre les documents avec vos connaissances personnelles, qui sont à proscrire.

L’important est de commencer à obtenir un chemin général de réflexion autour des documents sur lesquels vous avez travaillé ; ce chemin va être une bonne base pour construire un plan cohérent. Le tableau vous fournira ici encore un appui important, car vous n’aurez pas la tentation d’aller relire les documents pour voir comment les arranger : si dans votre tableau une idée n’apparait pas clairement, c’est qu’elle est trop tirée par les cheveux, ou en tout cas pas assez clair, pour servir de base. Dans la plupart des cas, c’est une idée personnelle que vous essayez (vainement) d’habiller avec des documents pour pouvoir la caser, ce qui est une erreur.

Partir des thématiques pour construire des parties

Normalement, si vous avez fait les premières étapes correctement, la formation de vos parties devrait venir assez naturellement. A partir des grandes thématiques, il faut trouver une manière, à la fois harmonieuse et logique, de les agencer pour couvrir et enchainer naturellement les idées que vous avez mises dans ces thématiques. Il faut également que vos parties se répondent, que le correcteur n’ait pas l’impression que vous ayez balancé 4 morceaux au hasard.

Bien sûr, une fois que vous avez tiré votre plan suivant cette méthode, jetez-y un œil critique pour voir si dans l’ensemble ça tient la route aussi ! Quelques bons signes sont : les titres s’enchainent de façon logique, vos parties ne sont pas interchangeables entre elles, il semble assez facile savoir où se trouve une info en regardant le plan uniquement.

Voilà donc ma proposition de méthode, ça reste assez vague j’en conviens, mais la note de synthèse est plus difficile à modéliser que les autres épreuves de droit. L’important est de comprendre la philosophie de cette méthode : bâtir peu à peu en partant des documents, et en les regroupant. Cela permettra de conserver une cohérence et un enchainement fluide de vos parties. Je ne pense pas qu’il soit possible ni souhaitable d’établir ex nihilo un plan en se basant uniquement sur sa première impression des documents, et de le remplir ensuite à tout prix. Je dois vous parler toutefois d’une hypothèse un peu différente, mais qui peut arriver, le cas où la note de synthèse proposée appelle un traitement chronologique.

La question particulière de la note chronologique


Il peut arriver, c’était le cas lorsque j’ai passé les examens moi-même, que la note de synthèse proposée vous invite à la traiter de manière chronologique. En général, ça peut se voir très vite à la lecture des documents : les documents sont dans l’ordre des dates, un ou deux documents correspondent à des éléments marquants, autour desquels sont organisés les autres documents, le titre du sujet contient les mots « évolution », « changement », etc.

Attention quand même : toute collection de documents sur un sujet particulier aura toujours une petite dimension chronologique. Cela ne justifie pas pour autant systématiquement un traitement chronologique ; faites attention à voir si la dimension temporelle et l’évolution des thématiques et des points de vue au cours des documents est réellement un point pertinent de l’analyse qui est demandée.

Dans le cas d’un plan chronologique, la vraie recommandation que je peux vous faire est de situer votre ou vos documents « charnières » à la jonction de vos parties et sous-parties, ça va vous permettre de rester très clair dans l’exposition et le découpage de vos idées.

Exemple personnel : ma note de synthèse portait sur le droit à l’oubli, et la condamnation de Google sur le sujet au cours de l’année 2014. Il y avait 2/3 de documents antérieurs à la décision, la décision contre Google, puis 1/3 de documents faisant suite à la décision. J’ai évoqué la décision au début de mon II.A), en réservant la première partie au contexte qui a amené la décision et aux diverses positions qui étaient exprimées dans les documents, et la seconde partie aux réactions et conséquences de la décision. J’ai cité les documents principalement dans leur ordre chronologique au fil de ma note, mais pas systématiquement, des idées exprimées avant la décision pouvant être mises en relation avec les conséquences réelles postérieures.

A contrario, dans l’un des entrainements réalisés, dont le thème était les droits des animaux, je n’ai pas utilisé de plan chronologique, quand bien même l’un des documents était une réforme du Code rural. En effet, à la différence de mon premier exemple, la réforme en question n’était pas reprise de façon importante dans le reste des documents, et ne constituait pas une information « charnière » ; le plan chronologique ne me paraissait donc pas adapté.
 
 
Voilà donc pour la création d'un plan, il ne reste plus qu'à écrire la note en elle-même. Mais contrairement à ce que je vous ai dit pour le commentaire, la rédaction de la note de synthèse est assez simple, plus qu'il suffit de reformuler et agencer les idées des documents, de façon claire et directe. Je vous parlerai donc simplement des quelques règles à respecter pour ne pas faire de grosse erreur, ainsi que de l'importance de suivre la progression de sa rédaction par rapport aux documents.
 
Alexandre

 

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire