Pour rappel, la note de synthèse est une épreuve qui dure 5 heures, ce
qui peut paraître énorme. Mais c’est une épreuve qui est également très longue
à réaliser, donc 5 heures, c’est long et court (c’est lourd, c’est
lent ?).
5 heures, mais pour faire quoi ?
La note de synthèse va vous demander de résumer en 4 pages manuscrites
une quarantaine (plus ou moins) de pages de documents. D’un point de vue
purement mathématique :
- Une personne moyenne lit entre 250 et 300 mots par minute. Ce qui correspond à un peu moins d’une page de document par minutes, à peu près (cela dépend de la police d’écriture et des marges). Ce qui veut dire que pour lire les documents, sans aller plus loin que la lecture simple, il faut au moins 40 à 45 minutes, incompressibles.
- Et à l’écrit il faut compter une vingtaine de mots par minute ; par page d’écriture manuscrite, il faut compter à peu près 300 mots, donc 60 minutes de rédaction. Ce chiffre est valable pour de la recopie pure et simple, et là il faudra réfléchir avant d'écrire.
Ce qui veut dire que d’un point de vue timing, vous avez déjà près de
2 heures de l’épreuve qui est mobilisé pour des étapes purement fonctionnelles,
sans réflexion ! Vous n’avez donc en réalité que 3 heures pour :
- Extraire les informations des documents
- Les regrouper par thématiques
- Organiser ces thématiques en 4 parties
- Organiser ces parties dans un plan
En vérité, lors de la note de synthèse, vous n’allez pas les sentir
passer ces 5 heures, grâce au mélange du stress et de la concentration.
Personnellement, je suis un gros fumeur, et pendant les épreuves de note de
synthèse, même à l’entrainement, je ne ressentais absolument pas le besoin de
fumer ; ni d’ailleurs de boire, manger ou rejoindre les toilettes un
instant. Je sais que ce n’est pas le cas de tout le monde, mais globalement
vous allez être dans le même état d’esprit, surtout si vous êtes sensibles au
stress.
Se donner une méthode pour se fixer des temps de passage
La note de synthèse se prépare longtemps à l’avance, non pas en
révision, mais en création d’une méthode que vous suivrez à chaque fois que
vous passerez ce type d’examens. Cette méthode aura une partie de fonds
(identification des documents, extraction des informations pertinentes,
organisation du plan, que nous verrons plus tard), mais aussi une partie
timing.
Je vous soumets mon idée d’un bon timing :
- 2h de lecture et traitement des documents
- 45 minutes de première lecture avec surlignage
- 1h15 de relecture avec prise de notes sur les document
- 30 minutes de création d’un plan + titres
- 2h de rédaction
- 15 minutes pour l’introduction
- 20 minutes par partie (80 minutes totales)
- 5 minutes de relecture
Honnêtement, si vous voulez gagner du temps, je vous déconseille de
reprendre du temps sur les deux premières parties. Vous pourrez toujours écrire
plus vite ; c’est beaucoup plus difficile de se forcer à réfléchir plus vite !
L’entrainement pour internaliser le timing
La note de synthèse est l’incarnation de l’épreuve pratique par
excellence, car aucune connaissance n’est requise pour la réaliser. A la
limite, il faut connaitre certains éléments juridiques dans le cas où des jurisprudences
ou des articles de doctrine font parties des documents inclus, mais ce sont des
connaissances que vous aurez acquis entre la L1 et la L2, donc vous n’aurez pas
à les réviser.
L’avantage est que cela permet de voir clairement quel type d’entrainement
est nécessaire : de la pratique, de la pratique, de la pratique. C’est le
seul moyen de vous donner des repères dans la réalisation de votre méthode, et
éventuellement de la modifier. Ça vous permettra également de ressentir le
passage du temps, à force d’en faire, vous verrez que vous saurez
instinctivement à 10 minutes près où vous en êtes dans votre note de synthèse.
Et ça vous permettra aussi de vous habituer à réaliser les mêmes
choses encore et encore : à force d’écrire des pavés de 4 pages, vous
allez bien finir par aller de plus en plus vite, et être de plus en plus
efficace. Même chose pour la lecture des documents.
Ce qui veut dire quelque chose d'important pour votre préparation : le seul entrainement valable pour une note de synthèse, c'est un exercice complet (de la découverte des documents à la rédaction finale), et chronométré.
On peut réviser les autres épreuves de façon "fractionnée" : réviser le fonds du droit, se faire des plans de commentaire-types, s’entraîner à repérer les questions de droit dans les cas pratiques. Mais la note de synthèse ne présent une difficulté en tant qu'épreuves que du fait de son format pris dans son ensemble.
Donc pas de triche, un entrainement note de synthèse, c'est 5h à votre bureau.
Ces 5 petites choses qui vous feront terminer en retard (ou ne pas terminer du tout) le jour de l’épreuve
Il y a plein de raisons pour lesquelles vous pourriez prendre du
retard dans la réalisation de votre note de synthèse, toutes très variées. Mais
je pense pouvoir en signaler 5 qui sont assez récurrentes, et assez fatales.
Ces éléments vous seront aussi très utiles au moment de vos
entraînements, si jamais vous n’arrivez pas à terminer dans les temps : regardez
la liste, et essayez de voir si vous pouvez retrouver ce qui vous a mis en
retard.
La noyade dans les documents
Symptôme affreux de la bataille contre l’impression de vide causée par
le trop plein d’informations. Vous avez commencé à lire les documents, et le
sujet ne vous parle pas, alors vous tournez en rond, vous avancez, vous
revenez, vous cherchez à comprendre, mais vous n’y arrivez pas. Bref, vous
arrivez à la fin des documents et il y a déjà 2h30 de passées ; c’est la
catastrophe.
Pour ça, je n'ai pas de recettes miracles, à part l'entrainement et la hauteur. L'entrainement, pour ne pas être submergé par la quantité d'informations que vous allez trouver dans le dossier de documents que l'on va vous fournir.
La recherche de LA vérité
Là ce n’est pas vraiment la question de se perdre dans les documents,
mais de chercher, au moment de la mise en forme de vos thématiques et de votre
plan, à concilier à tout prix les documents que l’on vous a soumis, les idées
et les opinions que vous en avez dégagé.
Il y a des cas de note de synthèse où des opinions très fortes seront
opposées : j’avais eu en entrainement par exemple quelque chose sur le
statut et la protection des animaux, qui présentaient des documents d’opinions
très marquées, de trois ordres : des pros droits des animaux, des
« antis » (principalement des éleveurs, qui ne sont pas contre mais
qui avaient peur de l’impact sur leur métier), et des opinions scientifiques
sur le stress animal. Il était rigoureusement impossible de concilier ces
points de vues, qui n’utilisaient pas les mêmes concepts, les mêmes idées et
qui étaient par définition opposés. Mais ce n’était pas le but ! Au
contraire même.
Vous devez être capable de faire émerger de votre note un état des
lieux d’une situation ou d’une thématique ; ce qui s’oppose à une vérité
absolue. Cela peut donc nécessiter de concilier, dans une même partie, des
points vue différents, sans chercher à les juger les uns par rapport aux
autres, ou à mettre un au-dessus de l’autre.
Le risque c’est de se perdre dans les infos qui vous sont données, et de
ne pas prendre du recul par rapport au contenu de chacun des documents ;
et donc de perdre du temps dans des analyses qui de toute façon ne vous
serviront pas au moment de la rédaction.
Le meilleur plan
Le mieux est l’ennemi du bien, et il faudra avoir ça en tête
absolument au moment où vous chercherez à établir un plan pour votre note, et
aussi lorsque vous rédigerez. Vous pourriez avoir envie, absolument, de sortir
le meilleur plan, la meilleure construction du monde. C’est possible, mais n’y
consacrez pas plus de temps que ce que vous vous étiez fixés à l’origine, pour
deux raisons.
D’abord, si vous avez bien fixé votre méthode et votre timing, et que
vous ne le respectez pas, il n’y a pas de raisons que vous finissiez à l’heure,
à moins de bâcler la rédaction de la suite. Du coup, vous allez appauvrir vos
développements au profit d’un plan un peu meilleur, ce qui n’est pas forcément
un gain. Cela dit, ça peut se concevoir si vous avez vraiment besoin de
quelques minutes (pas plus de 5/10) en plus.
Le vrai risque, qui se posera au moment où vous rédigerez, c’est de
changer d’avis à mi-chemin. De trouver, d’un coup, que votre plan est pourri,
ou qu’il pourrait être meilleur, et de décider de repartir du début avec un
nouveau plan.
Ne faites JAMAIS ça. JAMAIS. Pas parce que vous aurez trouvé le
meilleur plan possible dès le début, en fait il est tout à fait possible que le
plan auquel vous penserez pendant la rédaction soit meilleur que le premier que
vous avez établi.
MAIS, vous n’aurez pas le temps de finir votre deuxième jet. 5 heures
c’est déjà très court pour un devoir, alors en réaliser 1 et demi, c’est impossible.
Et il vaut mieux rendre une note moyenne, voire médiocre, complète, plutôt que
la moitié d’une note de meilleure qualité.
Le retour aux documents
Un autre risque au moment de votre rédaction, c’est d’aller replonger
le nez dans les documents, alors que vous avez déjà fait votre plan, et réparti
dans vos parties les documents et les idées. Vous allez me dire que c'est normal de vérifier les documents au moment de la rédaction, puisque c'est là-dessus que vous allez baser votre note. Je vous conseille une approche différente.
Une approche, comme je la raconterai plus en détail dans un prochain article, où vous dissociez totalement la lecture et l'analyse des documents, de la rédaction. Le but est qu'au moment de la rédaction, vous ayez déjà mis vos documents de côté, et que vous ne les consultiez plus du tout au cours de la rédaction.
L'avantage de cette méthode est de ne pas perdre du temps à revoir des documents dans le stress, alors que vous les avez déjà (bien) analysés; et ça permet également de rester concentré sur son plan et le développement de ses idées, plutôt que d'aller re-piocher des choses supplémentaires, au risque d'ailleurs d'oublier un document ou de vous répéter.
L’envol littéraire
Encore une fois, quelque chose qui vous guette au moment de rédiger
(en même temps, il y a peu de risques directs au moment de la lecture des
documents, puisqu’à priori, vous ne touchez rien à ce moment-là.
C’est donc au moment de la rédaction, que vous perdez de vue le but et
l’objet de la note de synthèse : un document clair et concis, qui permet
de réunir des informations en vue d’un travail futur. Pris d’une crampe du
lyrisme, vous mettez des phrases à rallonge, faites des nuances alambiquées,
reformulez à volonté, etc.
Deux problèmes : ça va rallonger votre texte, et ça va vous
prendre énormément de temps. Ah, oui, un troisième problème est que le correcteur sera incapable de retrouver facilement les idées tirées des documents. Donc en gros rien n'ira.
Ici, encore plus qu'ailleurs, gardez un style simple, avec des phrases simples qui mettent en évidence les données et informations des documents
Voici pour la méthode générale de la note de synthèse, ça devrait déjà vous donner de bonnes idées de ce qu'il faut faire ou ne pas faire ! Au prochain article, on attaque du lourd puisqu'on parlera méthode d'extraction des idées à partir des documents.
Alexandre
Très bon article ! Merci
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerMerci beaucoup, article très pratique. Où peut on lire le suivant? C'est tellement bien détaillé :)
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