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samedi 29 août 2015

Le fond du problème : le contenu de vos cas pratiques (3)


Je vous ai parlé de la mécanique profonde qui doit sous-tendre votre réflexion dans un cas pratique, maintenant on va voir les points importants à respecter lorsque vous rédigez effectivement votre cas pratique.

L’intérêt, et le côté (un peu plus) sympathique du cas pratique est qu’il vous place directement, de façon plus ou moins réaliste (plutôt moins que plus), dans la peau d’un avocat ou au moins d’un juriste qui fait du conseil. Il faut l’avoir en tête, car cela permet d’identifier assez facilement les points sensibles lors de la réalisation de l’épreuve.

Les faits

Première étape du cas pratique, l’analyse des faits. Contrairement à un cas réel, les faits sont souvent limités à ce qui est utile pour le cas, vous n’avez pas à extraire les informations importantes de 200 pages de pièces. Mais il faut quand même les choisir pour la question précise que vous traitez, et les qualifier.

Choisir les faits pertinents

Souvent, les énoncés de cas pratiques sont longs, voire très longs. En général il n’y a pas de faits « parasites », uniquement là pour vous mettre sur des mauvaises pistes, ou en tout cas pour noyer les faits intéressants, mais ça peut arriver. Là, ce sera surtout du feeling et de la tradition selon vos IEJ et vos profs !

Dans tous les cas, vous avez souvent plusieurs questions à traiter sur un seul énoncé. La première étape pour chaque question est de choisir les faits qui, pour la question posée, ont un intérêt. Les relever peut paraître long et répétitif, mais c’est utile pour préciser à votre correcteur sur quels éléments vous allez baser votre réflexion. C’est aussi très utile pour ne pas perdre le cap au moment de la rédaction : vous n’aurez pas à aller repiocher dans le texte de l’énoncé les faits, il suffira de relire le début de votre cas.

Qualifier les faits utilement

Qualifier les faits, cela veut dire leur donner un sens juridique. Je voulais d’abord mettre en titre « Qualifier les faits correctement », mais je me suis rendu compte que ça devait être d’une telle évidence que ça ne servait à rien.

Je pense qu’il faut surtout qualifier les faits utilement, en étant malin par rapport à la question que vous traitez. Les faits peuvent toujours recevoir des caisses de qualifications différentes. Le but est de leur donner la (ou les éventuellement) qualification(s) qui sont utiles pour la suite de votre cas.

Petit point technique : J’estime, pour simplifier, qu’il y a trois manières de qualifier les faits :
  • leur donner un habillage juridique, lorsque l’énoncé du cas ne comporte aucune précision, on vous parle par exemple « d’une maison sur la côte », vous parlerez « d’un bien immobilier » ou « d’un immeuble » 
  • élargir la qualification de l’énoncé, lorsque l’énoncé contient déjà des termes juridiques, mais que la qualification n’est pas correcte pour la suite de votre cas, par exemple si on vous propose une « SARL », mais que la règle que vous souhaitez appliquer est commune à toutes les sociétés commerciales, n’oubliez pas de préciser qu’il s’agit bien « d’une société commerciale »
  • réduire la qualification, lorsqu’il vous faut préciser un terme juridique proposé dans l’énoncé, si on vous parle « d’une convention portant sur le transfert d’une somme d’argent, remboursée sur 12 mensualités assorties d’un taux d’intérêt de 2% », requalifiez directement en « contrat de prêt d’argent »

Encore une fois, ces précautions permettent de bien cadrer votre cas, et de le montrer au correcteur, la précision et l’efficacité étant l’un des enjeux du cas pratique, comme plus tard « dans la vraie vie » on vous demandera d’être précis dans le traitement des dossiers.

La règle de droit

Autre moitié du syllogisme, la règle de droit est sûrement la partie la plus sensible pour vous. Pourtant, c’est techniquement la partie sur laquelle vous avez dû passer 98% de vos révisions. Vous avez sûrement des connaissances assez vastes sur les règles de droit qui vont être évoquées dans les cas pratiques des épreuves, aussi l’essentiel est de la choisir, la préciser et l’appliquer correctement !

Donner une règle applicable

Cela peut paraître idiot, encore une fois, mais il faut que la règle que vous choisissez et que vous posez soit applicable aux faits que vous avez choisis et qualifiés. Mais ça ne l’est pas tant que ça, ça veut dire que votre qualification doit correspondre à la règle que vous citez par la suite, et vice-versa.

C’est ainsi que l’on fait le lien entre la mineure et la majeure du syllogisme, parce cette qualification que l’on tire des faits et que l’on retrouve dans l’énoncé de la règle (en logique, on appelle ça le terme moyen).

Lorsque vous vous relisez, faites donc bien attention qu’il n’y ait pas de décalage entre votre qualification et celle qui est dans la règle de droit !

Discuter les points sensibles…

Toutes les règles de droit ne sont pas claires et applicables directement. La plupart ont besoin d’une phase d’interprétation, et certaines d’une très grosse phase d’interprétation (80% de la responsabilité civile tient sur 3 articles, même sans ne rien connaître au droit on voit bien qu’il doit quand même y avoir une grosse part d’interprétation pour que ça tienne).

C’est là que votre qualité technique trouve à s’employer, ainsi que vos larges connaissances juridiques et votre agilité intellectuelle. Si vous n’avez rien de tout ça, vous avez quand même deux-trois connaissances et une vague idée des différentes interprétations, c’est déjà un début !

Donc n’hésitez pas à aller discuter un peu de l’interprétation ou de l’application de la règle, mais en vous concentrant sur les points sensibles, c’est-à-dire ceux qui sont susceptibles d’influencer la résolution du cas que vous avez entre les mains. Si vous passez une demi-page à discuter un point qui n’a aucun impact sur la solution, c’est du temps perdu, voire du hors-sujet.

A l’inverse, ne présentez pas non plus une règle qui est connue pour laisser de la place à des interprétations différentes comme si ces différences n’existaient pas. Si vous faites du droit ce n’est pas pour reprendre bêtement les sens premiers évidents qui sauteraient aux yeux de n’importe quelle personne qui aurait un code et un stylo.

… mais présenter une règle claire

C’est, je pense, l’un des plus gros risques en cas pratique : aller tellement dans la discussion de la règle de droit que l’on en oublie qu’on essaie de résoudre un problème. Une fois vos discussions d’interprétation faites, il vous faut en choisir une. Pas au hasard, bien sûr, il faut choisir celle qui a le plus de chance d’être appliquée « en vrai ». Si ce n’est pas évident, il est tout à fait possible d’évoquer un risque d’interprétation différente, mais vous ne pouvez pas laisser le correcteur dans le doute vis-à-vis de la règle que vous avez choisi, elle doit apparaître clairement. Tout simplement parce qu’encore une fois, dans le doute, le correcteur part du principe que vous avez tort.

Petit point personnel : J’ai déjà évoqué mon aversion pour ces concepts empreints de fainéantise intellectuelle que sont « l’insécurité juridique » et « le vide juridique ». Je vous interdis formellement d’utiliser ces termes lorsque vous choisissez votre règle de droit. De façon plus large, si vous sortez ça à un client ou un maître de stage, type « Bon, j’ai fait des recherches, et tout ce que je peux dire, bon, c’est que y a insécurité juridique, parce que je sais pas comment ça va se passer, hein, bon… », il a le droit de vous gifler. Le vide juridique n’existe pas car le juge est obligé de trancher tous les litiges, il y a donc toujours, pour chaque cas, une règle de droit qui sera appliquée au besoin. L’insécurité juridique n’est pas pertinente, car dans un litige, l’une des deux parties aura raison à la fin, et il n’est jamais possible d’être certain laquelle, il est donc possible d’évaluer les chances de succès de chacune des parties, dans tous les cas.

La solution

Normalement, c’est l’étape la plus simple, il faut reprendre les faits et la règle et les combiner. Pas de soucis majeur, pour peu qu’on respecte deux points importants.

Une solution logique

Cohérence, cohérence ! Il faut évidemment que la solution telle que vous l’exposez corresponde aux faits que vous avez évoqués et aux règles que vous avez décrites !
Pour vous assurer de rester cohérent, en vous relisant vérifiez bien qu’il n’y a pas de terme, de concept ou d’idée qui n’apparaisse pas auparavant ! L’effet serait désastreux sur le correcteur.

Une solution claire

Même point que pour la règle de droit : l’idée fondamentale du cas pratique est d’arriver à une solution : vous devez la donner, et elle doit être clairement identifiable. Bien sûr si vous avez discuté les règles de droits applicables, et qu’il reste un doute sérieux, il peut (et doit) être reflété dans votre solution. Mais vous devez donner une solution à votre cas, quoiqu’il arrive.

Voilà, ce dernier article conclut la méthode du cas pratique. J’ai donc couvert tout ce qui peut tomber aux écrits, on va pouvoir faire les derniers réglages avant le jour des épreuves, qui arrive à grand pas !

Alexandre
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vendredi 28 août 2015

Méthode du cas pratique : la vérité du syllogisme (2)



L’une des premières choses que l’on a du vous apprendre, ou en tout cas vous évoquer en faculté de droit, soit au moment où l’on vous a parlé de la méthode du cas pratique, soit même avant quand on vous a parlé de la méthode juridique en général, c’est le syllogisme. Cette chose étrange, qui paraît très simple, si simple qu’on se demande pourquoi on l’explique même. Et probablement que la notion même vous est sortie de la tête aussi vite, ou qu’elle est maintenant noyée sous des caisses de conseils, trucs et astuces anecdotiques qui constituent votre méthode du cas pratique.

Alors aujourd’hui, je vais essayer de faire coup double en reprenant un peu ce qu’est le syllogisme, et comment cela doit guider votre méthode du cas pratique. J’en profiterai pour préciser l’intérêt de faire un plan dans un cas pratique.

Qu’est-ce qu’un syllogisme ?

C’est un raisonnement logique à deux propositions (une majeure et une mineure) conduisant à une conclusion qu'Aristote a été le premier à formaliser (merci Wiki).

On pourrait aller assez loin dans l’exposition du syllogisme, mais on atteindrait alors largement le point où discuter de la méthode prendrait tellement de place en soi qu’on basculerait du droit à l’étude de la logique, qui est une matière en soi.

Pour simplifier, il s’agit de faire correspondre entre elles :
  • d’une part une situation particulière (la proposition mineure)
  • d’autre part une règle générale (la proposition majeure)
  • pour en arriver à une conclusion
Il est facile de comprendre pourquoi c'est la méthode logique qui a été préférée dans le cadre de l'application du droit : elle correspond précisément à l'idée de base de la justice telle qu'on la conçoit, des faits, des règles, des solutions.

On pourrait croire qu'il s'agit de la seule méthode logique qui permet de faire du droit, mais ce serait aller trop vite, mais il me faudrait plus de temps pour en parler!

La meilleure méthode du cas pratique (vient d’un cours de maths de 4ème)

Les origines

Comme pas mal de gens qui font du droit, j’ai passé un bac S. Mais, peut être comme un peu moins de gens, j’ai toujours été plutôt bon dans les matières scientifiques, et notamment pas trop mauvais en maths. Et ça, c’est notamment grâce à ma professeure de maths de 4ème et 3ème, qui a passé beaucoup de temps à expliquer une méthode claire et précise pour la résolution des exercices. Une méthode que j’ai intégré et utilisé pour les maths jusqu’au bac, avec succès.

Quel rapport avec le droit ? Eh bien, le syllogisme déjà, qui est, sans qu’elle ne nous l’ai dit clairement, ce que ma professeure nous avait enseigné, et qui est à la base de pas mal de démonstrations, notamment en géométrie.

Dans les deux cas, il faut prendre les éléments d’un énoncé, que l’on va qualifier de façon pertinente, puis leur appliquer des règles pour en tirer des conclusions. Et parfois, récupérer ces conclusions pour recommencer une nouvelle démonstration.

La méthode Prof de Maths

Elle est assez simple à expliquer, puisqu’on peut la résumer en trois étapes :
  • On sait que (mineure)
  • Or (majeure)
  • Donc (conclusion)
Pour prendre un exemple maths niveau collège :
  • Le polygone ABCD a 4 cotés et 4 angles égaux (mineur, particulière)
  • Un polygone qui a 4 cotés égaux et 4 angles égaux est un carré (majeur, générale)
  • Le polygone ABCD est un carré (conclusion)
Ça parait tout bête dit comme ça, mais c’est une méthode prévue pour des collégiens, c’est-à-dire pour être facile à retenir, et facile à appliquer. Dans les exercices de maths, souvent il y a beaucoup de données, et plusieurs étapes jusqu’au résultat final (ça vous semble familier ?). Cette méthode permet de découper en morceau les étapes du raisonnement, sans ne rien oublier et en mettant toujours en évidence les différents éléments de la réflexion.

C’est une très bonne méthode car, en s’y tenant de façon stricte, il est impossible de passer à côté d’éléments de la démonstration. Or, comme en maths au collège/lycée, dans un cas pratique de droit on s’intéresse principalement à l’analyse, aux développements et à la réflexion.

Comment ça se transpose en Droit ?

Pour reprendre les 3 étapes de la méthode :
  • On sait que = Fait(s) qualifié(s)
  • Or = Règle(s) de droit
  • Donc = Conclusion
On n’a pas vraiment révolutionné quoi que ce soit, toujours ! Mais on a quand même réduit la méthode à 3 éléments extrêmement simples, qui partent des faits pour arriver à la conclusion.

Et c’est là qu’est le véritable enjeu du cas pratique : identifier les développements intermédiaires dont vous avez besoin pour arriver à votre réponse finale, et mettre en avant les étapes de votre raisonnement juridique (quels faits avez-vous choisis, comment les avez-vous qualifiés, quelles règles vous avez appliquée, et quelle est la solution en juridique).

Exemple :
  • La convention Z porte sur le transfert de la propriété d'un immeuble contre une somme d'argent. Il s'agit donc d'un contrat de vente immobilière. Il n'a pas fait l'objet de publicité (mineure)
  • Un contrat de vente immobilière n'est pas opposable aux tiers s'il n'a pas fait l'objet de publicité (majeure)
  • La convention Z n'est pas opposable aux tiers (conclusion)
La vraie différence avec les démonstrations mathématiques de base, c’est qu’en droit on peut discuter des règles et des qualifications, alors qu’en mathématiques elles sont de façon générales beaucoup moins discutables (ou en tout cas, on part du principe qu’elles ne sont pas discutées).

Un plan, même en cas pratique, pour séparer et structurer vos syllogismes

J’ai très vite pris le pli en fac, d’abord d’utiliser la même méthode que j’utilisais en mathématiques, parce que j’ai remarqué que ça marchait tout à fait bien, et ensuite de faire des plans pour mes cas pratiques.

C’est quelque chose qui est assez peu présenté en fac dans les cours de méthodo, enfin à mon sens, mais ça me paraît essentiel en pratique. Même si vous faites quelque chose de parfait sur le fond, si ça se présente comme un gros bloc infâme de deux pages, vous n’aurez pas le quart des points.

Alors voici mes quelques conseils :
  • Séparer vos différents blocs de questions : s’il y a un cas pratique sur un contrat, peut être nul, non-exécuté et qui peut donner lieu à indemnisation, faites 3 parties avec des titres « Sur la validité du contrat », « Sur la non-exécution du contrat » et « Sur la possibilité d’indemnisation ». Vous ça vous évitera de tout mélanger, et votre correcteur sera ravi de savoir ce qu’il est en train de lire
  • Dans chaque partie, n'hésitez pas à sous-divisez selon les étapes ou conditions juridiques. Vous faites quelque chose sur la responsabilité civile? Faites 3 sous-divisions "Faute", "Dommage" et "Causalité". Il n'est pas utile de mettre des titres à ces parties, elles sont suffisamment logiques pour être expliquées en une phrase.
  • Séparer les différentes étapes du raisonnement : les 3 étapes dont je vous ai parlé, précisément. Pas de titres pour le coup, mais sautez une ligne entre les étapes. Ça aère, et ça permet d’identifier votre réflexion clairement. Encore une fois, votre correcteur sera plus à l’aise, et surtout, pourra vous donner des points pour certains morceaux, quand bien même les autres seraient faux. Et oui, c’est un peu psychologique : quand on voit deux paragraphes séparés, on a tendance à les juger séparément. Ce qui veut dire prendre des points pour l’identification des faits même si la conclusion est fausse par exemple
  • Dans l'exposition de vos faits et leurs qualifications, ainsi que dans la discussion des règles applicables, faites un paragraphe par idée, sans sauter de ligne. Ce sera plus clair, et en dédiant le dernier paragraphe du bloc à votre "conclusion partielle", vous mettrez en évidence les éléments finaux que vous allez utiliser dans votre raisonnement final.
  • Faites des phrases simples et courtes pour les choses importantes : ne partez pas dans des phrases de 15 lignes quand vous posez les bases de votre raisonnement, elles deviendraient floues, et dans le flou, un correcteur part du principe que vous avez faux.

Un petit twist possible pour mettre du piquant

Je fais un peu de teasing dans les titres, mais c’est quelque chose de purement marginal que je vise ici. Il est possible d’exposer la majeure, la règle de droit, avant de présenter les faits. Mais c’est à doser avec précaution, parce que ça peut vite donner une impression de fouillis, quand passer des faits au droit est une forme plus naturelle.

Cela peut servir surtout quand vous devez examiner des conditions de validité, ou de responsabilité; en ce cas vous poserez d'abord les conditions légales, puis les faits qui permettent des les valider ou non.

Alexandre
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lundi 24 août 2015

Cas pratique : En apprécier la forme, en évaluer les faits (1)



J’ai mis un peu de temps à me lancer sur ces articles portant sur la méthode du cas pratique, pour plusieurs raisons. La principale est qu’il est beaucoup plus difficile d’expliquer et de modéliser un vraie technique de résolution des cas pratiques, la plupart des étudiants estimant qu’il s’agit ni plus ni moins que de répondre aux questions posées à l’aide des indications de fait, et qu’à partir du moment où l’on répond correctement, ça passe.

Faites ça, et vous êtes foutus.

La réponse à la question qui vous est posée a une importance minime

Oui, le cas pratique est une épreuve où, plus que pour le commentaire et évidemment la dissertation, le résultat auquel vous arrivez, la réponse finale a de l’importance. Mais même si c’est PLUS important, ça reste ASSEZ PEU important.

Ce qu’on cherche réellement à tester dans un cas pratique, c’est soit votre capacité à saisir et qualifier les faits que l’on vous soumet pour en tirer une solution justifiée en droit (et non pas juste, ce qui est tout à fait différent), soit la capacité à discuter argumenter sur la base de faits « limites » pour défendre une interprétation ou un point de vue.

Alors, oui, évidemment ça aide si vous apportez la réponse correcte à la question qui vous est posée, et il y a assez peu de chance pour que vous ayez tous les points si vous arrivez à une réponse qui n’est pas la bonne. Mais il ne faut pas se tromper de sens : c’est grâce à une méthode et une réflexion correcte et éprouvée que vous pourrez arriver au bon résultat ; et ce n’est pas parce que vous arrivez à la bonne réponse juridique que cela valide a posteriori l’intégralité de votre réflexion.

Ouvert ou orienté : les deux catégories de cas pratique

Or donc, il n’y a pas la même méthode à appliquer selon les différentes formes de cas pratique, car oui il y a plusieurs sortes de cas pratiques, au moins deux. Il faut savoir les distinguer car les enjeux ne sont pas du tout les mêmes en termes de rédaction et de méthodologie dans les premières minutes de l’examen, c’est-à-dire lorsque vous prenez connaissance des faits.

Qui juris, éternelle question ? (Cas ouvert)

C’est sûrement l’une des choses qui peut le plus surprendre les gens qui ne viennent pas du droit (ils ne me lisent pas de toute manière, mais on ne sait jamais) : dans certains de nos examens, la seule consigne sur le sujet est rédigée en latin (ce qui doit sûrement être illégal d’ailleurs).

Bon, ce n’est pas toujours le cas, mais je regroupe ici tous les cas pratiques où l’on vous demande d’analyser de façon générale et objective des situations, ils sont reconnaissables en général car les questions sont très larges et ne vous demande de prendre le point de vue de l’une ou l’autre des parties en présence.

Objectifs : Faire une analyse complète et exhaustive des situations et enjeux de droit qui découlent des faits qui vous sont exposés. Ici, visez l’exactitude, votre capacité à rendre compte de la réalité juridique du cas vous rapportera des points.

Comment traiter et analyser les faits : De façon précise et objective. Il vous est demandé de donner leurs qualifications exactes aux faits, sans chercher à pousser spécialement dans une direction ou une autre. En cas de situations limites ou de faits pouvant recevoir plusieurs qualifications, il faudra toutes les explorer, et vous devrez traiter les demandes possibles, les moyens de défense et les demandes en réponse possibles, le tout sur le même plan et avec la même profondeur d’analyse.

Donc, lors de la lecture des faits, relevez d’un côté ceux qui sont clairs et qui ne poserons pas de problèmes d’analyse, ils constitueront la base de votre analyse juridique. Relevez d’un autre côté ceux qui peuvent faire l’objet d’une discussion sur leur qualification : c’est ça qui fera le cœur de votre analyse, et là où vous gagnerez des points et ferez la différence. Enfin, dans ce type de cas pratique, il y a rarement des faits « inutiles » : tout a de la valeur car l’objectif est de donner de la valeur à chaque élément.

Il s’agit du format le plus facile, à mon avis, car une fois les faits relevés, il vous sera très facile de caser votre analyse des faits limites, de leur qualification et leur régime.

« Monsieur Martin vient vous consulter » (Cas orienté)

C’est le contraire de l’exemple précédent : souvent dans le cadre d’un demi-scénario extrêmement faible qui ne serait pas dépareillé dans une fiction TF1, il vous est demandé de vous transformer en conseil de l’une des parties décrites dans le cas pratique. En général, la question restera assez vague quand même, car au barreau le niveau est trop élevé pour espérer un guide de résolution façon L1. Mais, on vous donnera quand même le sens de résolution dans lequel vous devrez vous orientez : « Quels sont les moyens pour M. X de se dégager de ses obligations ? », « Quels sont les moyens de défense de Mme. Y ? », « Mlle. Z peut-elle être tenue responsable des dommages causés ? », etc.

Objectif : Lister les différentes options juridiques possibles ouvertes à la « personne » qui vous consulte, en les appuyant avec les faits pertinents que vous qualifierez et discuterez correctement. Vous devrez également en donnant les intérêts, ainsi que les chances de succès et les moyens de défense qui pourront être soulevés en face. Néanmoins, par rapport à l’autre type de cas pratique que je vous ai exposé ci-dessus, vous ne mettrez pas les moyens de défense au même niveau, mais plutôt comme nuances de votre analyse principale.

Comment traiter et analyser les faits : Il peut être utile de résoudre « à l’envers », en partant des points de droit que vous souhaitez soulever, puis en allant piocher les faits qui sont pertinents. C’est risqué, parce qu’il ne faut pas lancer non plus des choses dans le vide que vous ne pourrez pas appuyer par des faits présents. Encore une fois, prenez une bonne distinction entre les faits qui sont clairs et directement utilisables, et ceux qui demanderont discussion. N’oubliez pas non plus de vous appuyer sur les faits pour évaluer les chances de succès de chaque option.

Est-ce une distinction pertinente ?

C’est une question légitime, car à ma connaissance tout le monde n’opère pas forcément cette distinction dans l’abord des cas pratiques. Je vous conseille quand même de distinguer ces types de cas pratiques, au moins pour mettre un peu plus d’enjeu dans votre résolution.

Il est toujours plus facile de résoudre quelque chose lorsqu’on arrive à lui donner du sens, c’est le cerveau humain qui est fait comme ça. En prenant en compte cette distinction, vous pourrez vous rendre plus efficace lorsque vous attaquerez l’épreuve : quand vous entrez dans la peau du « conseil », vous vous mettez dans une certaine perspective, qui est celle qui vous est proposée déjà par le sujet. Vous serez donc nécessairement plus proche de la copie optimale. De la même manière, si on vous pose un cas pratique ouvert, c’est en recherchant l’exhaustivité et l’exactitude avant tout que vous serez dans le vrai.

C’est là que je reviens vers ce que je vous disais au tout début : la réponse finale au cas pratique n’a pas d’importance, en ce sens qu’elle ne suffira pas à obtenir une bonne note. Il vous faut absolument être carré dans l’analyse et la qualification des faits, que vous produirez d’une manière qui aura du sens, car elle correspondra au profil de cas pratique que l’on vous propose.


Alexandre
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vendredi 21 août 2015

Les Codes : s'y exercer, les préparer, les utiliser (2)



Les codes du juriste sont comme les épées du chevalier. En moins classe, moins fondamental, moins violent, moins sexy... Bon, d'accord ce n'est pas tout à fait la même chose.

Les codes du juriste sont comme les clefs à molette du plombier. Peu importe la qualité de l'outil, s'il n'est pas habitué à s'en servir, ils ne lui serviront à rien; pire, ils l'encombreront.

De la même manière, un bon outil doit être préparé et entretenu à l'avance pour être prêt le jour J, pour les codes, cela signifie pour les étudiants en droit de le garnir de post-its et le surligner abondamment, parfois à tort.

Enfin, pendant les épreuves, vous devrez pouvoir vous servir rapidement de vos codes, et à bon escient.

Je n'ai personnellement jamais préparé mes codes Mais pour répondre à certaines questions qui m'ont été posées, j'ai décidé de réfléchir (un peu) à ce qui peut être fait dans le domaine, et de consulter un ami qui a aussi passé (et réussi!) les épreuves et qui prépare ses codes.

S'entraîner avec ses codes

C'est une partie importante pour être bien au point et opérationnel le jour de l'examen : entraînez-vous avec les codes que vous allez utiliser. C'est à dire réellement comme en condition d'examen, et préparés comme pour le jour J (cf. plus bas).

Cela veut dire ne pas recourir à Légifrance, même si ça va beaucoup plus vite, faire les recherches exactement comme en examen et pas se contenter d'un "Je chercherai le détail plus tard", etc.

Pour ceux qui sont en stage ou salarié, cela va être plus simple, puisque vous allez probablement faire de nombreuses recherches avant de passer les épreuves. Essayez, dans la mesure du possible et du raisonnable, d'exploiter au maximum vos codes (avant de faire une recherche en ligne par exemple), pour vous faire les mains et les yeux.

Trois points cruciaux sont à observer : 
  • l'organisation et la présentation des jurisprudences : en général, sous l'article concerné, mais pas toujours. Elles sont parfois regroupées sous un article chapeau. Regardez aussi sous les articles les plus fournis (1382, 1134, etc.) comment elles ont été réparties. En général, il y a une forme de mini-plan, ayez le bien en tête pour vous y retrouvez;
  • l'index : normalement l'index, c'est la partie la plus compréhensible d'un code, c'est le but d'ailleurs : trouver facilement ce que l'on cherche. Sauf que si vous jetez un œil sous "Contrat", vous allez voir qu'il y a un paquet de renvois, et qu'il est facile de mettre 10 minutes à trouver ce que l'on cherche. Utilisez au maximum l'index à l'entraînement, pour le connaître par cœur et savoir où se trouve ce que vous cherchez efficacement;
  • les indications de modification : chez Dalloz, et probablement ailleurs mais je connais moins, les textes ne sont pas dans leur version finale. Les suppressions, ajouts et réformes sont indiquées, en général comme ceci : "à l'issue d'un délai prévu par décret en conseil d'Etat, il n'est plus possible d'invoquer la nullité" [abrogé par loi du 17 juillet 2014]. Dans ce cas précis, il faut donc comprendre que la partie en italique a été supprimée à partir du 17 juillet 2014. Oui, ça paraît assez évident, mais là j'ai pris un exemple simple. Sur des articles abondamment modifiés, cela peut devenir un véritable calvaire pour celui qui n'a pas l’œil exercé.
Voilà la vision de Gwenaël, un ami qui vous veut du bien, et qui a une approche relativement en cohérence avec la mienne, ce qui est rassurant sur la qualité de nos conseils :
PASSER DU TEMPS, BEAUCOUP DE TEMPS AVEC SON CODE ! Oui, toute méthode de préparation du code, tel que le surlignage, ne vous sera d’aucune utilité si vous n’avez pas passé des heures avec votre code à rechercher où se trouvent les jurisprudences, et à plusieurs reprises pour chacune d’elles. Car, par exemple, si vous avez surligné les jurisprudences relatives aux actions récursoires du maître de l’ouvrage au bas de l’article 1792 du code civil, il est peu probable que vous vous souviendrez, le jour de l’examen, qu’elles se situent à cet endroit du code, si vous n’êtes pas revenus de nombreuses fois sur cet article pendant votre préparation.

BEAUCOUP DE TEMPS MAIS PAS TROP NON PLUS ! Le code ne fait pas tout, loin de là, et la bonne utilisation des codes ne jouera qu’à la marge pour réussir le CRFPA. Mais c’est parfois ce petit plus qui permettra de faire la différence. En tout état de cause, ce n’est qu’un tout petit aspect de la préparation donc ne prenez pas tout votre été à surligner les codes, vous passeriez nécessairement à côté d’autres éléments importants dans votre préparation. 

Surligner et post-iter, pourquoi, comment?

Je trouve les codes farcis de post-it et coloriés au stabilo assez poétiques, ça représente assez bien la tension, le stress et l'inquiétude qui président la préparation de l'examen. Maintenant, comme je l'ai dit plus haut, je n'ai personnellement jamais préparé mes codes. Je n'en ai jamais vraiment ressenti le besoin, et à cause de ma maniaquerie sur certaines choses, je pense que je les aurai rendus totalement illisibles. Et puis je n'aime pas écrire sur les livres de façon générale.

Je laisse donc ici encore mon ami Gwenaël, qui a accepté de rédiger un texte sur le sujet, parler :
Certains IEJ autorisent le post-itage des codes, d’autres non, tous permettent (sauf erreur de ma part) le surlignage. Le post-itage, s’il est autorisé, ne me semble guère constituer une véritable valeur ajoutée, tant il est facile de se perdre dans ses propres post-it, et donc de perdre du temps. Si certains utilisent cette méthode, je préconiserais de se contenter de post-iter les grandes séparations, utiles pour l’épreuve, du code. Par exemple, pour le droit des obligations, principalement un post-it à l’article 1101 du code civil, 1108, 1126, 1131, etc. Le post-itage ne vous épargnera pas le fait que vous devrez connaître parfaitement la structure du code, et grosso modo à quel endroit se situe quel article.

La plus grande valeur ajoutée que l’on peut apporter à son code reste, à mon sens, le surlignage. Mais là encore, il s’agit de surligner intelligemment. La méthode la plus intéressante consiste à utiliser un code couleur. Il y a différentes alternatives possibles, par exemple vert pour un arrêt historique (Arrêt Canal de Craponne), jaune pour une jurisprudence importante (des arrêts qui fixent des principes, par exemple un arrêt qui expose le principe de la responsabilité précontractuelle), rose pour un revirement de jurisprudence récent (arrêt du 25 juin 2014 sur le décès du pollicitant par exemple), bleu pour une jurisprudence à l’interprétation délicate (par exemple l’arrêt de la chambre commerciale de la cour de cassation du 29 juin 2010).

On peut penser à d’autres catégories mais il faut garder en tête que les couleurs différentes doivent avoir un véritable objectif d’efficacité derrière, sinon autant tout surligner de la même couleur. Par exemple, de savoir qu’il s’agit d’un revirement de jurisprudence permettra de vous remémorer qu’il y a eu d’autres positions jurisprudentielles avant, ce qui est fondamental pour une dissertation ou un commentaire (moins pour un cas pratique). Isoler les arrêts historiques en utilisant une couleur différente vous permet de les retrouver plus facilement.

Il est également intéressant de surligner les passages de lois ou textes réglementaires pertinents qui pourront servir pour l’une des épreuves. Par exemple, il peut être pertinent de repérer que quelques articles du code de la consommation relatifs aux clauses abusives, sont placés dans l’article 1135 du code civil. Si le sujet porte sur les clauses abusives, il sera certainement apprécié, voire exigé, que vous puissiez citer le code de la consommation pour répondre à la question ou commenter un arrêt sur cette question. Le travail en amont consiste donc à surligner les quelques passages véritablement pertinents de la loi ou du règlement afin de gagner le maximum de temps possible.

NE PAS TOUT SURLIGNER ! Oui il faut absolument éviter de vouloir surligner le moindre petit arrêt d’espèce qui aurait été mentionné dans tel ou tel livre. Le correcteur ne vous tiendra pas nécessairement rigueur du fait de ne pas avoir vu un arrêt d’espèce qui colle à la solution du cas pratique si vous avez su élaborer un bon raisonnement juridique à partir de l’arrêt de principe. En revanche, si vous ne mentionnez pas l’arrêt de principe, il y a de fortes chances pour que la correction soit plus sévère. Ainsi, en se contentant de surligner les arrêts véritablement importants vous éviterez beaucoup plus facilement cet écueil puisque l’arrêt de principe vous sautera aux yeux. 

Utiliser ses codes pendant les examens

J'ai une règle personnelle, qui vaut ce qu'elle vaut : ne jamais ouvrir mes codes pendant les 30 premières minutes d'un examen.

Le vrai risque lorsque l'on a accès à ses codes chéris, c'est de se jeter dedans, de s'y perdre et d'oublier de réfléchir. Un code doit être un support, une assistance pour ne rien oublier et vérifier ses connaissances, ou préciser certains points. Il y a une raison pour laquelle en faculté on n'apprend pas le droit en lisant le code : c'est impossible, car les textes seuls, même avec quelques notes de JP, ne suffisent pas pour comprendre le droit.

Si vous tombez sur quelque chose que vous ne connaissez pas, mais alors vraiment pas, ça peut arriver, ne comptez pas sur le fait de pouvoir le comprendre rien qu'en regardant les textes concernés par le sujet. Prenez plutôt du temps pour essayer de réfléchir avec vos connaissances, d'essayer de voir les problématiques posées, et ensuite d'aller voir les textes applicables dans le code.

Et s'il vous plaît, n'allez pas à la pêche à la jurisprudence dans votre code, juste pour appuyer l'application d'un article qui est transparent, ou d'une interprétation largement partagée. C'est dangereux, et un peu article. Pour reprendre un exemple sur la formation du contrat (je prends toujours cet exemple car je sais que vous allez tous devoir bosser dessus, et que je le maîtrise à peu près) : imaginons que vous avez parlé de la nullité pour violence, en précisant que la violence économique n'était pas reconnue en droit français. Il y a des jurisprudences dans le code à l'appui de cette affirmation, mais elles sont parfaitement inutiles, parce que personne ne doute de ça, et qu'allant piocher au hasard une JP vous risquez de vous emmêler les pinceaux.

Maintenant, les notes de JP peuvent être très utiles si vous ne vous rappelez qu'à moitié d'un arrêt important, pour retrouver l'intégralité des références de cet arrêt. Par exemple, je ne me rappelle jamais de la référence de l'arrêt des chasseurs (sur la responsabilité multiple quand on ne connait pas le lien de causalité précis entre une cause et un préjudice), mais je sais qu'il est dans le code et que je peux en retrouver les références facilement. Je n'ai pas de soucis à le citer, parce que j'en connais très bien le contenu !

J'espère qu'avec tout ça, vous serez prêts à utiliser vos codes le mieux possible : au bon moment, et de la bonne manière !

Alexandre
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mardi 18 août 2015

Codes & Lois (pour les écrits) : Lesquels acheter ? Comment les choisir ? (1)



Comme l'outil ne fait pas l'ouvrier, le code ne fait pas le juriste. Mais un bon ouvrier a de bons outils, et un bon juriste a de bons codes ! Donc aujourd'hui, je vous fais un petit rappel sur les codes, lesquels acheter, et comment les acheter. Demain, je ferai un article sur comment bosser avec, s'y habituer et les préparer pour le jour de l'examen.

Quel(s) code(s)?

Ce qui est autorisé

Retournons jeter un œil sur les textes officiels, et l'article 11 de l'arrêté du 11 septembre 2003 (ils ont vraiment tout prévu dans cet arrêté !).

Donc, vous avez le droit aux codes annotés, mais pas commentés. Annotés ça veut dire avec des notes de jurisprudence, ce que vous connaissez déjà. La plupart des IEJ proposent une liste précise des codes et recueils autorisés; je ne vais pas vous référencer les listes de chacun des IEJ, je me tuerai à la tâche (ou presque).

Enfin, et je le rappelle même si c'est une évidence, les codes "pros", c'est-à-dire ceux qui ne sont pas des véritables codes, mais des compilations commentés de morceaux de codes, sont à proscrire, par exemple le Code des sociétés de Dalloz, ce qui est dommage parce que ça serait drôlement facile.

ATTENTION : CERTAINS IEJ PEUVENT LIMITER CE QUI EST AUTORISE, NOTAMMENT EN CE QUI CONCERNE LES PARTIES "SUPPLEMENTAIRES" LIEES A LA REFORME DU DROIT DES CONTRATS; RENSEIGNEZ-VOUS BIEN!

Ce qu'il faudra emmener

Là, évidemment, ça dépend de la matière que vous allez passer. N'emmenez pas tous les codes que vous avez sous la main, à part prendre de la place et vous embrouiller, ils ne serviront à rien. Je vous recommande aussi d'écarter les codes qui ne contiennent qu'un ou deux articles pertinents pour la matière, vous pouvez tout à fait vous rappelez de ces articles par cœur.

Je prends l'exemple du droit commercial, parce que je le connais : 
  • Code de commerce : oui, évidemment
  • Code civil : oui, pas mal de dispositions de droit des sociétés y sont, et des choses assez majeures
  • Code monétaire et financier : plutôt non, la partie du programme qui se retrouve dedans est assez faible
C'est mon opinion personnelle, mais je la trouve suffisamment solide pour la partager. Donc n'emmenez que ce qui vous sera vraiment utile, et pensez-y avant, pas le matin même !

Quelle marque?

Une question qui se résume globalement à "Dalloz ou Lexis Nexis (Litec)?" ou plus clairement "Rouge ou bleu?"

Une réponse qui se résume globalement à : comme vous le sentez. Vraiment, je ne pense pas qu'il y ait d'énormes différences d'un code à l'autre, au niveau qualité. Par contre, au niveau présentation, il y a quelques différences, et vous être sûrement plus habitué à l'une qu'à l'autre. C'est encore plus vrai si vous avez fait des stages ou eu des emplois juridiques, car vous avez sûrement eu le nez dedans pendant assez longtemps. A titre personnel, je sais que les deux ou trois codes que j'utilisais tous les jours, je les ouvre à l'article que je veux du premier coup et je sais où trouvez très rapidement les jurisprudences que je cherche. Et c'est probablement le cas pour chacun d'entre vous avec les codes qui concernent sa matière.

Certains amis m'ont dit qu'il pouvait être stratégique de prendre les mêmes codes que ceux qui sont utilisés pour la correction, ce qu'on peut parfois savoir selon les universités, par usages ou bruits de couloir. Je pense sincèrement que c'est moins important que d'être vraiment à l'aise avec son code.

Dans la mesure du possible, prenez les codes que vous avez toujours utilisés, et qui vous sont familiers, car il n'y a pas de différence réelle de qualité entre les éditeurs.

Il y a aussi quelques petits éditeurs dont je serais incapable de vous donner le nom. Leurs codes sont sûrement de bonne qualité, et loin de moi l'idée de les discréditer, mais dans la mesure où le marché doit se décomposer (selon mes chiffres purement arbitraires) en quelque chose comme 60% Dalloz, 39% Litec et 1% autres, je vous propose plutôt de rester sur les chemins les plus empruntés.

Quelle date de fraîcheur?

Les codes sont réédités chaque année, ce qui veut dire qu'un code est globalement plus à jour à peu près 3 mois après sa sortie. En Allemagne, par exemple, il est possible d'acheter un code (en fait une compilation de codes) sous forme de classeur, et de recevoir les ajouts et modifications sous formes de feuillets à remplacer à chaque réforme de l'année de validité du code.

En France ce n'est pas le cas, en tout cas pas à ma connaissance, donc de toute façon votre code au moment de l'examen sera techniquement obsolète. Mais quelle est la date maxi que l'on peut tolérer pour son code?

De façon générale, je pense que 2 ans avant la dernière édition disponible est le maximum que l'on puisse s’autoriser sans stress. Par exemple, les codes courants (Civil, Pénal, Procédures, etc.) seront réédités à la rentrée, en version 2017, donc je déconseille d'y aller avec quelque chose de plus vieux que 2015. Mais, si vous prenez des codes plus anciens, pensez à vous renseigner deux fois plus sur les réformes qui ont eu lieu depuis l'édition de votre code.

Bien sûr, le plus récent, le mieux c'est. Et il est possible que vos codes vous resservent assez vite, donc le barreau peut être la bonne occasion pour refournir votre étagère pour les 2 ans à venir.

Prenez des codes les plus récents possibles, et s'ils ne sont pas de l'année, faites bien attention quand vous les consultez à vous rappeler des dernières réformes sur le sujet. Le mieux étant, et j'y reviendrai dans un autre article, de surligner ou post-it-er les textes qui ne sont plus à jour dans votre code.

ATTENTION : REFORME DU DROIT DES CONTRATS (vous le saviez, j'espère). UN NOUVEAU CODE CIVIL SERA DONC NECESSAIRE, MEME SI TECHNIQUEMENT VOS EPREUVES DEVRAIENT PORTER SUR LE DROIT APPLICABLE A LA DATE DE L'EXAMEN, DONC PAS SUR LA REFORME.

NEANMOINS, VOUS DEVREZ BIEN FINIR PAR L'ACHETER, DONC PROFITEZ-EN !

Quel prix?

"Là encore, on reste dans du classique, la peau du fion" Léodagan - Kaamelott 3x85 "Le mangonneau".

Les codes, c'est cher, et vu que la concurrence sur le marché est extrêmement faible, les prix montent. Et plus le code est spécialisé, plus ça va coûter cher (le CGI, c'est 100 balles, quoi qu'il arrive).

Heureusement, certains éditeurs (principalement Dalloz, en tout cas je ne connais pas assez les autres pour en parler) ont commencé à sortir des versions "cheap" de leurs codes. Ces codes "Editions limités" ont des couvertures en carton, pas de petites ficelles pour marquer les pages, mais le reste est identique, et pour 30€ au lieu d'une soixantaine. Le contenu est le même, ne serait-ce que parce que changer le contenu leur aurait coûté de l'argent, ce qui est l'inverse du principe du low-cost.

A peu près tous les codes de base sont concernés, ce qui est une idée à saluer vivement ! Le site internet de Dalloz le recommande pour "Les étudiants en première année", mais globalement je ne pense pas qu'on soit spécialement plus riche en M2 qu'en L1...

Petit aparté : je me suis demandé pourquoi ces versions étaient appelées "Edition limitée", alors que ce n'est pas du tout le principe d'une édition limitée. Et puis après j'ai compris, lorsqu'ils sont arrivés dans l'entreprise où je travaillais, que ça permettait aux grosses boîtes et grands cabinets d'avocats de pas avoir l'air trop nul de passer à des versions moins bas de gamme; et éventuellement de pas se présenter devant un client avec un code marqué "MOITIE MOINS CHER!" dessus. Être et paraître...

Je vous recommande donc ces versions moins chères des codes de base, dans la mesure où elles sont disponibles.

Où les trouver?

Si vous n'avez pas encore vos codes (ce qui n'est pas gênant, il reste encore du temps), il va vous falloir vous en procurez. Et là, ça va dépendre énormément de votre situation géographique.

A l'achat

Neuf

Les codes sont des livres (si, je vous jure!), donc peu importe l'endroit où vous les achèterez si vous les prenez neufs, ce sera le même prix.

En boutique, vous les trouverez dans toutes les libraires juridiques, mais aussi tout simplement dans la plupart des FNAC, ou autres magasins "culturels" généraux.

Enfin, vous pouvez vous tourner vers internet, soit par le site des éditeurs, soit par les sites que vous utilisez d'habitude. Faites quand même très attention aux délais de livraison, surtout sur des petits sites indépendants; ne vous rajoutez pas le stress d'attendre vos codes en ne sachant pas s'ils vont arriver.

D'occasion

Cela peut être une bonne solution, car comme une voiture, un code perd 50% de sa valeur à partir du moment où on l'ouvre. Récupérer des codes d'occasion de l'année précédente peut être un bon deal, tout en ayant des codes relativement à jour.

Le marché de l'occasion est assez simple : pour qu'il soit intéressant, il faut du volume. Ceux qui sont à Paris (ou proches) iront volontiers chez Gibert à Saint Michel, pour acheter des codes probablement aux alentours de 75% du prix dans un état relativement correct. Ce n'est pas dingue, mais vous les aurez directement à la main, et ils auront probablement plus de stocks qu'ailleurs; mais tout ça, a priori, vous le pratiquez déjà depuis longtemps.

Les autres, malheureusement je n'ai pas la carte des librairies d'occasion sous la main. Reste internet, bien sûr, mais encore une fois, attention à deux choses : l'état du code (s'il est déjà recouvert de post-it, que l'on ne peut pas enlever sans arracher les pages, et surligné jusqu'à la moelle, ça sera désagréable), et les délais de livraison, surtout lorsque vous achetez à des particuliers.

Vous avez probablement déjà vos habitudes pour l'achat de code, ce n'est pas la peine d'en changer. Faites quand même attention, dans le cas où vous les commandez en ligne, aux délais de livraison.

En prêt

En effet il y a deux types de prêts : les gratuits, et les autres. Les autres sont des prêts en échange d'argent, et c'est assez peu répandu, en France, pour les codes et autres ouvrages juridiques. De tête, je pense que les seuls qui font ça sont en fait les bibliothèques, universitaires ou autres. Dans le cas des bibliothèques universitaires, si vous souhaitez emprunter un code, allez  suffisamment tôt. Vous ne serez pas les seuls à en vouloir, et il y a peu de chance qu'il y ait plus d'une demi-douzaine d'exemplaires du même code disponible dans votre université. Pour les autres bibliothèques, même recommandation quand même. Les lois statistiques nous disent quelque chose de très simple : dans la plupart des cas, si vous avez une idée, une douzaine d'autres personnes ont eu la même.

Pour les prêts gratuits, vous pouvez essayer chez deux principaux fournisseurs : vos amis, et vos stages/emplois. Il est tout à fait possible que si vous êtes en stage dans un cabinet ou un service juridique, vous puissiez emprunter les codes que vous souhaitez pour les épreuves, tant que vous le demandez en avance. Et si vous n'avez pas été trop insupportable durant vos années de fac, vos camarades qui ne passent pas le barreau seront sûrement prêts à vous laisser leurs codes pour quelques jours.


Alexandre

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samedi 15 août 2015

Droit des obligations et procédure : la double lame



J'ai passé en revue pas mal de méthodes pour les examens, mais c'est vrai que je ne vous ai pas encore parlé de l'épreuve d'obligations et procédure. Pas du point de vue des types d'examen qu'on pourra vous proposer, parce que ce sera toujours le triptyque commentaire-cas pratique-dissertation, mais sur comment gérer le fait qu'en pratique, il s'agit de deux examens que l'on vous fait passer coup sur coup.

Qu'attend-t-on de vous?

Il est idiot de ne pas aborder un examen en ayant exactement en tête ce qui va être évalué dans votre travail. Dans le cas de cette épreuve, c'est votre "raisonnement juridique" (toujours selon l'arrêté du 11 septembre 2003 que je vous ressors tous les deux jours).

En soi, pour tester votre raisonnement juridique, on pourrait vous proposer n'importe quel domaine du droit. Si l'on choisit droit des obligations et une procédure, c'est parce qu'il s'agit de matières absolument fondamentales. Le droit des obligations se retrouve dans toutes les branches du droit (à plus ou moins forte dose), et un futur avocat se doit d'au moins maîtriser une des trois formes de procédure. On pourrait discuter longtemps à savoir si les procédures devant le tribunal de commerce ou de prud'homme peuvent constituer des procédures à part entière, mais elles sont quand même étroitement liées au fond du droit dans les deux cas, on glisserait déjà vers les matières elles-mêmes. Par contre les "procédures collectives" ne seront jamais des matières de procédures, ça n'a rien à voir avec le potage du jour, mais quand j'entends le contraire ça m'énerve.

Raisonnement juridique, donc. Il serait tout à fait possible de faire passer cette épreuve en donnant droit à tous les documents possibles, mais ce n'est pas vraiment la culture française sur les examens, et ça demanderait aux examinateurs de passer plus de temps sur les sujets. En attendant, il vous faut réviser le droit pour ces épreuves, et pas qu'un peu car les matières peuvent être assez conséquentes.

Mais le connaître le droit ne vous suffira pas, il faudra le comprendre. Car il est impossible de faire du raisonnement juridique si vous ne connaissez que les solutions par cœur sans savoir les analyser, les comprendre et les discuter. Donc n'hésitez pas à lire un peu plus de doctrine que d'habitude sur ces matières, surtout qu'elles sont anciennes et assez stables dans leurs enjeux (la procédure pénale a tendance à changer plus vite ces derniers temps quand même).

Pas une grosse épreuve mais deux petites

C'est comme ça qu'il faut voir l'épreuve de raisonnement juridique, deux épreuves pour lesquels on vous donne un temps de travail commun. Cette différence dans l'état d'esprit n'est pas anecdotique, au contraire elle peut faire la différence entre la réussite et l'échec. Deux points sont à aborder sur le sujet : la gestion du temps, et la gestion de votre concentration.

Timing : 50/50 ou 60/40 ?

C'est une question épineuse que la gestion du temps pour l'épreuve de raisonnement juridique, comment répartir efficacement le temps entre les deux devoirs? Plusieurs conceptions existent :
  • 2h30 pour chaque épreuve, simple et clair, vous serez assuré de donner le même temps à chaque devoir, mais la plupart du temps vous n'êtes pas aussi à l'aise sur chaque matière;
  • 3h/2h, en passant plus de temps sur la partie sur laquelle vous êtes la moins à l'aise, pour essayer d'obtenir des notes à peu près équilibrée, et en comptant sur le fait que vous serez plus à l'aise dans l'un des exercices, et donc que vous irez plus vite. Attention quand même, être meilleur ne signifie pas forcément être plus rapide, et vous pouvez être surpris par le sujet le jour de l'examen;
  • 2h/3h, en passant plus de temps sur la partie sur laquelle vous êtes la plus à l'aise, aussi connue sous le nom de "Je torche la procédure et je me concentre sur l'oblig" (ou l'inverse). La stratégie ici est claire : abandonner une matière sur laquelle vous pensez ne pas récupérer énormément de points, pour tout miser sur votre matière forte. Attention au gros risque de planter la matière que vous pensiez fort, et aussi au fait qu'il beaucoup plus facile de passer de 6 à 10 que de 10 à 14;
  • 2h/2h et 1h de complément, ce qui implique, durant la dernière heure, de revenir sur vos deux devoirs pour les terminer en attribuant le temps restant selon le besoin. Quasi-impossible s'il y a un commentaire ou une dissertation dans le lot, et assez dangereux car il implique, à la fin, de beaucoup aller et venir entre vos copies, ce que je déconseille plus bas. En gros, je n'y crois pas vraiment.
Certains d'entre vous préféreront aussi se décider sur leur timing en fonction du format de l'épreuve : c'est vrai qu'il est beaucoup moins gênant de s'arrêter au milieu d'un cas pratique que d'un commentaire ou d'une dissertation, ou même simplement dans un cas pratique de passer rapidement sur certains points, sans déstabiliser l'intégralité du devoir.

Dans tous les cas, je vous conseille fortement de vous donner des règles de timing AVANT les examens. Sur le moment, avec le stress et le doute, vous prendrez de mauvaises décisions, voire vous passerez 15 minutes à réfléchir à comment mieux utiliser votre temps... Ou, pire du pire, vous ne garderez pas assez de temps et foutrez en l'air un des deux devoirs.

Toujours une épreuve après l'autre

Dans le monde du sport (c'est une obsession, oui), la phrase la plus stupide que l'on entend le plus souvent est "Il faut prendre les matchs les uns après les autres", comme si à l'inverse il était possible de jouer deux matchs en même temps. 

Mais durant l'épreuve de raisonnement juridique, c'est exactement ce qui est possible! Et ce serait une catastrophe. Quelle que soit la répartition que vous avez choisie, je vous conseille fortement de vous y tenir, et surtout de passer franchement d'une matière à l'autre.

Si vous commencez par la procédure, une fois que le temps que vous vous êtes imparti est terminé (et pas une fois que vous avez fini votre devoir, nuance), posez votre stylo, mettez le premier sujet de côté, et passez au suivant. Ça peut être assez difficile sur le coup, mais ayez bien en tête que c'est votre seul moyen de rendre deux copies de qualité à peu près égales.

N'essayez pas non plus de faire les deux épreuves en même temps, ou de passer de l'une à l'autre plusieurs fois au cours de l'épreuve : le cerveau humain a ses limites en termes de réflexion, si vous pensez à deux examens en même temps, vous n'en réussirez aucun des deux.

Ayez de la discipline et soyez votre propre horloge : séparez bien la résolution des deux épreuves, et ne soyez pas tentés de mélanger les deux exercices, vous ne réussiriez qu'à vous perdre.

Conclusion : pas une épreuve pour gagner des points

C'est triste mais c'est comme ça : la double épreuve de raisonnement juridique n'est pas une épreuve qui vous permettra de gagner des points, pour des raisons mathématiques déjà (1 point en plus sur un cas pratique d'obligation rapportera 1 point, 1 point en plus sur l'épreuve de spécialité en rapportera 2), de déroulement de l'épreuve, car ce n'est pas sur une épreuve aussi exigeante en timing que vous ferez des éclats (a priori), et des matières qui sont assez denses et exigeantes, donc peu accessible à l'exploit.

Prenez cette épreuve comme ce qu'elle est : un test de votre capacité à réfléchir rapidement sur le droit, dans lequel vous devez assurer une note moyenne, pour ne pas pénaliser le reste de vos résultats, et c'est pour ça que je vous conseille surtout d'être vigilant et d'aller au plus simple et sécurisé.

Alexandre
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vendredi 14 août 2015

Bosser sa routine comme un sportif pour un succès sans surprise!


Dans cet article je ne vais pas vous parler dans le détail d’une épreuve en particulier, mais plutôt d’une méthode générale pour préparer les examens, en m’attardant sur quelque chose d’assez fondamentale, en m’appuyant sur les exemples des sports de haut niveau : la routine.

Pas la routine triste métro-boulot-Dalloz, mais routine dans le sens d’habitude de travail et d’internalisation des méthodes pour réaliser certaines tâches.

Les propos suivant sont donc applicables à toutes les épreuves qui vont vous être proposées au cours de vos semaines d’examen d’entrée au CRFPA.

Pourquoi une bonne routine est essentielle

La routine a cette capacité essentielle de pouvoir donner un repère, un élément fixe, dans un environnement où l’essentiel de ce qu’il va se passer est aléatoire, puisque vous ne pouvez pas savoir sur quoi vont porter les épreuves.

Elle permet également de maîtriser une grande partie de ce que vous allez faire pendant les épreuves ; pour ceux d’entre vous qui aiment maîtriser tout ce qu’ils font, le plus souvent pour se rassurer, elle permet d’enlever une grande part de l’appréhension et du stress d’avant-épreuve.

Une bonne routine permet aussi de beaucoup mieux maîtriser son temps. Si vous avez totalement intégré vos gestes et méthodes, vous savez exactement combien de temps ils vous prennent, vous pourrez donc être beaucoup plus serein dans la gestion du temps au cours des épreuves, qui peut être fatale.

Enfin, une bonne routine permet de bien intégrer les méthodes propres à chaque examen. La routine est l’application minutieuse, systématique et quasi-automatique des méthodes de rédaction qui sont nécessaires pour passer les examens. Ainsi, une fois votre routine maîtrisée et assimilée, vous n’aurez plus à vous soucier d’avoir fait une erreur d’analyse ou un hors-sujet, tant que vous avez également les connaissances de fonds nécessaires, bien entendu.

C’est pour toutes ces raisons qu’avoir une bonne routine d’examen n’est pas seulement utile, mais essentielle, car il n’est pas concevable d’arriver aux jours de l’examen en imaginant que vos révisions seules suffiront. Etre bon sur le fond du droit est essentiel, mais n’imaginez pas que cela suffira.

Les maîtres de la routine : Wilkinson, Nadal et Juninho

J’ai dit donc que je vous parlerai sport de haut niveau. J’ai choisi 3 exemples de sportifs, les meilleurs dans leurs domaines, pour lesquels on peut facilement identifier une « routine », c’est-à-dire une manière spécifique, personnelle et systématique de préparer et réaliser un geste technique. Ces 3 sportifs, Sir Johnny Wilkinson (rugby), Rafael Nadal (tennis) et Juninho (football),  ont tous en commun une gestuelle particulière dont ils ne dérogent jamais. Et chacun possède une facette particulière que je vous conseille de vous approprier.

L'application et le tempo de Sir Johnny

Johnny Wilkinson est l'un des plus grands rugbymans anglais (et du monde) de tous les temps. C'est aussi l'un des meilleurs buteurs de pénalités et de transformations qui ait jamais joué. Regardez cette vidéo où on le voit se préparer à tirer (et réussir), à partie de 00:38 :



Deux choses sont à retenir. Tout d'abord, l'application mise dans la préparation. Sur la vidéo, le coup de pied tenté est assez difficile. Mais il faut savoir que même pour un coup de pied très simple, il répète exactement la même préparation. Il a compris qu'une bonne routine, c'est une routine que l'on applique systématiquement, sans se poser de question, et sans déroger parce que sur le coup "ça a l'air facile".

Seconde chose : le tempo. Du moment où il pose le ballon, jusqu'au moment où il frappe, il y a à peu près 35 secondes. Et sur tous les coups de pieds qu'il a tapés, je pense qu'on doit retrouver à une ou deux secondes près la même durée. Or il faut savoir que le temps pour se préparer en rugby est limité. Grâce à routine et sa méthode parfaitement connue et maîtrisée, il sait exactement combien de temps le coup de pied va lui prendre, et donc qu'il ne sera pas en retard. C'est familier comme idée?

Pour vous : Vous aussi construisez-vous une routine que vous appliquerez même si le sujet a l'air facile. Surtout si le sujet a l'air facile. Il n'y a rien de pire (j'exagère un peu), que de tomber sur un sujet que l'on connait très bien, parce que l'on va avoir tendance à sauter des étapes, et donc à se planter. Alors qu'appliquer une bonne méthode correctement sur un sujet que vous connaissez, c'est un coup à claquer un 15 sans forcer!

De la même manière, assurez-vous que votre routine tient bien dans le temps imparti pour les examens. Comme ça, vous serez sûrs d'être à l'air, tant et si bien que vous n'aurez même pas besoin de consulter votre montre : vous saurez instinctivement l'heure qu'il est à l'endroit où vous serez dans votre copie.

Le calme et l’adaptabilité d'Antônio Augusto Ribeiro Reis Jr.

Dit Juninho, parce qu'au Brésil, les mecs déconnent pas quand ils donnent un nom à leur gamin. Ce footballeur, pour ceux qui ne le connaissent pas, était notamment extrêmement doué pour les coups francs, les coups de pieds arrêtés face au but, avec des joueurs adverses devant. Regardez cette petite compilation avant que je vous en parle en détail :



Ce qu'il y a à retenir, c'est d'abord le calme avec lequel le joueur aborde l'exercice. Dans un match de football, les joueurs courent partout, donc sont dans un état d'excitation physique et psychique fort. Mais au moment du coup franc, en quelques secondes, il retrouve un calme et une sérénité suffisant pour réussir son coup de pied. 

La seconde chose impressionnante chez lui, c'est la régularité qu'il a dans la réussite, alors même que la disposition du ballon, des adversaires et du gardien sont toujours différentes. Le coup de pied en lui-même est rarement différent : toujours plus ou moins enroulé et plongeant. Mais avec juste ce qu'il faut d'adaptation à la marge pour faire mouche. A la différence de l'exemple Wilkinson, qui répétait les mêmes coups de pieds inlassablement, ici il s'agit d'adapter son geste à la marge pour le faire correspondre au résultat.

Pour vous : De la même manière, lorsque vous arrivez devant votre feuille d'examen, inspirez, expirez, et concentrez-vous sur ce que vous avez à faire, en laissant le stress des révisions passées et des épreuves à venir à la porte. Comme Juninho, sachez vous adaptez à l'épreuve que l'on va vous soumettre. Vous avez votre méthode, prête pour tout type d'examen, mais ce qui peut faire une différence c'est la manière dont vous allez la coller harmonieusement sur le sujet de l'examen.

La maniaquerie et le soucis du détail de Rafa Nadal

Il y a deux choses à retenir de Rafael Nadal : c'est l'un des (le?) plus grand joueur de tennis sur terre battue de l'histoire, et il est aussi le sportif le plus bourré de tics et d'habitude du monde. Regardez ce petit reportage (en español) au nom assez transparent "Ritual de Campeones", surtout à partir de 2:50 :




Toujours les bouteilles parallèles côte à côte, toujours les mêmes serviettes au même moment, toujours les cheveux derrière les oreilles, toujours tirer sur son short, etc. Alors, on pourrait se dire que ça n'a qu'un impact minime sur ses performances sportives, ce qui est probablement vrai. Mais ce n'est pas négligeable pour autant !

Cela signifie qu'à chaque match, il recrée autour de lui une bulle de confort, de repères, qui fait qu'il n'a pas de stress lié à un nouvel environnement, ou un nouvel adversaire. Et dans un sport où l'on voyage énormément et que l'on change d'adversaire très régulièrement, c'est indéniablement un atout.

Pour vous : De la même manière que Rafa, essayer dans la mesure du possible de maîtriser tout votre environnement, y compris vos stylos, bouteilles, biscuits et que sais-je. Vous n'aurez pas le temps, le jour des examens, de déplacer vos affaires, de vous mettre en ordre etc. De plus, ces petits moments de mise en place bien réglés vous permettront de vous mettre en "mode examen", dans votre bulle, et prêt à attaquer le sujet.

ATTENTION par contre, l'autre caractéristique de Nadal, qui découle de la précédente, est qu'il ne faut surtout pas toucher à ses affaires, et qu'il peut lui arriver de prendre des pénalités pour dépassement de temps. A l'inverse, ne frapper pas votre voisin de table s'il fait bouger votre Granola, et ne dépasser pas le temps imparti parce que vous avez passé 30 minutes à aligner vos stylos!

Identifier, perfectionner et modifier sa routine

Identifier sa routine, c'est repérer les petits éléments et détails que vous répétez systématiquement, ou qui vous aides à être en confiance et que vous pouvez répéter pendant l'examen (prendre une clope au milieu n'est pas, par exemple, une routine d'examen). On a tous des petits tics ou habitudes, commencez par cela pour construire dessus.

Perfectionner sa routine, c'est associer, à vos habitudes déjà ancrées, des bonnes habitudes (pourquoi pas tirées des méthodes que je vous ai donné préalablement sur la note de synthèse et le commentaire, que vous retrouverez dans le menu "Méthodologie" ci-dessus), afin qu'elles deviennent également de l'ordre du réflexe.

Modifier sa routine, c'est en retirer ce qui n'est pas absolument essentiel, et qui peut être préjudiciable (conditions cumulatives). C'est assez délicat à faire toutefois, à cause du principe même de la routine : quelque chose que l'on fait sans y penser par habitude, or les habitudes sont très dures à changer. 

Je n'ai pas parlé du golf, qui est pourtant l'un des sports rois de la routine, parce que c'est moins parlant que les autres sports (et que je n'avais pas envie de parler d'un truc qui n'intéresse que moi). Il faut savoir que lorsqu'un joueur, pour diverses raisons, décide de changer sa routine, en général il lui faut 6 à 9 mois pour retrouver son niveau, c'est le temps qu'il faut pour l'assimiler. Donc votre routine, ne la modifier que lorsque c'est absolument nécessaire.

Alexandre
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