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jeudi 23 juillet 2015

Titres, chapeaux et transition : les petits points qui font les grands commentaires (3)






Après avoir vu le type de sujet que vous pouviez avoir en commentaire, et la méthodologie du plan, voyons d’un peu plus près la rédaction du commentaire en lui-même, en commençant par quelques éléments qui sont assez courts, mais qui sont loin de relever du détail : les titres, les chapeaux introductifs et la transition entre les deux grandes parties.

De la noblesse de vos titres

Les titres de vos parties et sous-parties ne doivent pas être considérés comme des détails. J’ai dit précédemment que vos titres avaient une importance particulière et je le répète : ils sont révélateurs, à la fois de votre compréhension du sujet, de votre réflexion personnelle et de la pertinence de votre analyse. Il faut donc les soigner.

                Des titres clairs et parlants

Cela peut paraître bête à dire, mais il faut le garder en tête : votre correcteur ne veut pas jouer aux devinettes sur le contenu de vos parties, il n’aime pas particulièrement le suspens lorsqu’il corrige un commentaire d’arrêt, et il a envie de savoir ce qu’il va lire dans la partie avant de la lire.
 
A ce titre, n’ayez pas peur de vous répéter avec le contenu de votre partie, si vous avez besoin d’utiliser des termes techniques. Parfois, vous aurez des commentaires qui tourneront autour d’une seule notion clef, que vous aurez l’impression de réécrire des centaines de fois. Ce n’est pas grave, et en tout cas c’est beaucoup moins grave que de tenter de chercher un synonyme qui en fait ne correspond pas exactement à la notion. On ne vous reprochera pas un style un peu lourd et répétitif, par contre on vous reprochera énormément une approximation.
 
Si vous faites un commentaire sur la responsabilité pénale des personnes morales, il ne serait pas si choquant que ça de trouver « responsabilité pénale des personnes morales » plusieurs fois dans les titres. Par contre, essayer de donner de la variété en utilisant « Responsabilité délictuelle » (qui est du civil donc), « Responsabilité criminelle », ou pourquoi pas « Capacité pénale » (on sait jamais, vous êtes peut être aussi nuls que moi en droit pénal) sera très durement sanctionné.
 
Enfin, des titres parlants ça veut dire des titres qui correspondent à votre commentaire, et pas des titres génériques qu'on pourrait mettre à n'importe quelle partie de n'importe quel commentaire! Soyez donc précis dans vos titres, explicitez ce dont vous parlez. Pour caricaturer, ne dites pas "Un nouveau régime restreint de procédure" mais "Un régime dérogatoire limité aux meubles pour le référé" (ne cherchez pas d'indication sur le fonds du droit dans ce titre, c'est un exemple qui ne se base sur rien du tout).

                Des titres qui se répondent

C'est à dire des titres qui ont l'air de parler de la même chose et qui se complètent. En fait, il s'agit principalement de montrer, dans vos titres, que votre commentaire ne tourne pas en rond, que vous avez une idée directrice et que votre réflexion avance. Ce n'est que la conséquence du fait qu'il y a des chances que vos parties ne soient pas lues; ou du moins qu'il faut que l'on puisse comprendre où vous allez en lisant seulement vos titres.
Attention au piège des "titres Science Po" personne ne sait pourquoi ça s'appelle comme ça, mais on vous a sûrement déjà parlé en fac. Ce sont les phrases qui sont réparties sur deux titres : un titre "Blablabla ...." et le titre de la partie d'après "... mais blablablabla". Ce n'est pas une bonne idée, pour la simple raison que personne n'aime ça. En plus, ce n'est pas très élégant, et le plus souvent c'est une manière artificielle de lier deux idées qui ne sont que vaguement proches.
Comment faire pour que les titres se répondent alors ? Bosser les idées déjà, mais ça vous l'avez fait au niveau de votre plan. Il faut donc expliciter vos idées dans les titres, et ça devrait le faire tout seul. Pour ce qui est de la forme, j'ai toujours trouvé que les titres se coordonnaient mieux quand ils avaient la même syntaxe : nombre de mots proches, même types de mots

                Des titres courts et propres


Par court, il faut comprendre 1 ligne, voire 1 ligne et demie. Si votre titre fait plus de deux lignes, refaites le, il est déjà indigeste. C’est un peu brutal, mais c’est comme ça, si vous ne pouvez pas résumer l’idée de votre partie dans un titre de moins de deux lignes, c’est probablement que vous ne la comprenez pas vous-même, alors comment espérer la faire comprendre à quelqu’un d’autre qui vous lira ?
 
Il faut aussi faire des structures syntaxiques (l’ordre et le choix des mots, pour ceux qui suivent pas) simples, courtes et si possible agréable. A ce titre, évitez :
  • Les verbes conjuguées : ils rallongeront votre titre très vite, et ne distingueront pas assez vos titres de votre rédaction.
  • Les participes présents « étant », « ayant », « faisant », etc. C’est assez inélégant, en plus de rallonger inutilement comme les verbes conjugués (en gros, pas de verbe).
  • Les citations : au cas où ça vous viendrait à l’idée, ne citez rien dans un titre, ni l’arrêt, ni encore moins une autre source.
  • Les parenthèses ou crochets : c’est toujours délicat, parce qu’on ne sait pas trop ce que vous voulez dire, pourquoi c’est mis à l’écart. Au pire on peut croire que c’est une manière maladroite de caler deux idées dans un titre ; il y a souvent mieux à faire.
  • Les guillemets : pour souligner un mot en particulier, ou une expression (ex. : Le régime des « conventions réglementées » écarté dans les « groupes » de sociétés). C’est pas très propre non plus, dans le sens que ce ne sont pas des expressions étranges
  • Les titres Sciences Po : Ça ne se fait pas, c'est tout. Pis c'est moche. 
  • Les deux points : peut-être une opinion un peu plus personnelle, c’est assez moche je trouve. Dans la plupart des cas, une virgule marchera très bien à la place. Ex. : « Le droit de propriété : un droit perpétuel » à « Le droit de propriété, un droit perpétuel » (ce titre est abominablement bateau, ne l’utilisez jamais, c’est un exemple !). Mais honnêtement c’est plus une préférence perso par rapport au reste.

Un bon chapeau pour se couvrir

Les chapeaux introductifs se trouvent sous vos titres de grandes parties afin d’introduire la sous division en sous-parties, comme dans l’annonce de votre plan à la fin de l’introduction. Comme les titres, ils servent à expliquer et articuler votre commentaire. Néanmoins ils sont beaucoup plus « normalisés » que les titres, et il y a moins à dire sur leur rédaction.
Le bon chapeau est court, 3 lignes, 4 grand max, et rappelle les idées fortes de vos deux sous-parties à venir, en les coordonnant. C’est-à-dire :
  • si l’une des deux parties à venir est la conséquence de l’autre, utiliser une expression de conséquence : A donc B / A, ce qui entraîne B / Puisque A, alors B
  • si vos deux sous parties s’opposent, utiliser une expression d’opposition : A, mais B / A, et pourtant B / A, or B
  • si vos deux parties sont des conséquences parallèles de la même chose : Puisque [idée précédente], d’un côté A, et de l’autre côté B / Une fois [idée précédente] considérée, à la fois A et B
  • si vous posez un choix entre deux idées alternatives : Soit A, soit B / Il est possible que A, ou alors que B
Présentées comme ça, ces phrases types ont l'air stupides et un peu miteuses, je sais. Elles sont là pour bien faire comprendre que le chapeau doit servir votre développement d'une manière purement formelle : présenter et articuler, point. Ce qui veut dire pas d'argument, pas d'exemple, pas d'idée que vous ne développeriez pas ailleurs.

La transition entre les grandes parties, pour la forme

Ce sont les 2/3 lignes qui vont se trouver entre vos deux grandes parties. Elles n'ont pas une grande importance, mais pour l'équilibre et la lecture de votre commentaire, elles sont utiles. Par contre, pas trop de question à se poser pour la rédaction. 
Comme pour les chapeaux, cette partie ne doit rien contenir en termes d'idée, d'exemple ou d'argument. Pour bien faire, il suffit globalement de reformuler en contexte l'annonce de plan de votre introduction, et ça sera bien.

 
Voilà pour les petits éléments qui complètent le squelette de votre commentaire. Dans le prochain article, on parlera contenu! (enfin?)

Alexandre

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