Avoir le Barreau, sans pilule, sans pommade, sans médocs et sans spam!

jeudi 29 octobre 2015

Vous n'avez pas eu les écrits : digestion et repos, plus tard remobilisation

By 12:39:00

Bon, ne tournons pas autour du pot pendant des heures : vous avez raté le Barreau. Je pourrais essayer de vous protéger en disant que "Vous n'avez pas eu les notes nécessaires aux épreuves écrites de l'examen d'entrée au CRFPA, et vous n'êtes donc pas admissible et appelé à passer les épreuves orales".

Mais ça ne sert à rien de se mentir : vous avez raté le Barreau.

Une fois qu'on a dit ça, on a pas encore dit grand chose en fait. Il y a encore beaucoup de choses à discuter. Tout d'abord voir pourquoi et comment ça a pu raté, et ce que cela signifie réellement; et quelle suite donner à ces résultats.

Le pourquoi : analyser calmement, sans s'accabler

Deux choses importantes à avoir en tête au lendemain de la mauvaise nouvelle :
1) Il y a toujours un raison pour laquelle on rate les examens
2) Ce n'est jamais "Parce que je suis trop nul/con/débile/incapable"

Réfléchissez aux raisons, tenant au contenu des examens et à votre manière de les aborder qui vous ont posé problème. Est-ce que vous passiez un M2 en parallèle et que vous n'avez pas consacré le temps suffisant aux épreuves? Est ce que vous avez démarré vos révisions tard? A l'inverse, est ce que vous étiez tellement dans vos révisions que vous êtes arrivés crevés et un peu perdus aux épreuves? Est-ce que vous avez pris des matières en vous basant sur une "stratégie" plutôt que sur vos points forts?

Pour bien comprendre tout ça, je vous conseille de commencer par aller chercher vos copies auprès de votre université, car la note seule ne vous servira pas à grand chose pour savoir où vous avez pêché.

Cette étape est importante car elle va vous permettre de vous rendre compte de ce qui n'est pas allé, car il y a forcément une (et mêmes plusieurs) raisons, autres que votre niveau, car globalement après 4 à 5 ans de droit, vous avez tous le niveau technique pour passer le barreau. Et identifier ces raisons vous permettra de mieux envisager la suite des opérations

Que faire pour la suite ?

On se calme, et on boit frais

La première chose à faire est de se poser et de se reposer. Vous sortez d'une période assez intense et pleine de stress, les épreuves elles mêmes bien sûr, mais aussi la période de révision qui a précédé, et la période d'attente des résultats, où ça a dû traîner dans votre tête pendant quelques semaines. Donc prenez quelques temps pour vous remettre bien. Si vous êtes dans un M2, concentrez vous dessus, pareil si vous êtes en stage. Profitez de vos week-ends, voyez du monde, parlez un peu de tout et de rien.

Oui, je sais, ça a l'air complètement con. Mais, que vous souhaitiez le repasser ou non, ce n'est pas en vous y remettant de suite, 10 mois à l'avance, et avec la déprime de la défaite collée au corps que vous allez améliorer vos résultats.

Alors qu'en prenant un peu de temps "off", vous pourrez prendre du recul, sortir un peu la tête de l'eau, comprendre que ce résultat n'est pas un jugement définitif sur vos capacités ou votre talent, mais une évaluation, assez aléatoire, de votre capacité à passer un certain type d'examen à un instant précis.

Attendez janvier avant de vous lancer dans de grandes décisions, d'ici là faites autre chose que ressasser vos notes.

Pas la même démarche selon le nombre d'essais

1er échec : rien d'anormal

Rater le Barreau la première fois qu'on le passe est quelque chose d'absolument normal. J'ai vu certains de mes amis qui sont d'excellents juristes échouer la première fois qu'ils l'ont passé, parce qu'ils faisaient autre chose pendant la préparation, ou parce que le sujet de spé tombé était foireux, etc.

Donc quoiqu'il arrive, réinscrivez-vous à l'IEJ dès que possible. Même si vous ne pensez plus forcément être avocat je dirai : en service juridique (en entreprise), le statut d'avocat apporte un plus de rémunération toujours agréable. C'est également quelque chose qui vous servira dans la gestion de votre carrière future, en vous donnant une certaine flexibilité, une certaine souplesse dans vos choix de professions.

Enfin, si vous avez raté avec une moyenne entre 9 et 10, soit vous vous réinscrivez, soit je vous botte le cul. Les écrits ne se jouent pas à beaucoup de points en fait, si vous avez eu 9/20 de moyenne, il vous suffit de gagner 1 point sur chaque épreuve écrite pour l'avoir. Si vous avez eu 9.5/20 de moyenne, il vous suffit d'un demi-point de plus dans chaque matière; trois fois rien en fait.

2ème échec : se donner un peu de temps pour réfléchir

Un peu plus dur de gérer un deuxième raté. C'est vrai que ça peut commencer à décourager, et puis ça commence à faire long, 2 ans pour préparer le CRFPA. Dans la mesure du possible, j'espère que ces deux années n'ont pas été consacrées QUE au CRFPA; et c'est une leçon pour les autres aussi. Il faut penser à ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier.

Aussi, si c'est votre deuxième échec, commencez à réfléchir pour de bon, à prendre un peu de recul. Si vous souhaitez le repasser, regarder la marche qu'il vous reste à franchir. Vous l'avez raté à 9.8/20? Okay, c'est faisable, largement. Mais commencez à réfléchir à l'après aussi, à voir quelles sont les autres options qui sont disponibles, et à faire des choses pour ne pas retrouver à poil en cas de 3ème échec. Espérer le meilleur, mais se préparer au pire, c'est un bon conseil. Mais n'hésitez pas à retenter, c'est pour ça qu'il y a 3 essais !

Par contre, si vous l'avez raté pour la seconde fois à 7.5/20 de moyenne, demandez vous si le format de l'épreuve vous convient réellement. Regardez aussi le détail : vous avez eu 2 bonnes notes, et une catastrophique? C'est plutôt encourageant, car ça signifie qu'il y a eu une anomalie (de votre côté, ou par rapport au sujet d'ailleurs). Vous avez eu 3 notes en dessous de 8/20? Remettez-vous un peu en question, réfléchissez à vos chances de le réussir la troisième fois, faites la balance entre l'intérêt de le repasser, vos chances de l'avoir, et l'investissement nécessaire.

3ème échec : c'est fini, malheureusement

Là, le constat est sans appel : vous ne serez pas avocat. En tout cas pas dans un futur proche.

Je ne veux pas vous déprimer, mais c'est la vérité brute. Bien sûr, il y a des branches autres qui peuvent permettre d'accéder à la profession, mais la plupart ne sont pas de bonnes idées :
  • Par équivalence "article 100" ou intra-communautaire : il semble assez clair que si vous n'êtes pas arrivés à passer le Barreau dans votre langue et votre droit de formation, il sera assez difficile de le passer ailleurs, puis de le faire reconnaître en France. Il y a de bonnes raisons pour partir étudier et devenir avocat à l'étranger; uniquement pour contourner l'examen en France n'en est pas une.
  • En obtenant un doctorat en droit : la thèse de doctorat en droit est très longue, difficile, et particulière. La passerelle existante entre thésard et avocat permet de rendre la thèse plus attractive pour ceux qui voulaient, dès le départ, faire une thèse. N'imaginez pas qu'il s'agit d'une planque tranquille pour accéder à la profession. N'oubliez pas non plus qu'une thèse de droit, c'est entre 4 et 6 ans.
  • En devenant d'abord magistrat : le concours de la magistrature est beaucoup plus sélectif que l'examen du CRFPA. De plus, vous ne ferez probablement un bon travail en tant que magistrat, si vous le faites en ayant dans la tête pour seul objectif de changer de métier le plus vite possible.
Maintenant, il y a encore de très beaux métiers à pratiquer sans être avocat. Je sais quand on dit ça, on a l'impression qu'on raconte des banalités rassurantes qui sonnent faux, mais c'est vrai ! J'ai passé beaucoup de temps dans le service juridique d'un très grand groupe bancaire : c'était passionnant ! Il y a vraiment beaucoup de choses à faire, vous êtes en contact direct avec beaucoup de gens aux métiers très différents, et les perspectives de carrière sont très ouvertes. Ne pensez pas que tout s'arrête après ce troisième échec : il vous reste toute une carrière à construire, et elle pourra être formidable.

Conclusion pour vous donner de l'espoir

Un échec au CRFPA n'est ni un jugement de votre personne, ni un jugement de vos capacités. C'est une note sur une série d'épreuves que vous avez passé à un instant précis, et il est important de garder en tête cette différence fondamental entre ce que vous êtes, ce dont vous êtes capables, et ce que vous avez fait dans le cadre des épreuves.

Il peut être très dur de se dire qu'on va repasser les épreuves, c'est pour ça que je vous demande d'observer une période de refroidissement et de prise de recul. Il est aussi important de ne pas prendre de décision sur un coup de tête, juste après un échec, que ce soit dans un sens ou dans l'autre. C'est pour cela que je vous conseille de vous réinscrire dès que possible, même si plus tard vous décidez de ne pas repasser les épreuves.

Pour la plupart vous êtes jeunes, mais vous pouvez aussi commencer à en avoir marre des études et des examens. Un de mes amis me faisait part (avant les résultats) que s'il devait rater le CRFPA (c'était sa première fois), il n'était pas sûr de le repasser, parce qu'il voulait prendre son indépendance, partir de chez ses parents et rentrer dans la vie active. J'ai essayé de lui faire comprendre que ce n'était pas incompatible !

Personnellement, je suis parti de chez mes parents et j'ai pris mon indépendance (financière et matérielle) en préparant le CRFPA, grâce à des périodes de stage en entreprise (qui sont intéressantes, rémunératrices et assez souple au niveau de l'organisation du travail). Et je ne suis pas une exception, loin de là. Il faut sortir aussi un peu de la vision "étudiante" du CRFPA. Votre vie active commence quand vous le décidez, à vous ensuite de la remplir de la manière que vous le souhaitez, et selon la manière dont vous l'envisagez, en tenant compte de vos capacités (réelles, et non celles que vous vous donnez de manière dévalorisante).

Et bien sûr, vous continuerez à trouver tout le soutien nécessaire sur ce blog !

Alexandre
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vendredi 23 octobre 2015

Grand Oral : l'heure (et demi) de vérité

De la même manière que la note de synthèse est l'épreuve-reine des écrits, le grand oral est celle des oraux. Une matière que vous n'avez probablement jamais pratiqué, dans un format auquel vous n'êtes pas habitué, et avec un coefficient important, voire lourd. Enfin, c'est aussi la matière orale dans laquelle le jury aura le plus de facilité à vous mettre une mauvaise note si vous êtes mauvais. Ce qui se comprend assez bien : il s'agit d'une matière qui touche au fondement du statut d'avocat, la défense des libertés. Que vous exerciez ou non plus tard dans ces domaines importe peu : on va vous donner le pouvoir et la charge de le faire, autant vérifier consciencieusement que vous êtes à peu près équiper.

Nous allons parler d'abord des différences de forme avec les autres oraux, puis du contenu, brièvement car je ne fais pas de fond sur ce blog, et enfin quelques petits conseils pour que ça se passe bien.

Grand oral : un oral, en plus grand

Je ne suis pas hyper bon en titres.

Le Grand Oral est un oral portant sur les libertés publiques et leur protection. Mais par rapport aux autres oraux, le sujet sera plus dense, vous aurez une heure pour le préparer et une demi-heure d'oral. Le jury est aussi plus grand : 3 examinateurs, un avocat, un magistrat et un professeur (la sainte trinité du droit).

Tout cela est important : le grand oral est plus dense, plus aléatoire, plus exigeant. Vous devez avoir les réponses à des questions que 3 personnes, dans leurs spécialités et leurs exigences propres, peuvent imaginer.

C'est aussi l'épreuve avec le coefficient le plus fort, et celle où les notes pourront aller le plus bas, car le jury sera beaucoup moins tolérant que dans les matières techniques, aussi je pense qu'il faut l'aborder de façon encore plus sereine que les autres oraux, et être beaucoup plus volontaire. Pourquoi? Parce qu'on tolère beaucoup plus quelqu'un qui réfléchit à voix haute, argumente et construit une réponse, même fausse, que quelqu'un qui se tait après avoir dit "Je sais pas".

Le contenu : libertés, libertés chéries

A priori, pas de surprise sur le contenu, mais je vous remets le programme officiel quand même :

Protection des libertés et des droits fondamentaux
  • 1. Origine et sources des libertés et droits fondamentaux :
    • histoire des libertés : évolution générale depuis l'Antiquité jusqu'à la période contemporaine en France et dans le monde ; les générations de droits de l'homme ;
    • source juridiques, internes, européennes et internationales ;
    • libertés publiques, droits de l'homme et libertés fondamentales.
  • 2. Régime juridique des libertés et droits fondamentaux :
    • l'autorité compétente pour définir les règles en matière de libertés et la hiérarchie des normes. L'aménagement du statut des libertés fondamentales :
    • régime répressif ;
    • régime préventif ;
    • régime de la déclaration préalable ;
    • régime restitutif et droit à réparation ;
    • la protection des libertés fondamentales :
    • les protections juridictionnelles (internes, européennes et internationales) ;
    • les protections non juridictionnelles (par les autorités administratives indépendantes, par l'effet du système constitutionnel, politique, économique et social) ;
    • les limites de la protection des libertés fondamentales dans les sociétés démocratiques et dans les différents systèmes politiques ;
    • les régimes exceptionnels d'atténuation de la protection des libertés et droits fondamentaux.
  • 3. Les principales libertés et droits fondamentaux :
    • les principes fondateurs et leurs composantes :
    • dignité de la personne humaine (droit à la vie et à l'intégrité physique de la personne, bioéthique) ;
    • liberté (liberté d'aller et venir, droit à la sûreté personnelle) ;
    • égalité (devant la justice, en matière de fonction publique, devant les charges publiques, entre les hommes et femmes, entre Français et étrangers) ;
    • fraternité ;
    • les droits et libertés de la personne et de l'esprit (liberté d'opinion, liberté de croyance, liberté d'enseignement, liberté de communication) ;
    • les droits et libertés collectifs (association, réunion, liberté syndicale, droit de grève) ;
    • les droits économiques et sociaux (droit de propriété, liberté du commerce et de l'industrie, droit à la protection de la santé, droit aux prestations sociales, droit à l'emploi) ;
    • les droits du citoyen (droit de vote, liberté des partis politiques, droit dans les relations avec l'administration) ;
    • la laïcité
Tout cela est assez vaste, surtout que, comme vous le lirez plus bas, les examinateurs peuvent très bien vous emmener sur d'autres sujets, plus ou moins connexes. Ne vous avisez pas, dans ce cadre, de dire "Oui mais c'est pas dans le programme ça!".

Mais lorsque l'on vous donne votre sujet, qui sera au choix une question, un thème ou une décision d'un juridiction supérieure (Cour de cassation, conseil d'état, conseil constitutionnel, CEDH, CJUE, plus rarement des cours d'appel à mon avis), n'oubliez pas quelle matière vous passez ! Si on vous donne un sujet qui parle de droit financier par exemple, ne partez pas sur les thèmes du droit financier : essayez de retrouver ce qui, dans le sujet ou la décision que l'on vous a donné, se rattache aux libertés publiques, au risque sinon de faire un hors sujet.

Petits conseils pour passer son grand O tout en douceur

Encore une fois : décontraction ! Le Grand Oral, surtout sur la partie discussion-questions, peut partir dans tous les sens. On peut vous demander d'approfondir le sujet proposé, de faire un parallèle avec un autre domaine, ou même de parler de tout autre chose !

Or, c'est en étant détendu que vous serez agile, intellectuellement. Que vous pourrez mobiliser efficacement et rapidement l'intégralité de vos connaissances. Je vais vous donner une petite anecdote qui l'illustre bien, en vous parlant de mon expérience de Grand O.

Pour mon grand oral, j'avais tiré une décision du conseil constitutionnel sur le travail du dimanche. Si le sujet semblait être un sujet de droit social, le fond du sujet était le rôle  du législateur dans la définition des règles de droit du travail, et sa capacité à déléguer son pouvoir constitutionnel en la matière à des échelons inférieurs, notamment les accords de branche ou d'entreprise.

J'ai plutôt été bon sur la partie "exposé", puis viennent les questions. Au début, assez proche du thème, et d'un coup l'un des examinateurs commencent à m'emmener, doucement mais sûrement, vers un autre sujet. Plus précisément, vers les possibilités pour l'employeur d'utiliser un système GPS pour suivre ses employés (notamment les commerciaux). Et il me pose une question fatidique "Quelles sont les conditions pour mettre en place ce genre de système dans les voitures professionnelles des commerciaux?". Et là, sueur froide. Je ne suis absolument pas compétent en droit social, je n'en avais pas fait depuis 3 ans, et je n'avais jamais eu la moyenne de toute manière.

MAIS, quelques années auparavant, j'avais eu la chance d'aller aider à l'organisation d'un concours de plaidoirie en droit social français (qui se déroulait à Oxford, de façon surprenante), avec un cas qui portait justement sur l'installation d'un système GPS. Et en tant qu'organisateur, j'avais passé la journée à écouter des candidats répéter un nombre incalculable de fois les conditions de mise en place d'un système GPS.

Et là, en plein Grand Oral, sous la pression, mais en restant calme, tout m'est revenu d'un coup. Et je me suis mis à décrire la procédure légale mot pour mot. J'en serai totalement incapable maintenant, mais sur le moment, vous pouvez vous transcender et vous rappeler de choses que vous ne pensiez même pas savoir !

Valise de codes : c'est sûrement la partie la plus amusante (après coup) du grand oral. Les étudiants qui arrivent à la préparation avec des valises comme s'ils partaient en weekend, remplies de tous les codes possibles et imaginables (ou presque). Soyons clairs : oui, vous pouvez emmener autant de codes que vous voulez, ce qui peut sembler utile vu la largeur de l'épreuve, et la variété des domaines qui peuvent être abordés. Maintenant, sachez une chose : ils ne vous serviront probablement à rien. Donc emmener les, mais par pitié, ne les ouvres pas avant les dernières 20 minutes de la préparation, quand vous avez déjà quasiment terminé la rédaction de ce que vous voulez raconter. Si vous commencez à vous perdre dans vos codes dès la première minute, c'est foutu.

Préparer ses notes : Je l'avais déjà dit sur la méthode générale des oraux, il est important de prendre des notes claires au brouillon qui vous serviront de support pour votre exposé. Des notes seulement, pas des phrases, sinon votre exposé va être catastrophique au niveau présentation. Autant sur un oral technique, on peut envisager, si on connaît la matière par coeur et que la question est ultra-simple, de passer sans note, tout dans la tête, hop ! Autant vos notes doivent être parfaites pour le Grand Oral, car vous ne tiendrez pas la distance avec des notes bâclées.

Je pense qu'il n'y a pas grand chose d'autre à ajouter, cet article et celui sur la méthode générale des oraux devraient suffire à vous donner une première idée sur comment tout cela va se dérouler ! Si votre IEJ organise des "Grand O blancs", je vous recommende fortement de vous y inscrire, même si vous n'êtes pas au point sur le fond du droit : au moins vous aurez déjà une première expérience "pour du beurre".

Bon courage à tous !

Alexandre
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mercredi 21 octobre 2015

Méthodes générales des oraux : Attitude et petits conseils (2)

" Pouvez-vous me donner les conditions de forme de la validité d'une lettre de change?
- A l'année prochaine donc ?"
Allégorie d'un oral de droit commercial

L'attitude à avoir

J'entends par attitude, à la fois la manière de vous comporter, physiquement et oralement pendant l'épreuve, mais aussi l'état d'esprit général que vous devez avoir au cours de l'épreuve. 

Décontraction et confiance

C'est probablement l'essentiel pour pouvoir mettre en valeur le mieux possible vos connaissances juridiques. Parce que c'est bien là, la véritable difficulté d'un oral : sur un sujet précis, et en un temps très restreint, pouvoir mobiliser ses connaissances et les structurer dans une réponse cohérente et presque complète.

La décontraction est la première chose importante, sans elle vous ne pourrez pas mobiliser correctement ce que vous savez. Je vous en avais parlé pour les écrits, mais c'est encore plus crucial pour les oraux (car vous avez beaucoup moins de temps pour vous détendre et vous mettre en condition) : le stress est l'ennemi de la mémoire. Le stress est un résidu de réaction de peur primale, instinctive; or l'instinct, face à la peur ne favorise pas le cerveau dans la distribution des ressources, mais ce qui est essentiel : coeur, poumons et muscles de fuite, c'est-à-dire absolument rien d'utile pour une examen de droit.


Au contraire, si vous êtes détendus, vous pourrez mobiliser correctement vos connaissances, voire même des choses que vous n'imaginiez pas savoir. Je vous raconterai, dans un article dédié au grand oral, la grande aventure qu'il m'est arrivé au mien (okay, je sur-vends un peu, c'est n'est pas une grande aventure

La confiance, elle, est ce qui va vous permettre de donner vos réponses comme des vraies réflexions juridiques que vous avez construites et assimilées, et en lesquelles vous croyez, plutôt que comme des bouts de cours que vous avez vaguement retenu et que vous recrachez au hasard parce que ça a l'air de coller à peu près à ce que l'on vous demande.

C'est aussi ce qui va vous permettre de ne pas bafouiller pendant les questions-réponses. Si vous êtes confiants, vous parlerez clairement et vous ne tomberez pas dans les "pièges" ou les doutes que pourra proféré votre examinateur sur vos réponses.

Mais attention, la confiance ne naît pas du vide ! La confiance se base sur, et s'acquiert grâce à une connaissance quasi-parfaite de la matière, une maîtrise à la fois des détails techniques et des subtilités juridiques de chaque domaine, ainsi qu'une assimilation des enjeux principaux qui sont rencontrés dans la pratique.

Ni arrogance, ni relâchement extrême

Confiance et décontraction : point trop n'en faut. Il faut savoir ne pas trop en faire, pour ne pas tomber dans l'extrême inverse.

Trop de confiance, et vous tombez dans l'arrogance; quelle différence? Et bien être arrogant c'est être persuadé d'avoir raison, sans un instant remettre sa réflexion en cause. Croire que chaque question est un "piège", ne pas prendre la peine d'expliquer sa réponse intégralement, ou de la décortiquer et de la critiquer si l'examinateur la met en cause ou invite à la discuter. Ayez confiance, non pas en la perfection automatique de vos réponses, mais en votre capacité à raisonner et à expliquer oralement votre réflexion à votre examinateur.


Trop de décontraction, et c'est le relâchement. Au lieu d'être suffisamment détendu pour réfléchir correctement, vous l'êtes trop et n'avez aucune envie de le faire. Au delà de l'impression catastrophique de nonchalance que vous pouvez provoquer chez votre examinateur, il s'agit avant tout de vous mettre en condition. Parce que lorsqu'on est trop relâché, on ne s'accroche pas, on ne cherche pas, le cerveau, ne sentant pas d'enjeu particulier, ne tourne pas à plein régime.

Ne pas discuter l'épreuve

Je sais, et même j'espère vu le métier que vous voulez pratiquer plus tard, qu'il y a des "grandes gueules" parmi vous. Et il y a certains moments dans un oral, et certains examinateurs, qui peuvent vous donner un peu envie de "sortir" de l'épreuve, pour commencer à discuter de la pertinence du sujet, des questions, de l'attitude de l'examinateur, du calendrier, etc.

Je vous déconseille fortement de faire part de telles observations. C'est du plus mauvais effet, ça ne sert à rien, et au pire ça vous plombera. Il arrive parfois, ce n'est pas systématique mais ça peut arriver, que dans un oral sur une petite matière, si vous vous plantez royalement, mais que vous êtes correct dans votre attitude, le professeur vous mette entre 8 et 10/20. C'est sa manière de dire "Je ne peux pas vous donner de points, mais je ne souhaite pas vous en faire perdre". C'est rare, mais ça peut arriver, et ce serait dommage de vous priver de ce sauvetage. Je sais que cela m'est arrivé pour mon oral de finances publiques, que j'ai totalement raté : j'avais parlé 2 minutes, puis le professeur avait comblé le reste en me faisant un "texte à trous", il parlait en m'expliquant la réponse, puis s'arrêtait pour me laisser compléter avec les bons mots (ça ne marchait qu'à moitié). Je suis sorti de là en ayant appris des trucs, ce qui est mauvais signe en général. Mais il m'a mis 10, alors que je ne le méritais pas; c'était clairement une note de clémence.

Toutefois, je met un gros bémol : si l'attitude de l'examinateur est inadmissible (sexisme, discrimination, insultes, violence verbale ou autre), vous n'êtes pas obligés de vous taire, mais restez courtois dans la mesure du possible. Ensuite, allez directement au bureau de votre IEJ, et dénoncez-le. Car il y a des choses qu'on ne peut pas laisser passer, mais il faut se rappeler que tout ce qui se passe directement durant l'examen et sans témoin vous sera défavorable.

Quelques conseils en vrac

Je ne peux pas aborder tous les petits détails d'un oral dans les grandes parties que je vous ai proposé, il me reste des petites points que je pense intéressant de vous présenter. Les voici, sans classement ni ordre particulier.
  • Tirez les premiers : Normalement, il y a des ordres de passage pour les oraux. Mais certains professeurs ne les suivent pas, et prennent les premiers qui sont disponibles. Dans ce cas là, deux choses : 
    • présentez-vous 15 minutes avant l'heure de convocation devant la salle
    • passez dès que possible (sans vous battre non plus avec les autres), parce que ce ne sont pas les 30 minutes à relire fébrilement vos fiches devant la salle qui vont changer quoique ce soit; par contre ça va vous stresser. Passez dès que possible, et rentrez chez vous.
  • Petit point fringue et sexisme : A chaque présentation des oraux en faculté, un professeur ressort en générale un discours de cet ordre : "Pour les messieurs, présentez vous en costume, pas de shorts ou de jeans. Pour mesdemoiselles, pas de tenue trop révélatrice ou aguicheuse, restez sobres". Bon, petite chose déjà : je trouve que parler pour les hommes de tenues trop "décontractées" et pour les femmes de tenues trop "sexy", c'est très limite. Parce qu'au fond, la problématique est la même : il faut porter une tenue avant tout sobre et pro, point. Je n'aime pas cette manière de raisonner qui veut qu'un homme avec une chemise déboutonnée en haut est "négligé", alors qu'une femme sera considérée "aguicheuse"; ou qu'un short (bien sûr inacceptable) pour un homme est "une preuve de manque de respect", et pour une femme "une tentative de séduction". Une fois cela dit, mettez une tenue sobre et pro; choisissez aussi quelque chose de confortable, si cravate pour les hommes, ne la serrez pas à mort et assurez vous que votre col de chemise n'est pas trop petit; si talons pour les filles, assurez vous que vous pouvez les porter debout devant la porte de la salle d'examen pendant une heure sans que ça devienne douloureux.
  • Tout le monde s'en fout de vos excuses : Désolé, mais je dois être un peu direct. Si vous plantez votre oral, ne partez pas en excuses pour dire pourquoi vous vous êtes trompés. Votre examinateur s'en fiche, et ce serait même une faute grave de sa part de le prendre en compte. Et ça peut également l'énerver (voir au-dessus, Ne pas discuter l'épreuve).
  • Ne la jouez pas psychologique : Vous avez passé beaucoup d'oraux. Vous pensez peut-être même être un champion de la discipline, un technicien hors-pair de la discussion juridique. Quand vous entrez dans la salle, en deux coups d'oeil vous savez qui est l'examinateur en face et ce qu'il pense. Super. Mais c'est faux. N'essayez pas de juger ou d'évaluer la personnalité de l'examinateur, et de baser vos réponses là-dessus. Vous pouvez, au fur et à mesure de l'examen, voir ce qui lui plaît un peu plus ou un peu moins, mais vous êtes juristes, pas profiler. Alors basez vos réponses sur vos connaissances juridiques, pas sur votre analyse de personnalité. Surtout que pour le CRFPA, vous pouvez avoir affaires à des examinateurs très différents de d'habitude : des juges, des avocats et des profs plutôt que des chargés de TD.
  • Quand vous avez fini, taisez-vous : Beaucoup de candidats, dans plusieurs sortes d'oraux d'ailleurs, pas seulement au CRFPA, ont parfois tendance à parler, et parler, et parler, et se répéter, et ne pas s'arrêter pour meubler le plus possible le temps de l'oral. Parfois c'est par peur d'oublier quelque chose, parfois c'est pour essayer de réduire le temps consacré aux questions. Ne le faites pas; si vous avez bien structuré votre réponse (et c'est nécessaire!), une fois à la fin, vous n'avez plus rien à dire et vous n'avez rien oublié, tout ce que vous direz en plus, sera de trop, voire redondant. Et n'essayez pas de réduire le temps des questions, en général un examinateur va crescendo dans ses questions, jusqu'à ce que le candidat ne puisse plus trouver la réponse. S'il ne lui reste plus beaucoup de temps, il posera directement les questions les plus dures. Rendez-vous plutôt à l'évidence : certains sujets nécessitent moins de réponse que d'autres; n'essayez pas de les gonfler artificiellement.
  • N'écoutez pas ceux qui sortent : Si vous n'êtes pas les premiers à passer, vous allez avoir des gens sortir de la salle après avoir passé leur propre oral. En général, ceux qui attendent vont se jeter sur lui et poser plein de questions "C'est qui l'examinateur? Il est sympa? C'est dur? C'était quoi ton thème?". N'y faites pas attention. Aucune de ces questions n'a d'importance. 
    • "C'est qui l'examinateur?" -> ça ne changera pas votre réponse
    • "Il est sympa?" -> très subjectif, et à part vous foutre la trouille ça ne vous apprend rien
    • "C'est dur?" -> oui, non, ça dépend du sujet, de votre spécialité, de votre état de forme, etc. Vous connaissez la matière, vous n'allez rien apprendre sur les sujets de plus
    • "C'était quoi ta question?" -> les questions aux oraux ne sont JAMAIS surprenantes. Donc vous les avez déjà en tête, écouter celle des autres va juste vous faire vous concentrer à fond sur une seule chose, en oubliant le reste.
  • Cela ne veut pas dire que vous ne pouvez pas parler avec les gens qui sortent, surtout si ce sont des gens que vous côtoyez à la fac depuis longtemps; simplement ne prêtez pas plus d'attention que ça à ce qu'ils peuvent dire sur le déroulement de LEUR oral.
J'espère que cette deuxième partie de la méthode générale des oraux. Nous allons maintenant pouvoir détailler un peu plus avant chacun des différents oraux que vous allez passer !

Alexandre
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jeudi 15 octobre 2015

Méthodes générales des oraux : le déroulement de l'épreuve (1)


Des oraux, vous en avez peut-être déjà passé, sûrement même, encore que cela dépende largement de la pratique de vos universités respectives.

Si tous les oraux ne se ressemblent pas, notamment en fonction de l'examen passé, de la matière et de la personnalité de l'examinateur, il y a des codes et un processus commun à tous les oraux. Passons-le en revue, avec des petits conseils pour chaque étape.

La préparation

(Valable pour un oral avec préparation de 15 minutes)

Vous entrez dans la salle d'examen, et vous tirez un sujet. Ou l'examinateur vous en attribue un. Il vous désigne un endroit dans la salle où vous installer, et vous laisse tranquille. Dans la plupart des cas, pendant que vous préparerez et souvent dans la même pièce, l'examinateur fera passer le candidat qui passe avant vous. Avant qu'il ne se détourne totalement de vous, vérifiez qu'il vous a bien donné au moins 3 feuilles de brouillon.

Commencez par faire totalement abstraction de ce qu'il se passe autour de vous, notamment le candidat précédent : dans certains cas, il sortira une quantité astronomique de débilités, dans d'autres cas il aura des réponses très précises et bien tournées. Mais dans la majorité des cas, vous perdrez du temps à essayer de deviner si ce qu'il dit relève de la connerie ou du génie, et vous perdrez du temps.

Regardez votre sujet, et travaillez-le à fond. Repérez les éléments importants et les idées fortes, et notez les sur une feuille de brouillon. Ensuite notez les idées fortes que vous associez à ces premières idées, et ainsi de suite jusqu'à ce que vous ayez noté tout ce qui peut concerner le sujet, jusqu'à avoir tous les éléments pour parler du sujet intégralement. Cette partie se base principalement sur vos connaissances des ENJEUX du sujet, et des points classiques de discussion. Exemple avec un sujet qui serait "La cession de fonds de commerce" (Le premier retrait à la ligne correspond aux mots du sujet, le deuxième aux idées de base, et le troisième aux idées complémentaires).
  • Cession
    • Contrat
      • Formation
      • Conditions de fonds spécifiques
      • Conditions de formes spécifiques
      • Causes et régimes de nullités
    • Vente
      • Prix
      • Modalités et sûretés
      • Formalités d'acte et de publicité
  • Fonds de commerce
    • Substance et définition
      • Clientèle
      • Stock
      • Bail
      • Autres accessoires
Voilà, je pense que déjà avec toutes ces idées, on couvre à peu près tout. Désolé pour l'exemple typé "Commercial", mais c'est ce que je maîtrise le mieux. Cette étape ne doit pas vous prendre plus de 5 minutes.

Ensuite, tracez un plan sur les autres feuilles de brouillon, en attribuant une feuille par grande partie. Pour le plan, c'est moins rigide qu'à l'écrit. Les 2 parties, 2 sous-parties ne sont pas imposées, a priori. Mais, n'oubliez pas que tout ce que vous avez appris et la manière dont vous l'avez appris a été taillé pour rentrer dans ce type de plans; par ailleurs, vous avez toujours appris à réfléchir dans ce sens, donc ce sera toujours plus facile pour vous de réfléchir dans ce format là. Oui, vous avez moins de 25 ans et vous êtes déjà ultra-formatés, désolé. Sur vos feuillez de plan :
  • Ne faites pas des phrases complètes : vous risqueriez de passer votre exposé le nez dessus, à lire bêtement
  • Notez plutôt des mots-clefs, mais compréhensibles : ne faites pas trop court non plus, sinon vous ne comprendrez pas ce que vous vouliez dire
  • Faites des titres, qui vous serviront de phrases-guides pour introduire vos propos
  • Ecrivez GROS, et donnez vous de l'espace : pour que vos brouillons soient bien lisibles, et qu'en un coup d’œil vous voyez où vous en êtes
En dehors de ça, vous savez faire un plan, ne vous tracassez pas trop ! Cette étape doit vous prendre 5 autres minutes.

Ensuite, et seulement à ce moment là, rajoutez vos connaissances plus fines, et allez piocher dans vos codes les numéros d'articles ou les réponses précises à certains points. Commencer à intégrer votre plan, pour ne pas avoir les yeux sur le brouillon pendant l'épreuve.

L'exposé

L'examinateur vous appelle, vous vous installez en face de lui, il va reprendre connaissance du sujet (oui, il l'a oublié, ne lui en voulez pas). Ensuite, il va vous regarder, et vous dire "Allez-y!" ou "Commencez!", et c'est à vous !

Faites une brève intro, en deux phrases, pour reformuler votre sujet et annoncer votre plan. Puis lancez vous dans votre exposé. Pour le sujet que je vous ai proposé plus haut, je ferai bien un truc du genre "Le fonds de commerce est un élément central de la vie des affaires, et sa cession obéit à des règles spécifiques. Le premier point important est l'objet du contrat de cession de fonds de commerce, eu égard à la nature particulière du fonds; le second est lié à la formation et l'exécution du contrat de cession, qui découle de la place particulière qu'occupe le fonds de commerce dans la vie commerciale".

Soyez clair, ne gardez pas les yeux sur vos feuilles de brouillon, dans la mesure du possible essayez de vous comporter comme si vous expliquiez quelque chose à quelqu'un en dehors de tout contexte d'examen. 

Ensuite, parlez clairement, appuyez votre prononciation lorsque vous dites des choses importantes de votre exposé. Si vous avez un trou, faites une pause, respirez, et reprenez où vous en étiez.

Au fur et à mesure que vous progressez dans votre exposé, barrez les éléments de votre brouillon que vous avez déjà évoqué. Quand vous passez d'une partie à une autre, et donc d'une page à une autre, mettez de côté celle que vous avez fini, après avoir vérifié que tout était bien barré, et donc dit.

Une fois que vous êtes à la fin de votre exposé, faites une petite phrase de conclusion. Ne vous cassez pas trop la tête non plus, dans l'exemple que je vous ai donné au-dessus, vous pouvez très bien terminer sur un truc du genre "La cession de fonds de commerce est un acte important dans la vie des affaires, et les règles supplémentaires au droit commun de la vente sont nécessaires pour sécuriser cette opération, du fait de la nature particulière du fonds de commerce".

Votre phrase de conclusion doit être suffisamment clair et concise pour faire comprendre à l'examinateur que vous avez fini. Il vous posera quand même la question pour être sûr, ne vous en faites pas.

La discussion (les questions)

Là, c'est l'examinateur qui va prendre la parole. Normalement, il va commencer par poser quelques questions complémentaires sur votre exposé, parfois vous allez avoir l'impression qu'il va vous poser des questions sur quelque chose que vous avez déjà dit. Cela peut arriver, surtout pour les premières choses que vous avez pu dire : il n'écoutait probablement pas. Ne lui en voulez pas, il enchaîne les étudiants, et souvent les premières minutes sont dédiées à se remettre dans le sujet. N'ayez donc pas peur de vous répétez un peu pendant les questions par rapport à votre exposé.

Ensuite, il est très possible que l'examinateur divague un peu, soit pose des questions dans la matière mais éloigné du sujet (dans l'exemple du début, sur la location-gérance par exemple, ça semblerait assez logique). Soit sur le même sujet, mais en sortant de la matière (par exemple, en allant sur le terrain du droit des sûretés, dans le cadre de la cession).

Si vous n'avez pas la réponse à une question, ne dites pas juste "Je ne sais pas"; essayez de raisonner à partir de ce que vous savez ! Vous n'avez pas passé 5 ans en fac pour ne pas être capable de faire un raisonnement simple devant un professeur.

Les variations

Alors, ça c'est pour le déroulement classique, mais il peut y avoir des grosses variations d'un professeur à l'autre. Notamment au niveau des questions, puisque c'est là que l'examinateur peut imprimer "sa patte".

Déjà au niveau du "degré" des questions : certains seront très techniques et théoriques, et d'autres très pratiques. Ne vous laissez pas désarçonner : vous pouvez être à l'aise sur les deux types de question très aisément. Mais essayez de comprendre ce que l'examinateur vous demande. Il est possible aussi qu'il passe du très théorique au très pragmatique : pour mon oral de procédures civiles d'exécution, j'avais une dame tout à fait sympathique, qui avait passé la majorité de l'examen à parler technique juridique. Puis, sa dernière question a porté sur le type d'outil utilisé pour bloquer les roues d'une voiture que l'on veut saisir. Pour ceux qui ne savent pas, ça s'appelle un sabot :


Ne vous basez pas sur la qualité (réelle ou supposée) de l'examinateur : certains avocats ont une passion pour la théorie et le conceptuel, et certains professeurs de droit sont très proches des questions pratiques. Donc ne cherchez pas à sur-vendre des théories complexes à un prof de droit à tout prix, écoutez bien les questions qu'il vous pose.

Enfin, certains examinateurs peuvent littéralement monopoliser la parole durant les questions. N'essayez pas de surinterpréter cela, ça peut être pour corriger certaines choses que vous avez dites, ou simplement parce que vous avez un bavard en face !


Voilà pour le déroulement classique d'un oral, demain, je vous parlerai de l'attitude à avoir pendant ces épreuves !

Alexandre
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mardi 13 octobre 2015

Les Oraux : Enjeux & Stratégies générales


Article 8 de l'arrêté du 11 septembre 2003 
"Nul ne peut se présenter aux épreuves orales d'admission s'il n'a été déclaré admissible par le jury. Les épreuves d'admission comprennent :
1° Un exposé de quinze minutes après une préparation d'une heure, suivi d'une discussion de quinze minutes avec le jury, sur un sujet relatif à la protection des libertés et des droits fondamentaux permettant d'apprécier l'aptitude à l'argumentation et à l'expression orale du candidat
[...]2° Une épreuve orale de quinze minutes, après une préparation de quinze minutes, portant, [...] sur l'une des matières non choisies par le candidat à l'épreuve [de spécialité]
[...]3° Une épreuve orale de quinze minutes, après une préparation de quinze minutes, portant, [...] sur les procédures civiles d'exécution ou la procédure communautaire et européenne
[...]4° Une épreuve orale de quinze minutes, après une préparation de quinze minutes, portant, [...] sur la comptabilité privée ou les finances publiques ; la note est affectée d'un coefficient 1 ;
[...]5° Une interrogation orale portant sur une langue vivante étrangère [...]"

La situation après les écrits

Première évidence à dégager de suite : si vous avez passé les écrits, vous avez déjà des points d'avance (ou en tout cas, que vous n'en avez pas de retard). Mine de rien, c'est quelque chose d'important par rapport à d'autres examens/concours : vous pouvez capitaliser sur vos bons résultats des écrits (si vous en avez des bons, évidemment).

  • Pour passer les écrits, vous avez réunis au moins 60 points sur 120
  • Pour passer les oraux, vous devez réunir au moins 140 points sur 280
    • 60 sont à prendre au Grand Oral (noté sur 20, coeff 3)
    • 40 sont à prendre en Spé (noté sur 20, coeff 2)
    • 20 sont à prendre en Procédures Civiles d'Exécution OU Procédure communautaire et européenne (noté sur 20, coeff 1)
    • 20 en Comptabilité privé OU Finance publiques (noté sur 20, coeff 1)
    • 20 en Langue (noté sur 20, coeff 1)

Deux stratégies possibles pour un même objectif

Alors entendons nous bien : quand je parle de stratégies, il s'agit encore à ce niveau de manière de voir, d'envisager les épreuves qui vont arriver. Le fond de l'histoire ne change pas vraiment, il faut quand même obtenir, à la fin sur la totalité des épreuves que vous aurez passé, la note moyenne de 10/20. Mais le CRFPA, surtout lorsque l'on arrive à la course d'obstacles que sont les oraux, se joue pas mal dans la tête; la manière d'approcher la chose compte pour beaucoup.

Tout pour la défense : viser la moyenne, assurer les bases

Cette stratégie se base sur un constat simple : vous êtes nécessairement déjà au-dessus de la moyenne (ou au pire, pile à la moyenne). Il vous suffit donc en théorie de continuer à assurer la moyenne jusqu'au bout pour passer tranquillement.

D'autant plus que, si vous avez pas mal de points d'avance, vous pouvez recalculer votre "moyenne" à obtenir : soit en utilisant cet outil (en attendant d'avoir vos résultats des écrits), soit en vous basant plus tard sur vos résultats réels dès que vous aurez reçu ceux-ci. Vous aurez alors la nouvelle moyenne que vous devrez atteindre, qui sera nécessairement en-dessous de 10.

Voir les choses de cette manière permet, lorsque l'on a pas mal de points d'avances, d'être assez tranquille sur la suite des examens. Lorsque l'on se dit "Il suffit que j'ai plus de 9/20 à chaque épreuve", c'est assez rassurant; obtenir un 9 n'est pas la plus grosse performance que l'on a pu vous demander au cours de votre parcours universitaire.

A l'attaque ! La course aux points, à faire en sprint

Une façon de voir les choses un peu plus offensives, est de compter le nombre de points (donc, 10 points  multipliés par les coefficients de chaque matière) manquants pour atteindre le résultat nécessaire (donc 140 sans dispense), et de prendre chaque matière comme une occasion de gagner ces points.

La différence est que vous aurez l'impression de plus "partir à la chasse" aux points, en vous concentrant sur certaines matières dans lesquelles vous êtes à l'aise. Et vous verrez que la ligne d'arrivée n'est pas si loin que ça !

Par exemple, prenons un élève moyen qui aurait obtenu 66 points aux écrits, soit une moyenne de 11 (ce qui n'est pas un résultat aberrant à la hausse); mettons aussi qu'il a pris une dispense, il lui faut donc encore 64 points (pour arriver à 130/260). Il lui suffit d'avoir :
  • 11 en note de synthèse (faisable, 33 points), 
  • d'avoir 12 en spécialité (très largement jouable aussi, 24 points), 
  • et d'aller bafouiller "Where is Bryan? Bryan is in the kitchen!" à l'épreuve d'anglais, pour un petit 7;
Et voilà, tous les points sont là ! Et vous noterez qu'il vous reste même encore une épreuve pour faire coussin ! Cette approximation n'est pas extravagante, je pense même avoir dressé le portrait à peu près moyen de l'étudiant qui s'attaque aux oraux.

Quelle importance ?

Cela peut avoir l'air un peu bête de passer un article entier à vous raconter comment compter (de deux manières différentes!) les points pour vos oraux. Mais ce n'est pas totalement stupide : quoiqu'il arrive, pendant les oraux, vous allez passer du temps à essayer de vous situer par rapport à votre objectif, et à vous lancer dans de longs calculs compliqués de tête pour essayer de savoir où vous en êtes. Une fois sur deux, vous ferez une erreur de calcul, et dans tous les cas vous n'aurez pas vraiment une vision très objective de votre situation.

Ce que je vous propose ici, c'est de vous fixer une bonne fois pour toute votre objectif, et votre manière de l'appréhender, de façon à pouvoir vous lancer dans les oraux la tête un peu plus légère.

Alexandre
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