Dans cet article, je vais vous proposer
une méthode pour appréhender les documents qui vous seront donnés pour
réaliser votre note de synthèse, méthode forcément partiale et perfectible,
puisque c’est la mienne.
Elle consiste en plusieurs étapes
distinctes, avec pour objectif final d’avoir au bout de deux heures d’épreuves,
un brouillon unique sur lequel vous avez toutes les informations extraites des
documents, ainsi que les références des documents, et également les quelques
thématiques et idées fortes de l’ensemble.
Une
première lecture d’ensemble, la fleur au fusil et le fluo aux doigts
Vous avez devant vous une pile de
documents (j’exagère un peu, un petit dossier de documents), et il vous faut en
faire le tour le plus vite possible.
Comme je vous l’ai dit dans l’article
précédent, je vous conseille de commencer par prendre 45 minutes (ou ¾
d’heures, selon votre préférence) pour lire l’intégralité des documents une
première fois, votre surligneur fluo à la main.
Que surligner ? Uniquement ce qui
est important, sinon ça n’a aucun intérêt. Vous jugerez de ce qui est important
en vous basant sur le titre de la note de synthèse et l’ensemble des documents
proposés. Bien sûr, vous avez beaucoup plus de chances de ne pas avoir une
vision claire du sujet sur les premiers documents. Ce n’est pas grave, il faut
bien commencer par un bout, mais tenez en compte dans vos lectures : vous
verrez mieux ce qui est important dans les documents une fois que vous aurez
déjà passé une grosse demi-heure le nez dedans.
Vous cherchez dans cette première
lecture à « épurer » les documents, faire ressortir uniquement les
éléments pertinents et virer tout le texte inutile autour, de façon à aller le
plus vite possible au cours de la deuxième lecture. Vous devez aussi vous
imprégner du ton, des concepts, des idées développées au cours des documents.
Une
seconde lecture avec grille
Une fois que vous avez fait ce premier
travail de lecture, vous avez déjà une bonne idée du sujet de la note, non
seulement du thème, mais également des bornes du sujet (thématiques, et
chronologiques, voire parfois géographiques).
Mais ce n’est pas suffisant, il est
impossible qu’après une seule lecture vous ayez appréhendé l’intégralité des
documents et des idées. Il vous faut donc repartir au début de vos documents et
relire. Mais cette fois-ci laissez tomber votre Stabilo, et prenez une feuille
de brouillon. Sur cette feuille, prise au format paysage (c’est-à-dire plus
large que haute), tracer un tableau à 5 colonnes : numéro du document,
références, type de document, idée(s) principale(s), mots-clefs. Maintenant, il
ne vous reste qu’à relire vos documents en remplissant les colonnes comme
ça :
Numéro du document : ça
parait bête, mais c’est extrêmement important. C’est cette colonne qui
vous servira à vérifier que vous avez bien utilisé tous les documents dans votre, condition sine qua non à
l’obtention d’une bonne note.
Références : la
source et la date du document. La source pour savoir ce qu’est le document, un
article de journal, ou de doctrine, ou un arrêt, ou un site internet (les
sources de la note de synthèse peuvent être très variées).
Type d’informations :
important également, pour garder un certain recul sur les documents et pouvoir
les combiner efficacement. Je pense que l’on peut se limiter à 3 types
d’informations : faits rapportés, opinion ou données « brutes »
(textes juridiques, données chiffrées, etc.). Ainsi, ça vous évitera, au moment
de la rédaction, de prendre pour vérité absolue ce qui n’était en fait que
l’opinion d’un journaliste, ou à l’inverse de ne pas souligner assez des
données chiffrées qui vous sont données.
Idées principales :
noter ici les 2 ou 3 idées ou informations majeures à retirer du document. Il
n’y en aura pas plus que cela en général, visez vraiment les éléments les plus
pertinents. C’est la colonne la plus importante, puisque c’est sur cette
colonne que vous allez bâtir vos parties et vos paragraphes. Il est inutile de
rédiger des phrases complètes à chaque fois, mais soyez très clair dans ce que
vous notez.
Mots-clefs : là, on est déjà
plus forcément dans l’extraction des informations, mais déjà dans la
classification et le regroupement. Vous indiquez des mots clefs, pas plus de 5
max, qui correspondent au contenu du document. Ça vous permettra de regrouper
très facilement ensemble les documents qui parlent de la même chose, et de
pouvoir construire des paragraphes et des parties autour de ces mots-clefs.
Un exemple court, vaguement tiré du
sujet qui avait été posé lorsque j’avais passé moi-même la note de
synthèse :
Numéro du document
|
Références
|
Type d’informations
|
Idées principales
|
Mots-clefs
|
5
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CJUE 13/05/2014
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Faits & données juridiques
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Les moteurs de recherches doivent
éliminer, sur demande, le référencement des articles non pertinents.
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Google, condamnation, droit à l’oubli
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6
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Le Monde 22/05/2014
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Faits
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Google condamné pour
« non-respect du droit à l’oubli » par CEDH. Dirigeant a annoncé
des changements de politique de référencement des articles portant sur des
personnes, en lien avec les gouvernements.
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Google, condamnation, droit à l’oubli,
coopération
|
7
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Communiqué commission européenne
01/06/2014
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Opinion
|
La commission approuve la décision ;
annonce une volonté d’encadrer le droit à l’oubli au plus près, pour qu’il
soit facilement exercé.
|
Droit à l’oubli, volonté politique,
protection des personnes
|
La note de synthèse portait sur le droit
à l’oubli de façon générale, organisé autour d’une décision de la CEDH à propos
du droit à l’oubli, et du référencement d’articles par Google. Je sais donc,
grâce à ce tableau, que Google a été condamné et que ses dirigeants sont prêt à
se conformer à la décision de bonne volonté (de façon certaine, puisque c’est
un fait), et que je peux utiliser cet article dans un paragraphe dédié, soit à
la décision de condamnation elle-même, soit à la valeur du droit à l’oubli,
soit à la coopération entre acteurs privés et publics pour la protection des
personnes.
Une fois tous vos documents recensés
comme ça, vous avez une bonne base de travail : les informations
importantes de chacun des documents, et une bonne vision générale de la
thématique et du sujet en jeu.
Mais alors, pourquoi ne pas commencer par le tableau ?
C’est vrai que si ce tableau est si
efficace que ça pour rassembler et analyser les informations, pourquoi ne pas
commencer directement par le remplir, dès la découverte des documents ?
Tout simplement parce que pour extraire
efficacement les informations importantes, il faut avoir déjà une bonne idée de
leur contenu, et du contenu des autres documents. Les informations importantes se révèlent par rapport au sujet global de
la note de synthèse, et par la combinaison avec les autres documents.
Ce qui veut dire aussi qu’il est tout à
fait possible d’utiliser le même document plusieurs fois dans différentes
parties, parce qu’en combinaison avec d’autres documents, il n’aura pas le même
sens à chaque fois.
Vous
pouvez maintenant jeter les documents
Ne les balancez pas non plus directement
sur le collègue d’à côté, on pourrait jaser. Mais je vous conseille de les
mettre de côté pour la suite de l’épreuve. Vous n’avez matériellement pas le
temps de les reprendre pendant que vous concevrez votre note, peut-être un peu
pour vérifier des détails pendant la rédaction, et encore. Donc il ne sert à
rien de les garder sous les yeux, vous seriez tenté de mettre le nez dedans ;
faites-vous confiance ! Vous avez pris le temps qu’il fallait pour lire et
analyser les documents ; maintenant c’est l’heure de mettre en forme et de
rédiger, rien d’autre.
Je sais que cette méthode peut avoir l’air
un peu brutal, mais vous devez bien comprendre qu’on vous demande de passer de
40 pages à 4 pages d’informations. Il n’est pas possible de le faire sans
enlever, progressivement et couche par couche, de la matière jusqu’à avoir la
substance concentrée des documents.
Et une fois que vous avez cette
substance, il faut maintenant la réarranger dans un plan cohérent, ce que nous
verrons dans un prochain article !
Alexandre
J'ai 2 questions un peu bête peut être: la première, on ne donne pas la même importance aux documents portant sur des faits juridiques, et ceux sur des opinions, je suppose que non même si on doit pour autant en traiter un minimum. Et concernant les docs, n'y a t-il pas le risque (peut être voulu d'ailleurs) que la fatigue intellectuelle des uns et des autres se fassent ressentir au fur et à mesure que l'on traite des documents, et donc que les derniers soient plus ou moins bien traités ? Merci d'avance.
RépondreSupprimerBonjour ! Alors, pour la première question, je ne pense pas qu'il faille donner plus ou moins d'importance selon qu'il s'agisse de faits ou d'opinions. Par contre évidemment il faut les traiter différemment, et bien préciser ce qui relève de l'opinion d'un groupe ou d'un mouvement, et ce qui est un fait acquis. Par contre, il ne faut pas oublier qu'on demande de synthétiser l'ensemble des documents sans donner son opinion, or faire privilégier les faits sur les opinions, c'est déjà un début de biais.
RépondreSupprimerPour ce qui est de la fatigue intellectuelle, les documents doivent être examinés dans les deux premières heures, donc je ne pense que la fatigue puisse jouer tant que ça. Par contre, il est certain que plus vous avancez dans les documents, plus vous avez déjà une idée sur ce qui est important ou pas!
Très bien, merci !
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