Je ne vais pas vous faire un
cours pour chacune des matières, ça n’est pas ce que je souhaitais faire, et
j’en serais totalement incapable de toute manière. Mais il y a quelque chose de
commun à tous les commentaires, et qui est fondamental : le plan.
Squelette de plan
Un petit rappel, probablement pas
totalement inutile, sur le squelette de base d’un plan de commentaire
d’arrêt :
Introduction
- Fiche d’arrêt
- Accroche
- Référence de l’arrêt
- Faits
- Procédure
- Question de droit
- Annonce de la première grande partie (I), et de la seconde (II)
I) Titre grande partie I
Chapeaux pour annoncer la
première sous-partie (IIA), et la seconde (IIB)
A) Titre sous-partie IA
B) Titre sous-partie IB
Transition
II) Titre grande partie II
Chapeaux pour annoncer la
première sous-partie (IIA), et la seconde (IIB)
A) Titre sous-partie IIA
B) Titre sous-partie IIB
En recherche de bon(s) plan(s)
Avoir un bon plan est fondamental
dans le cadre d’un commentaire, pour deux raisons. D’une part, cela exige de
bien coordonner ses idées, et de donner du sens à sa réflexion, c’est donc en
créant votre plan que vous allez parfaire votre analyse. En général, quand on
n’arrive pas à trouver un plan correct, c’est que le fond, la compréhension de
l’arrêt, n’est pas bon. Et d’autre part, le plan permettra à votre correcteur
de rentrer plus facilement dans votre copie et dans votre réflexion.
Un intermède-vérité
maintenant : un chargé de TD avait confié, aux détours d’une discussion,
un secret de polichinelle pour la correction des commentaires à la faculté. Je
ne dis pas que cette méthode est pratiquée partout, mais elle semble
suffisamment crédible, et de bon sens, pour que ça soit tout à fait possible.
Voilà la méthode de correction qu’il avait exposée :
- D’abord, le correcteur regarde l’introduction (la fiche d’arrêt, la question de droit et l’annonce du plan) : si la fiche d’arrêt est hors-sujet (hors-sujette ?), que la question de droit n’est pas bonne ou que l’annonce de plan est totalement farfelue, ce sera la note-punition (en dessous du 8)
- Puis, il regarde les titres des parties et les « chapeaux » avec les annonces de sous-parties : c’est là que l’essentiel se joue. Si le plan parait assez classique, correspond au sujet, semble y répondre et que les titres sont corrects, on sait que la note va se trouver entre 8 et 12 (là où l’immense majorité des notes se situent)
- Ensuite, il regarde les parties où se trouvent les points de droits les plus importants de l’arrêt
- Enfin, il peut regarder le contenu des parties dans l’ensemble : deux solutions dans ce cas-là, soit votre commentaire semble particulièrement bon et le correcteur veut voir ce que vous avez pu dire de si géniale (ça c’est bien !) ; soit il va à la pêche aux points parce qu’il n’a pas compris ce que vous essayiez de dire (ça c’est moins bien…)
Vous voyez bien que dans ce
processus, le plan est l’objet de beaucoup plus d’attention que le contenu de
vos parties, ce n’est donc pas quelque chose que vous devez expédier en vous
disant « De toute façon, je vais les éblouir sur le fond de mes idées »,
parce que si vous avez un mauvais plan, un correcteur passera très vite sur vos développements, ou en tout cas avec déjà une très mauvaise idée de votre niveau.
Le plan parfait n’existe pas
Si ça existait, ça se saurait.
Pour une explication plus complète, le plan parfait n’existe pas car lors de la
conception de votre plan, vous allez faire des choix, qui vont traduire votre
analyse propre.
Mais le plan sûr existe !
Une fois qu’on a dit qu’il n’y
avait pas un plan parfait pour chaque commentaire de chaque arrêt, il faut voir
que vous ne visez pas la perfection lors de votre commentaire, surtout aux
examens d’entrée au CRFPA. L’objectif est d’être pertinent, juste et clair, pas
d’écrire l’article du siècle, notamment parce qu’il y a peu de chances que vous
tombiez sur l’arrêt du siècle au cours de l’examen. Et dans cet objectif la, il
est possible de se reposer sur des plans types, qui fonctionnent à peu près
bien pour tous les arrêts, et qui vous permettront d’avoir un fil conducteur
net et clair.
Il existe de nombreux plans types
comme celui-ci, et je n’ai rien inventé, je vous le livre parce qu’il a
toujours bien marché pour moi, pour obtenir des notes qui se baladaient autour
de la moyenne, plutôt au-dessus si c’était une matière que je maîtrisais mieux.
Il s’agit de quatre
parties : contexte, sens, portée, critique. Elles se répartissent dans le
plan comme cela :
I) [Première partie : l’analyse juridique directe de l’arrêt]
A) Contexte
Le contexte juridique de
l’arrêt : quel est le droit applicable, les sources, les enjeux du domaine
concerné. Il faut également à la fin de cette partie ré-énoncée la réponse de
la cours de cassation à la question droit posée.
Dans cette partie, ce qu'il faut éviter c'est faire une redite de la fiche d’arrêt, et surtout de reprendre les
éventuels moyens du pourvoi.
B) Sens
Quelle est la solution « profonde » donnée par l’arrêt, ses fondements juridiques, son explication ; par exemple, est ce que c’est un changement de qualification d’un fait ou d’un acte, ou un changement de régime d’un acte juridique, etc.
C'est ici que vous devrez faire preuve de votre analyse technique la plus poussée et la plus intéressante, attention quand même à ne pas dépasser sur les parties suivantes. Tenez-vous en à l'explication du droit en profondeur tel qu'il résulte de l'arrêt.
II) [Deuxième partie : l’analyse plus large de l’arrêt dans l’environnement juridique]
A) Portée
Vous allez ici chercher à élargir
et faire interagir la solution donnée dans l’arrêt avec le reste du droit
applicable. Exemple : Un acte juridique change de régime, quelles sont les
conséquences sur son traitement dans d’autres contextes, d’autres procédures,
est ce que cela change sa valeur, son rôle dans l’ordre juridique?
B) Critique
Vous arrivez près de la fin, et comme disait Christian Jean Pierre en commentant la Coupe du Monde de Rugby "ET L'ON OUVRE!".
Il faut aborder en final la problématique plus large qui entoure l'arrêt, les enjeux, les risques, mais aussi les bienfaits qu'un arrêt peut apporter. Le développement sera moins technique que dans la partie précédente, mais aussi pertinent ! Ne tombez pas non plus dans le commentaire politique ou sociétal, vous faites du droit bordel !
Par contre, une approche par l'économie peut être intéressante, ou par la stratégie si la matière s'y prête. Par exemple, toute modification de ce qui concerne le recouvrement de créances va avoir un impact sur les acteurs du commerce, en bien ou en mal.
Voilà donc pour un exemple de plan qui passe à peu près partout. Vous en trouverez des caisses d'autres dans des livres ou sur internet, dont certains que vous trouverez sûrement plus pertinents. Je vous conseille d'en avoir un ou deux en tête avant les épreuves, ça permet de se poser et de réfléchir calmement au contenu de l'arrêt, même si vous en changez après parce que vous avez une meilleure idée !
Alexandre
Alexandre
Vous dites au niveau du contexte qu'il faut "éviter de reprendre la fiche d'arrêt et surtout de reprendre les moyens du pourvois"
RépondreSupprimerFaut il éviter de reprendre la fiche d'arrêt ET éviter de reprendre les moyens
ou bien éviter de reprendre la fiche d'arrêt MAIS en revanche parler des moyens de pourvois ?
merci