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mercredi 6 avril 2016

Quelles sont les attentes des correcteurs ?

Clairement, ce que tous les étudiants recherchent et aimeraient tant savoir c’est « que mettre dans sa copie pour avoir le CRFPA ? », « quelle est la formule magique qui me permettrait de réussir ? ». Parce qu’avoir les connaissances est une chose, mais savoir les exploiter et les retranscrire intelligemment en est une autre.

Au risque d’en décevoir certains et d’en conforter d’autres, il n’existe pas de telle recette miracle. S’il y en avait une, ça se saurait. 

Néanmoins, ne jeter pas l’éponge tout de suite, car il existe plusieurs lignes de conduite à respecter qui vous permettront de « réduire l’aléa », comme on dit.

1. Le fond


Évidemment, connaître votre cours, la jurisprudence et parfois même la doctrine est la base de votre travail et votre copie sera notée en fonction de vos connaissances théoriques – et pratiques – de la matière.

N’ayez aucun doute là-dessus, sans connaissance vous n’irez pas loin, d’où le travail de fond que vous devez accomplir par vous-même d’ici septembre.

Sur ce point, tous les articles de ce blog vous permettront de trouver la motivation et des conseils pour mener à bien vos révisions. Néanmoins, comme il s’agit d’un travail personnel qu’il revient à chacun de mener, nous ne nous étendrons pas sur le sujet si ce n’est pour vous rappeler à quel point connaître votre cours, maîtriser les bases, est primordial pour réussir le CRFPA. 

Les correcteurs vous attendent inévitablement au tournant sur le fond de votre copie.


2. La forme 


Nous allons essayer de nous concentrer plus longuement sur la façon dont vous allez retranscrire vos connaissances par écrit et pour laquelle il existe – presque nécessairement – une marge de progression pour chacun d’entre vous.

Ici encore, n’ayez aucun doute, « la forme » est un élément très important que vous devez absolument maîtriser d’ici septembre, au risque d’impacter le fond de votre copie. Très simplement, si vous n’êtes pas capables de retranscrire clairement et habilement les connaissances que vous avez, le correcteur considèrera que vous n’en avez pas ou peu et le fond de votre copie en pâtira.


A. La note de synthèse
Épreuve au coefficient 2 et pour laquelle vous ne « devez pas » réviser, vous comprenez facilement qu’une grande partie de votre notation se fera sur la « forme ». Les connaissances sont dispersées dans les documents donnés et il vous reviendra de les remettre dans un certain ordre, sans jamais donner votre avis. Dès lors, un grand soin doit être apporté aux règles de forme propres à votre IEJ,
dont nous résumons les principales ci-dessous :


  •  La longueur de votre copie ne devra pas excéder 4 à 5 pages selon les IEJ. Inutile de « tricher » en tentant d’écrire plus gros ou plus petit que votre écriture, ou en considérant que la demi-page que vous perdez au début de votre copie du fait de l’encadré pour la notation, vous permet de dépasser sur la 6ème page.
  • Vos sous-parties doivent être équilibrées en termes de documents cités et de longueur.
  • Le langage utilisé ne doit être ni journalistique, ni familier.
  • Vous ne devez pas donner votre avis, mais refléter ce qui ressort des documents donnés
  • Vous ne devez pas apporter de connaissances qui ne se trouveraient pas dans les documents donnés. Chaque phrase doit apporter un élément nouveau que vous pouvez raccrocher à un document donné.
  • Vous devez citer tous les documents, en fin de phrase et entre parenthèses.
  • Pas de verbe conjugué ou de signe de ponctuation dans les titres de vos parties ou sous-parties.
  • On ne vous fait pas l’affront de vous rappeler d’écrire en français, sans faute de grammaire ou d’orthographe, mais évidemment cela s’impose.
Les entrainements des IEJ ou des prépas privées vous permettront de maîtriser ces règles de forme cruciales à l’épreuve de note de synthèse. Il est assez facile de les respecter en s’entrainant et de ne pas perdre de points « bêtement » le jour J.

B. Les autres épreuves
Concernant les autres épreuves (spécialités et droit des obligations / procédure), les exigences de forme sont sûrement plus subtiles que pour la note de synthèse, et il convient de revenir sur 4 points essentiels : 

  •  Toujours revenir aux fondamentaux, aux bases de vos cours (conseil de fond et de forme).
Concrètement, s’il s’agit d’un cas pratique, vous devrez systématiquement vous attacher à partir d’un article du code pour ensuite expliquer de quelle manière la jurisprudence l’a interprété (et éventuellement indiquer une évolution jurisprudentielle si cette dernière est importante) et finir par indiquer que cette solution a été confirmée/infirmée dans un arrêt récent de 2016. En aucun cas vous ne devez commencer par rappeler l’arrêt de 2016 pour ensuite revenir sur l’évolution jurisprudentielle qui l’a précédé car vous raisonneriez à l’envers.
De même, s’il s’agit d’un commentaire d’arrêt, tâchez de remonter au maximum au visa de l’arrêt dans votre analyse. Le but étant de prendre de la hauteur sur l’arrêt et ne pas rester enfermé dans la solution de la Cour de cassation mais bien de comprendre pourquoi elle a jugé dans ce sens, et, le cas échéant, indiquer pourquoi elle aurait pu juger dans un autre ou pourquoi elle ne le pouvait pas (conséquences juridiques/pratiques néfastes pour le justiciable, etc.).

Revenir aux fondamentaux est vraiment le point le plus important, le CRFPA n’est plus un examen de connaissances d’actualités bête et méchant, il implique d’avoir une vision complète et approfondie des cours. Les actualités vous permettront de briller mais sûrement pas de réussir si vous les utilisez sans vos bases. Sachez que la plupart des arrêts récents sont dans les codes, donc que tout le monde y a accès. C’est donc le raisonnement que les correcteurs rechercheront en premier, avant les arrêts d’actualités, donc revenez toujours aux bases !

  •  Ne soyez pas extravagants. Le droit n’est pas particulièrement fun et surtout pas le jour du CRFPA. Ne tentez rien, ne commencez pas à inventer de nouvelles théories doctrinales dans votre copie et même si ça vous semble hyper pertinent. Vous ne serez pas noté sur votre créativité, sachez-le. Ayez l’esprit critique oui, mais toujours en restant dans les sentiers battus par les pontes du droit avant vous.

On évite par exemple ce que j'ai fait lors d'une consultation proposée par une prépa privée


Dans la même veine, pas de couleur dans vos copies, pas de rond sur les i au lieu d’un point, pas de point d’exclamation, pas de jargon, pas de citation de Beyoncé ou de Zlatan Ibrahimovic dans votre accroche.

  • Allez à l’essentiel en faisant des phrases courtes. N’essayez pas de noyer le poisson ou de vous croire plus malin que le correcteur qui corrigera votre copie à 2h du mat’, ça ne fonctionnera pas. Afin d’être compris et de montrer que vous savez raisonner, que vous avez tout d’un avocat en devenir en somme, ne dissertez pas sur des phrases de 5 lignes. La concision et la précision sont vos meilleures amies.

  • Soignez votre calligraphie : une copie illisible est une mauvaise copie, pour le correcteur tout du moins. Étant donné le nombre de copies que les correcteurs ont à corriger, le temps qui leur est imparti pour le faire, les conditions et endroits dans lesquels ils les corrigeront, sachez qu’ils ne prendront pas le temps de déchiffrer une copie illisible. Et dans le doute, vous aurez quasiment toujours tort. Donc, faites attention à la façon dont vous écrivez et ce, d’autant plus pour les informations importantes, telles que le numéro d’un article ou une date.

En résumé, soyez consensuels. Mettez dans vos copies ce que l’on attend de vous : des connaissances adroitement et précisément développées, sans pirouette et excès. Et le mieux pour arriver à cela est encore de s’entraîner alors n’oubliez pas les entrainements de l’IEJ ou de votre prépa privée !

Juliette

PS : Dans le prochain article, qui arrive très prochainement, « Avoir le Barreau » vous livre le point de vue « inside » des correcteurs du CRFPA !

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lundi 21 mars 2016

Faut-il aller à l’IEJ ?

 Si cet article arrive un peu tard dans l’année, du fait qu’on soit déjà mi-mars, le sujet qu’il traite n’en est pas moins intéressant.

En effet, vous vous êtes tous inscrits à l’IEJ de la faculté dans laquelle vous allez passer l’examen du CRFPA, en payant une somme (parfois conséquente) qui vous permet d’assister aux cours dispensés par l’IEJ (1), de réaliser des examens blancs corrigés (2) et de vous présenter à l’examen le jour J.




1. Assister aux cours dispensés par l’IEJ

Tout d’abord, c’est vrai que le mot « cours » peut paraître un peu exagéré. Il s’agit, pour la plupart des IEJ, de séances d’actualisation qui permettent de revenir sur certains arrêts / évolutions clés de l’année en cours, et non d’un vrai cours à proprement parler, qui aurait vocation à revenir sur tous les aspects du programme avec exhaustivité. D’ailleurs, le nombre d’heures consacré pour chaque matière ne permet pas de revenir sur tout un programme ; et professeurs comme étudiants en sont (normalement) bien conscients.

Partant de ce constat, que les « cours » dispensés par l’IEJ ne sont, pour la plupart, pas des cours, mais des séances ciblant des points précis du programme, faut-il assister à ces cours ?
La théorie vous dira que oui, il faut y assister (a). La pratique vous dira que non, vous n’y assisterez pas (b). Comme souvent, il existe un juste milieu dans lequel la plupart des étudiants se reconnaîtront (c).

a. En théorie, vous devriez assister aux cours pour plusieurs raisons principales :

-          les cours sont dispensés par les professeurs qui feront l’examen le jour J, ou par un de leurs disciples ; 
-          les cours dispensés peuvent donner des indices sur les points du programme appréciés par le professeur en charge de l’épreuve ou en tout cas sur les points que le professeur a pris le temps d’approfondir et qui sont donc des sujets potentiels ; 
-          le professeur peut glisser (plus ou moins subtilement) le type d’épreuve qu’il compte proposer le jour J (cas pratique ou consultation, dissertation, commentaire d’arrêt ou de texte) ; 
-          assister aux cours vous permet d’avoir un rythme dans vos révisions et dans vos semaines, ce qui peut vous aider à vous motiver pour travailler pendant l’année et pas seulement cet été ; 
-          assister aux cours vous permettra de réaliser les examens blancs proposés par l’IEJ, comme nous le verrons dans une deuxième partie.


Toutes ces raisons vous permettront d’avoir une idée / un ressenti sur les types de sujets qui peuvent être proposés et sur leur contenu, tout en vous permettant de réviser tout au long de l’année ; alors pourquoi ne pas y aller ?!

b. En pratique… en pratique c’est quand même compliqué d’assister aux cours de l’IEJ pour plusieurs raisons : 

-          Les horaires car souvent les cours ont lieu tard le soir (donc les étudiants sont fatigués / ont autre chose à faire) ou en pleine journée (donc les étudiants sont en stage / boulot / ont autre chose à faire) ; bref, c’est jamais au bon moment ; 
-          La vitesse à laquelle les cours sont dispensés, car souvent la durée est de 2h et le professeur souhaite traiter le maximum d’informations. Ce qui résulte en un flux de paroles assez soutenu et l’impossibilité, la plupart du temps, de poser des questions ; 
-          La précision des points abordés ce qui empêche d’avoir une vision globale du cours ou parfois même tout simplement de comprendre le cours quand on ne le connait pas et que le professeur aborde simplement un point précis du programme / un arrêt en particulier qu’on ne peut pas resituer dans l’ensemble du programme. 

Sachant que la plupart d’entre vous ont prévu de réviser cet été et de revoir tout le programme à ce moment-là, les cours de l’IEJ ne présentent que peu d’intérêt.

c. Au final, c’est surtout les emplois du temps de chacun et chacune qui détermineront si vous irez ou non à l’IEJ, et pas tellement le contenu de ces cours qui vous motivera à y aller.
Dans tous les cas, sachez que grâce aux groupes créés sur les réseaux sociaux, les Dropbox et l’entraide générale qui se faire ressentir pendant l’été, vous n’aurez pas trop de mal à vous procurer un cours (plus ou moins complet et bien écrit) de l’IEJ. 

Notez également pour ceux qui prendront une prépa privée pendant l’été que ces dernières se renseignent également un maximum sur ce qui se dit lors des cours de l’IEJ afin de vous retransmettre les informations importantes.

2. Réaliser les examens blancs corrigés proposés par l’IEJ
Si ne pas aller aux cours dispensés par l’IEJ peut se comprendre / se justifier, il en est autrement des examens blancs proposés par l’IEJ.


En effet, en plus des cours, l’IEJ vous propose également de composer des examens blancs pendant l’année, souvent 2 en droit des obligations / procédure, 2 en matière de spécialité et plutôt 5 ou plus notes de synthèse.

Réaliser ces examens blancs est fortement recommandé puisqu’ils vous permettront :
 -          d’acquérir la méthode (très importante en note de synthèse, surtout en raison des différences qu’il existe entre chaque IEJ pour cette épreuve) ; 
-          d’apprendre à gérer votre temps et de composer dans les conditions réelles du jour J ; 
-          de vous réhabituer à écrire avec un stylo ; 
-          de voir le type d’exercice qui a été proposé (et qui peut être un indice pour le jour J ; les IEJ étant censés proposer un type de sujet le jour J qui est déjà tombé lors d’un examen blanc, mais on a vu (notamment à Paris II) que ce n’était pas toujours le cas) ; 
-          d’avoir une première idée – bien que souvent très tronquée – de votre niveau.

Il est donc fortement recommandé de réaliser les examens blancs proposés par votre IEJ. Il convient néanmoins de différencier selon les épreuves. 
Concernant la note de synthèse, nous serons ici unanimes : c’est l’épreuve sur laquelle vous devez impérativement vous entrainer en réalisant celles de l’IEJ. Vous vous familiariserez ainsi avec les exigences, notamment de forme, de votre IEJ qui sont d’une importance considérable dans la notation.

Si vous ne l’avez pas déjà fait, profitez des dernières notes de synthèses proposées par votre IEJ pour vous entrainer !

Concernant les 2 autres épreuves, à savoir celle d’obligations / procédure et celle de spécialité, les examens blancs présentent l’inconvénient majeur qu’ils arrivent tôt dans l’année et que – souvent – vos révisions ne sont pas assez poussées pour les réaliser sereinement. La plupart des étudiants se dit alors que ce n’est pas la peine d’y aller puisqu’une mauvaise note est assurée, faute de connaissances.

Évidemment, ces 2 épreuves nécessitent des connaissances de fond que vous ne retrouverez pas dans la note de synthèse et cela se ressent souvent sur les notes, puisque peu d’entre vous ont déjà assimilé la moitié du programme au mois de mars.

Néanmoins, réaliser ces entrainements vous permettra, comme cela a été évoqué ci-dessus, de prendre un certain rythme dans vos révisions, de voir le type de sujets proposés, de composer dans un laps de temps imparti, etc. De plus, il n’est pas exclu de composer avec un cours à côté, pour aller vérifier quelques notions qui vous ferait défaut (attention bien sûr à ne pas perdre trop de temps, afin de réaliser l’épreuve dans les conditions les plus proches de celles de l’examen). Enfin, il est plus facile de composer sur certains types de sujets que sur d’autres, lorsque l’on a peu de connaissances (privilégiez le commentaire d’arrêt que le cas pratique, par exemple).

Ainsi, il n’est pas impossible de composer dans ces 2 épreuves malgré le fait que vous ne connaissez pas tout le programme. Cela constitue une première approche concernant les types de sujets proposés et votre façon de les traiter, et il ne faut surtout pas s’arrêter sur la note que vous aurez puisqu’elle reflète – rarement – votre véritable niveau. 

En résumé, si le suivi des cours à l’IEJ peut être optionnel en fonction de vos emplois du temps (et à condition que vous réussissiez à récupérer un cours pendant l’été ou que vous suiviez une prépa privée qui vous transmettra les informations), la réalisation des examens blancs est plus que recommandée !

Alors, il n’est pas trop tard : notez dès maintenant dans votre emploi du temps les prochains examens blancs proposés par votre IEJ !

Juliette
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dimanche 6 mars 2016

Comment choisir ses matières ?




Le choix des matières est une étape décisive dans la préparation à l’examen du barreau.

A ce titre, plusieurs éléments sont à prendre en compte. Les voici listés par ordre d’importance, selon mon point de vue :

1. Votre connaissance de la matière ;
1. (ex-aequo) La réputation (fondée), en termes de notation, de l’examinateur en charge de la matière ;
3. Les types de sujet habituellement proposés ;
4. La charge de travail que va représenter la révision de cette matière (critère en partie lié à votre connaissance de la matière mais également à l’ampleur du programme) ;
5. Votre intérêt pour la matière.

Nous allons tout simplement aborder ces éléments un à un afin de les développer.

*****

1. Votre connaissance de la matière

Ce critère est le premier qui vient à l’esprit de tout étudiant lorsqu’il s’agit d’effectuer le choix de ses matières. En effet, il est tout naturel de vouloir choisir la matière avec laquelle on a le plus d’affinités. C’est encore plus vrai pour ceux qui sont en cours de spécialisation dans le cadre d’un M2 ou ceux déjà spécialisés (post-M2).

Choisir les matières que l’on connait le mieux a tout d’abord un côté rassurant car on ne découvre pas une matière, ce qui permet ainsi de passer moins de temps à comprendre et, in fine, à maitriser ladite matière.

Néanmoins, outre la nécessité de vérifier la réputation de cette matière (deuxième point ci-dessous), il faut prendre garde au fait d’être trop spécialisé. Je m’explique. Il s’agit de la situation d’un étudiant qui aurait une excellente connaissance d’une matière, ce qui pourrait lui jouer des tours. En effet, il est courant dans certains gros IEJ (parisiens notamment) que les correcteurs spécialisés dans certaines matières viennent à manquer. Dès lors, les copies devant être corrigées, les correcteurs finaux ne seront pas nécessairement spécialistes de la matière qu’ils corrigent. Ces correcteurs s’appuieront donc en très grande partie sur le corrigé fourni par l’examinateur pour noter les copies. En conséquence, un étudiant qui aurait une très bonne maitrise de la matière devra prendre garde à ne pas rendre une copie trop « pointue », comprenant des éléments qui ne seraient pas susceptibles de figurer dans le corrigé et d’être compris par le correcteur.

Il faut garder à l’esprit que dès lors que le correcteur ne comprend pas le contenu d’une copie, il considérera qu’il est faux, ou du moins qu’il n’est pas suffisamment bien expliqué pour que la copie puisse avoir tous les points.

Bien entendu je ne vous conseille pas de renoncer à votre matière de spécialité afin d’éviter ce problème. Toutefois, c’est un élément que vous devez garder à l’esprit lorsque vous serez devant votre copie.

1. (ex-aequo) La réputation, en termes de notation, de l’examinateur en charge de la matière

C’est le fameux moment des calculs et stratégies. La première fois que j’ai passé le barreau, je n’étais pas très fan de cette « théorie » selon laquelle certaines matières étaient durement notées et qu’il fallait donc les éviter. Etant partiellement spécialisé en droit international privé, je souhaitais prendre cette matière au écrits. Je me suis finalement ravisé et n’ai pas regretté mon choix.

Je tiens à préciser d'entrée que ces réputations doivent être fondées, et ne pas être de simples bruits de couloir éphémères. 

Cela étant dit, dans certains IEJ, certaines matières sont généralement à éviter, quand bien même elles correspondraient à votre spécialité.

Je vais prendre l’exemple de Paris 2, que je connais bien, au travers de quelques matières :

- Droit international privé : L’épreuve peut sembler simple (cas pratique en apparence pas très compliqué) mais la notation derrière est très sévère. Je vous conseille vivement d’éviter de prendre DIP en matière de spécialité ;

- Droit de l’UE : Il y a quelques années cette matière était très prometteuse (cas pratique sur 1/3 du programme avec une notation souple) mais depuis 2 ans l’examinateur a durcit la notation, ce qui rend cette matière moins « payante ». A éviter pour ceux qui ne seraient pas spécialistes ;

- Droit patrimonial : C’est LA matière à la mode à Paris 2, et pour cause. Elle figure systématiquement dans le top 3 des matières les mieux notées, le programme est abordable à tout étudiant en droit privé, et de nombreux liens peuvent être faits entre le droit patrimonial et le droit des obligations, ce qui permet d’avoir une meilleure compréhension du droit des obligations en révisant le droit patrimonial et inversement. Cette tendance est renforcée avec la reprise de cette matière par un nouvel examinateur l’année dernière ;

- Droit fiscal : Le droit fiscal est généralement la matière de spécialité ayant la meilleure moyenne générale. Cependant l’examen est relativement pointu en termes de connaissances. En conséquence : les spécialistes et ceux qui ont des affinités avec cette matière, n’hésitez pas ; les autres, abstenez-vous.

Je ne connais malheureusement pas les réputations de toutes les matières à Paris 2 et encore moins celles des autres IEJ. C’est pourquoi je vous encourage vivement, soit à nous faire parvenir les informations que vous avez eues dans vos IEJ (ne serait-ce que pour une matière) afin que nous puissions établir un tableau recensant les matières à prendre et à éviter dans les différents IEJ, soit  à contacter des étudiants qui ont passé le barreau dans vos IEJ afin qu’ils puissent vous renseigner sur les tendances des matières.

Petite précision de grande importance, ce n’est pas parce que vous nous « pourrez » pas prendre votre matière de spécialité aux écrits (dû à la réputation sulfureuse qu’elle pourrait avoir dans votre IEJ) que vous ne pourrez pas la prendre aux oraux. En effet, toutes les subtilités des écrits liées aux correcteurs n’ont pas cours lors des oraux. Pour ces derniers, le programme entier est divisé en petits sujets sur lesquels vous serez interrogés. En outre, il peut y avoir un intérêt à garder sa matière de spécialité pour les oraux. Cet aspect sera développé dans le 5.

3. Les types de sujet habituellement proposés 

Les types de sujets habituellement proposés sont un autre élément à prendre en compte lorsque vous choisirez vos matières, car tous les exercices ne mobilisent pas les mêmes connaissances et compétences de l’étudiant.

Vous l’aurez compris, la principale distinction à opérer est entre les cas pratiques et les commentaires d’un côté, et les dissertations de l’autre. Alors que les premiers exercices sont réputés pour être plus « sûrs » en termes de notation, le second est plus aléatoire. De plus, les sujets les plus courants étant les cas pratiques et les commentaires, on a tendance à s’entrainer davantage sur ces derniers que sur les dissertations.

Néanmoins, à chacun ses affinités envers les différents types de sujets. Cependant, ne commettez pas l’erreur, que j’ai commise, de prendre procédure pénale à Paris 2 en espérant un cas pratique et de vous retrouver devant une dissertation. De manière générale, je déconseille à ceux qui ne sont pas spécifiquement calés en dissertation de s’aventurer à choisir une matière dont le sujet en est habituellement une.

4. La charge de travail que va représenter la révision de cette matière

Comme précisé ci-dessus, ce critère est à mettre en relation avec votre connaissance de la matière. Logiquement, si vous maitrisez déjà bien la matière, vous passerez moins de temps dessus.

Cependant, il faut aussi prendre en compte le programme de la matière. Je fais référence ici tout particulière au droit commercial ainsi qu’au droit de la famille (et ses fameux régimes matrimoniaux). Les programmes de ces deux matières sont particulièrement lourds, c’est pourquoi il vaut mieux avoir de solides connaissances dans ces matières, ou être assuré que certains pans du programme ne sont, officieusement, pas au programme (inutile d’appeler le directeur de l’IEJ en lui demandant si telle ou telle partie est au programme, il vous répondra que oui car c’est indiqué par l’arrêté. Allez plutôt voir vos intervenants qui dispensent les cours de l’IEJ).

5. Votre intérêt pour la matière

Comme pour tout travail, bosser sur un sujet qui nous intéresse nous fait mieux supporter la charge de travail, permet d’être plus efficace et de moins avoir la sensation que la journée est interminable, et nous met dans de meilleurs conditions psychologiques pour travailler.

C’est pourquoi il est malgré tout important que la matière que vous choisissez ne vous donne pas envie de vous tirer une balle dans la tête en la révisant !

Si la matière choisie est votre matière de spécialité, pas de souci (tout du moins je l'espère pour vous…). Mais si votre matière de spécialité n’est pas « recommandée » aux écrits, dans ce cas-là pas d’inquiétude. En effet, vous pourrez toujours la prendre aux oraux. Il est même conseillé d'avoir pour les oraux une matière qui vous motive à travailler car, comme vous le verrez dans quelques mois, il est très difficile de se remettre à travailler après les écrits. Dans ces moments de déprime, le fait d’avoir une matière qui vous stimule peut être votre bouée de sauvetage qui vous permettra de relancer la machine à travailler.

Néanmoins, la règle absolue à garder en tête est de mettre le paquet pour avoir les écrits avant de penser aux oraux. Cette règle vaut en termes de travail mais aussi de "stratégie". Par conséquent, le raisonnement précédent ne doit en aucun cas s'appliquer si votre matière de spécialité aux écrits ne présente pas de difficulté et vous permettra d'engranger des points. Ce raisonnement sert seulement à rassurer ceux qui seraient déçus de ne pas "pouvoir" prendre leur matière de spécialité aux écrits dû fait de la notation particulièrement sévère en vigueur pour cette matière.

***** 

En conclusion, votre façon de procéder doit globalement être la suivante :

- Identifiez la (les) matière(s) avec laquelle vous êtes le plus à l'aise ;
- Vérifiez que cette matière n'a pas pour réputation d'être notée trop durement ;
- Vérifiez que les types de sujet habituellement proposés sont adaptés à vos connaissances et compétences ;
- Assurez-vous que vos connaissance en la matière sont suffisantes afin de vos garantir une charge de travail qui ne soit pas démesurée (notamment au regard de l'étendue du programme de la matière) ;
- Gardez à l'esprit qu'il sera toujours plus facile de travailler une matière pour laquelle vous avez un intérêt.

Vous avez à présent la plupart des éléments pour choisir de façon éclairée vos matières pour le barreau. N’hésitez donc pas à vous renseigner autour de vous concernant les matières que vous envisagez de choisir et d’aller voir les programmes des matières dans l’annexe de l’arrêté du 11 septembre 2003.

*****

Bon courage pour ceux qui ont commencé les révisions, vous êtes sur le bon chemin !


Pour les autres (et pour ceux qui commenceraient déjà à flancher), le prochain article traitera une autre question existentielle : faut-il aller à l’IEJ ?

Alexandre
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lundi 29 février 2016

Avoir le Barreau à l'étranger (1) : L'Allemagne

By 22:51:00

Avant-propos introductif

Ce texte n’a pas pour vocation de décrire précisément les études juridiques telles qu’elles se déroulent en Allemagne, ni d’être un guide pour des épreuves organisées pour devenir avocat dans ce pays (si en 50 articles de blog on commence à peine à donner un aperçu de ce que c’est pour la France, il est impossible de faire plus qu’un bref aperçu avec un seul article pour l’Allemagne !).

Il y a par ailleurs énormément de choses dans les études juridiques à travers le monde qui s’expliquent à la fois par les traditions, les habitudes, la conception générale du rôle de l’avocat et de la justice dans le pays, ainsi que la conception des études juridiques ; en notant également que dans la plupart des pays, le domaine du droit et celui des professions juridiques sont souvent des domaines où les réformes sont très discutées et prennent beaucoup de temps (Coucou la réforme du droit des contrats ; les avoués ; les avocats d’entreprises !). Aussi, il faudrait pour être précis faire un historique général du droit en Allemagne, ce qui n’est pas le propos ici.

Néanmoins, à une période où des rumeurs portent sur la réforme de l’examen du barreau se font entendre, où les centres de formations essaient beaucoup de nouvelles choses dans leurs enseignements (avec plus ou moins de succès, certes) et où les parcours sont de moins en moins linéaire type « Licence-Master-Stage-Collab », il peut être bon d’aller voir ce qui se fait ailleurs.

Mais pour que cela soit utile, il faut se poser les bonnes questions sur chaque point : Est-ce que ça marche ? Pourquoi ça marche (ou pas) ? Est-ce que c’est transposable/adaptable efficacement ? Ne nous jetons pas bêtement sur ce que font les voisins parce que de loin on a l’impression que ça marche, que ça correspond à nos envies ou que ça semble meilleur que ce que l’on fait chez nous !

Petit point sur l’auteur et la forme du texte

Sven est ami avocat allemand, qui pratique les fusions-acquisitions dans un cabinet de taille assez conséquente à Francfort, place financière majeure de l’Allemagne, et plus largement de l’Europe. Très ouvert, et ayant été en contact avec d’autres systèmes de droit, Sven a une réflexion claire et intéressante sur les études juridiques ; le fait qu’il soit lui-même avocat depuis maintenant quelques temps lui donne le recul nécessaire pour en parler de la meilleure des manières.

Le texte a été rédigé en anglais, que j’ai par la suite traduit, nos niveaux respectifs en allemand et français nous obligeant à passer par l’anglais. Les notes entre crochets [en italique] sont toutes de moi-même, afin de préciser soit le sens d’une traduction si besoin, soit de faire une remarque sur le texte lorsque cela est pertinent, et notamment en m’appuyant sur ce que Sven a pu me dire au cours de nos discussions et qu’il n’a pas intégré ici.

Petit point sur le marché du droit en Allemagne

Le marché du droit en Allemagne est globalement le même qu’en France, du fait que ce sont deux pays aux profils et économies très similaires. On y retrouve les mêmes très gros cabinets anglo-américains que partout ailleurs ; à cette différence près que leurs bureaux sont en général plutôt à Francfort qu’à Berlin, la première étant le véritable centre économique et financier du pays.

A noter quand même que l’Allemagne est un pays historiquement beaucoup moins centralisé que la France (14 villes de plus de 500 000 habitants en Allemagne ; 3 en France), les grandes villes de province et capitales des régions sont de véritables centres d’affaires, aussi les cabinets sont plus ouverts à s’installer dans ces villes.

Cette économie plus dispersée permet aussi de faire vivre des cabinets de taille moyenne, implantés dans des villes dont le format (population, économie, sièges sociaux d’entreprises, pouvoirs politiques) n’a pas réellement d’équivalent en France.

Les études juridiques en Allemagne, de l’université au barreau, par Sven, Avocat

Les études juridiques en Allemagne sont décomposées en deux parties (du moins si vous souhaitez pratiquer le droit en tant qu’avocat).

La première partie est celle de l’université, dure au moins 8 semestres et se termine par le « Erstes juristisches Staatsexamen » - le Premier Examen d’Etat.

La deuxième partie dure 2 ans, et ne peut être commencée qu’après avoir réussi le premier examen d’état, ne se déroule pas à l’université mais auprès des juridictions locales, et est composée principalement de stages et d’expériences pratiques, avec quelques cours en à côté. Cette seconde partie se termine avec le « Zweites Staatsexamen » - le Second Examen d’Etat.

Sur la première partie des études

L’enseignement universitaire

La partie qui se déroule à l’université pose les bases de vos connaissances juridiques. De ce fait, vous n’avez pas à traiter de la procédure ou du travail auprès des clients, mais vous suivez des enseignements dans les trois branches majeures du droit : Droit civil, Droit pénal et Droit administratif.

Les 4 premiers semestres sont les études de bases « Grundstudium » et sont évalués sur la base d’un mémoire [Sven utilise ici le terme anglais de « essay »] et d’un examen écrit pour chacun des domaines mentionnés. Il est possible de se spécialiser dans une matière particulière dans les semestres suivants, pour avoir une connaissance plus approfondie en droit des sociétés, droit du travail, droit pénal, droit procédural, etc. Comme chaque université peut proposer différents cours spécialisés, il est impossible de dresser une liste de tous les cours disponibles. Dans vos matières de spécialité, vous devez rendre un mémoire, et passer un examen écrit et un examen oral ; les notes obtenues comptent déjà pour vos notes du Premier Examen d’Etat.

Les examens eux-mêmes (et également pour le droit civil, pénal et administratif) consiste en général en un cas type (avec tous les faits pertinents, et même les intentions des personnes en cause) sur lequel vous devez rédiger une analyse juridique objective. De fait, le « résultat » n’est pas spécialement évalué, mais plutôt l’application de la règle de droit et (pour les semestres plus avancés) la présentation correcte des débats et discussions qui portent sur certains points de droit [Exercice identique à celui du cas pratique de chez nous].

Le Premier Examen d’Etat

Le Premier Examen d’Etat est composé de 6 examens écrits en tout (3 en droit civil, 2 en droit administratif et 1 en droit pénal – je ne suis pas 100% certain cependant, j’ai passé le mien il y a quelques temps maintenant), qui durent chacun 5 heures ; et de 3 examens oraux (1 par domaine). Une « spécificité » des études juridiques en Allemagne est que seul l’Examen d’Etat compte. Si vous avez les meilleurs notes jusque-là, mais que vous ratez l’Examen d’Etat, tout le monde s’en fiche [Vous pensiez que vos partiels étaient stressants ? Imaginez que vous les passiez tous en même temps en fin de M1…]. C’est encore pire puisque vous ne pouvez passer l’examen que deux fois (une seule erreur est donc possible).

En lien avec tout cela, vous devez farder à l’esprit qu’en moyenne un tiers des étudiants ne réussissent pas l’examen. Si vous ratez le Premier Examen d’Etat deux fois, vous êtes dehors et n’aurez plus l’occasion de le repasser en Allemagne, ce qui vous laisse avec quelques connaissances juridiques, beaucoup de temps perdu et rien pour prouver vos capacités. Vous êtes ramenés en arrière à avoir simplement un diplôme de lycée ; perspective qui fait exploser le niveau de stress des gens qui le repassent après avoir échoué une première fois [Comme quoi, la sélection forte en fin de L1 peut paraître dure, mais elle peut sembler plus « humaine » qu’une sélection après 4 ans d’études].

La seconde partie

La seconde partie est la « partie en juridiction » [Effectivement, cette partie qui correspond plus ou moins à l’EFB, est gérée par les juridictions, alors qu’en France c’est le Barreau local qui s’en occupe ; probablement un vestige de l’Histoire], beaucoup plus orientée vers la pratique puisque vous travaillez déjà à un poste juridique, supervisé par un professionnel plus expérimenté. Elle est décomposée en 5 étapes. Vous commencez d’abord par un stage dans un tribunal civil, supervisé par un juge [Sven utilise ici le terme « Clerkship », qui n’est pas tout à faire un stage. Il s’agit en vérité d’exercer les fonctions d’un super-greffier auprès du juge (recherches juridiques, rédaction de décisions, etc.). Il est également possible d’exercer les pouvoirs du juge lors de certaines audiences, sous sa supervision]. Puis, habituellement vous travaillez auprès d’un procureur local et représentez le parquet devant les tribunaux [Encore une fois, il s’agira notamment d’exercer réellement les pouvoirs du procureur lors d’audiences, et non d’un simple stage comme on peut le comprendre à première vue]. Ensuite, vous pouvez choisir librement votre premier stage en cabinet, dans le cabinet que vous souhaitez. Par la suite, vous effectuez un stage dans une administration locale, et encore un stage dans un cabinet, qui peut être le même que pour le premier stage, ou différent.

C’est pendant ce second stage en cabinet qu’a lieu la partie écrite du Second Examen d’Etat, ce qui fait que la plupart des gens ne travaillent pas beaucoup pour le cabinet durant ce second stage, mais révise plutôt pour l’examen. Entre la partie écrite de l’examen, et la partie orale, se déroule le « Wahlstation », où vous êtes totalement libre de choisir dans quel type de poste vous souhaitez travailler. Beaucoup de gens utilisent cette étape pour partir à l’étranger [Par exemple, pour passer un LLM, ou effectuer un stage dans une structure étrangère].

Le Second Examen d’Etat

Le Second Examen d’Etat consiste en un total de 8 examens écrits (pour autant que je me rappelle, 4 en droit civil, 2 en droit administratif et 2 en droit pénal) et de 4 examens oraux (1 dans chacun des 3 grands domaines du droit, et 1 dans une matière choisie). A la différence du Premier Examen d’Etat, le Second Examen est plus proche d’un travail pratique : on vous donne un dossier et vous demande d’extraire les faits importants, pour ensuite rédiger une décision de justice, une assignation ou un acte similaire [Comme les examens du CAPA, mais de ce que j’ai cru comprendre, en mieux fait (et en plus sélectif)]. Vous avez la possibilité de passer l’examen deux fois également, mais au moins si vous échouez deux fois, vous êtes quand même titulaires du Premier Examen et pouvez travailler comme juriste dans une entreprise. Toutefois, vous ne pourrez pas exercer comme avocat devant un tribunal ou faire du conseil juridique de la même manière qu’un avocat [Exactement la même différence qu’en France entre juristes et avocats, donc].

Une autre chose importante dans les études juridiques allemandes est l’importance des notes obtenues pendant les Examens d’Etats. Dire qu’elles vous suivront toute votre vie serait amoindrir leur importance réelle. Chaque cabinet, entreprise ou opportunité d’emploi vous demandera toujours vos notes obtenues aux Examens d’Etat et vous « traiteront » différemment en fonction de ces notes. De ce fait, les emplois dans les grands cabinets d’avocats vous demanderont toujours d’avoir une certaine note minimum, ce qui élimine d’avance une grande partie des avocats [Je suis personnellement horrifié à cette idée, mais je peux comprendre la logique derrière. Elle repose néanmoins sur l’idée que le Second Examen constitue une évaluation objective précise et de qualité des capacités des étudiants. Or, ni l’examen d’entrée au CRFPA ni le CAPA ne présentent le gage de sérieux et de qualité suffisant pour envisager à court ou moyen terme quelque chose de proche en France].

Conclusion

Pour résumer, les études de droit en Allemagne sont perçues – au moins en Allemagne –comme parmi les plus longues (au moins 6 ans ; l’étudiant moyen ayant besoin de 7 à 8 ans) et les plus difficiles qu’il est possible de suivre [Je me demande comment sont perçues les études de droit en France, par ceux qui y sont extérieurs ?]. Elle réclame également des étudiants une grande part de motivation personnelle, car aucun des cours de l’université (sauf certains pendant les tous premiers semestres) ne sont obligatoires. Mais, et c’est le point positif, si vous réussissez à suivre vos études de droit avec des notes correctes pendant vos Examens d’Etats, le marché du travail pour les avocats est plutôt bon, et les salaires de départ dépassent de façon significative ceux de la plupart des autres emplois [Les salaires à postes équivalents dans les cabinets internationaux sont globalement les mêmes entre la France et l’Allemagne, ce qui semble assez logique (mêmes cabinets, mêmes compétences, mêmes niveau de vie, etc.)].
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mardi 16 février 2016

Le calendrier des révisions



La première chose que je fais, personnellement, avant de commencer des révisions, ou tout type de travail, est de me fixer un programme/calendrier. Cet exercice n’est pas simple et se complexifie en fonction de la durée et de la diversité du travail à effectuer.

Concernant les révisions du barreau, il vous faut tout d’abord prendre en compte le poids de vos contraintes, universitaires ou professionnelles, dans l’établissement de votre programme de révisions. Je m’explique. Plus vous êtes occupés (par votre M1, M2, stage, etc.), moins vous pourrez accorder de temps aux révisions du barreau. N’essayez donc pas de vous fixer un programme irréaliste qui nécessiterait de travailler tous les soirs de 23h à 2h du mat. Si vous avez décidé de suivre les conseils disséminés dans les articles de ce blog, vous êtes partis pour des révisions de fond sur la durée. Il faut donc ménager sa monture, en l’occurrence votre corps et votre esprit, pour pouvoir être à 100% le jour J en termes de connaissances mais aussi de fraîcheur physique et mentale.

Dans la continuité des parallèles sportifs que faisait Alexandre l’année dernière, les préparations physiques de joueurs sont en général conçues pour qu’ils soient à leur meilleur niveau au moment des échéances importantes de l’année. C’est pourquoi la préparation doit commencer à une date spécifique et à une intensité déterminée pour progressivement monter en puissance et arriver fin prêt le jour J. Je pense que la comparaison est pertinente dans le cas des révisions du barreau. Si vous commencez trop fort trop tôt vous risquez d’être mentalement, voire physiquement, cramés le jour des examens.

Après avoir déterminé le temps que vous allez consacrer aux révisions du barreau, vous devez affiner votre programme en tenant compte spécifiquement des matières. Concrètement, vous avez 3 matières à réviser : le droit des obligations, la procédure (civile, pénale ou administrative) et la spécialité. Dans le temps que vous allez accorder à réviser chaque matière, vous devez prendre en compte :

- Le coefficient de la matière ;
- L’ampleur du programme ;
- Votre connaissance actuelle de la matière.

C’est là que les choses se compliquent. En effet, le droit des obligations, par exemple, a un coefficient 1. Son importance est donc moindre que la spécialité qui est de coefficient 2. Cependant, le programme de droit des obligations est un des plus vastes que vous aurez l’occasion de rencontrer. Il faut par conséquent difficile de trouver un bon équilibre, en particulier entre les révisions de droit des obligations et celles de spécialité.

Mais revenons un peu en arrière. Vous avez donc 5 mois (de février à juin inclus) pour faire le tour de ces 3 matières. Ce tour sera plus ou moins approfondi suivant vos obligations actuelles. Je vous conseille vivement d’adapter votre programme de révisions en fonction du temps que vous pourrez consacrer aux révisions du barreau afin de faire en sorte que vous ayez vu tout le programme de chaque matière avant fin juin. En caricaturant, si vous avez, en tout et pour tout, 3 heures à consacrer aux révisions du barreau entre février et juin, vous devrez lire les plans de cours des trois matières. Je pense que cette façon de procéder est plus efficace que de commencer à réviser en profondeur chaque matière et ne réussir qu’à faire 1/3 du programme.

Je vous propose donc plusieurs programmes de révisions en fonction des différents parcours principaux, sur la période de 5 mois et aussi en prenant l’exemple d’une semaine.

M1

- Le programme des 5 mois :

Vous êtes malheureusement les moins bien lotis en termes de temps « libre » à consacrer aux révisions du barreau. N’ayant pas fait d’année de M1 classique, je ne peux que me fier aux retours que j’ai eus de plusieurs amis qui mon confirmé que l’année de M1 est très exigeante et éprouvante.

Cependant, votre travail de M1 peut être mis au profit de vos révisions pour le barreau. En effet, il est probable que vous ayez comme matière celle que vous choisirez en tant que spécialité. Par conséquent, essayez de vous accorder le temps de bien comprendre et travailler cette matière, de faire des fiches plus approfondies, etc. Bien entendu cela implique pour ceux qui ne se sont pas encore décidés sur la matière dans laquelle se spécialiser que votre premier travail, là, maintenant, tout de suite, est de trouver une spécialité !

Pour ce qui est du droit des obligations et de la procédure, je vous conseille malgré tout d’y accorder un minimum de temps par semaine, à voir ci-dessous.

Néanmoins, vous gardez un avantage que n’ont pas vos aînés : les programmes sont plus « frais » dans votre tête. En ce qui me concerne, j’ai étudié le droit des obligations et les procédures pénale et civile en deuxième année, et je peux vous dire qu’un LLM et un M2 plus tard, il ne restait pas grand-chose à l’heure d’aborder les révisions du barreau. J’ai donc du recommencer presque à zéro.

- Le programme de la semaine :

Votre programme est assez restreint du fait de l’importante masse de travail que vous devez fournir en M1.

Je vous conseille néanmoins d’essayer de dégager ne serait-ce que 2 heures dans votre week-end pour vous remémorer vos cours de droit des obligations et de procédure.

Tâchez de passer un maximum de temps possible sur votre matière de spécialité, en essayant surtout de la travailler régulièrement dans la semaine pour bien la maîtriser.

M2

- Le programme des 5 mois :

Pour ceux qui sont en M2, votre emploi du temps est normalement plus light, en particulier au second semestre. Essayez toutefois de vous y mettre assez tôt car vous serez rapidement pris par vos révisions d’examens et autre rapport de stage/mémoire de recherche.

Normalement le thème de votre M2 doit coïncider avec votre matière de spécialité. Auquel cas, de la même manière que pour ceux en M1, approfondissez bien vos cours de M2 afin de gagner du temps sur vos révisions du barreau.

Cependant, comme ce fut mon cas, la spécialisation de votre M2 peut ne pas figurer parmi les matières de spécialité que vous pouvez choisir pour l’examen du barreau. Par ailleurs, la matière dans laquelle vous êtes spécialisé peut malheureusement ne pas être un bon choix tactique pour le barreau, du fait de la sévérité de l’examinateur et/ou de la difficulté des sujets dans cette matière dans votre IEJ.[1]

Le fait d’être en M2 ne vous rajeunit malheureusement pas, il est donc important de réussir le barreau cette année, sous peine de passer une année « vierge » l’année prochaine.  

- Le programme de la semaine :

Que vous soyez en stage ou en recherche, je vous conseille de réserver vos week-ends, ou au moins un jour de week-end, aux révisions du barreau.

Il vous revient évidemment de voir, en fonction des particularités de votre emploi du temps, combien de temps vous pouvez consacrer par semaine aux révisions du barreau et adapter votre programme en conséquence. Encore une fois, le but est d’avoir vu tout le programme d’ici fin juin.

Stage

- Le programme des 5 mois et de la semaine :

Pour ceux qui seraient uniquement en stage (comme ce fut mon cas après avoir raté le barreau à la fin de mon année de M2), il faut impérativement consacrer vos week-ends aux révisions du barreau.

Vous n’avez clairement aucune obligation universitaire comme pourraient en avoir ceux qui sont en M1 ou en M2, avec des examens se profilant en fin d’année. Alors on renonce aux week-ends peinards à glander tout le dimanche et on bouffe du droit des oblig !

Cependant, attention encore à adapter son rythme de travail en fonction du type de stage. Il est certain que celui qui se fait exploiter dans son cabinet et celui qui se la coule douce en entreprise ne devront pas suivre le même programme, toujours dans l’optique de maîtriser ses efforts afin de ne pas arriver cramé l’été, au moment où il va falloir redoubler d’intensité.

Aucune obligation

- Le programme des 5 mois :

Alors vous, vous êtes dans une situation délicate. Je pense cependant que vous ne devez pas être nombreux. Votre situation est délicate car vous pourriez être tentés de vous dire que vous devez consacrer tout votre temps aux révisions du barreau. Mais je ne suis pas convaincu que ce soit la meilleure solution. En effet, le fait de passer tout votre temps à réviser trois matières peut, pour les moins solides d’entre vous, entraîner une forme de saturation susceptible de déboucher sur un relâchement, qui ne doit surtout pas intervenir en fin d’été, quelques semaines avant le début des épreuves.

- Le programme de la semaine :

Essayez de meubler vos journées soit en vous dégotant un stage de dernière minute ou un petit job, même à mi-temps.

Si vous êtes particulièrement stressés à l’idée de ne pas avoir de temps pour tout réviser, révisez, mais pas que les écrits. Essayez de passer un peu de temps sur les oraux (même si c’est normalement formellement interdit !) histoire de varier un peu les matières et ne pas imploser.

J’espère que ces petits programmes pourront vous aider. Je n’ai malheureusement pas pu traiter tous les cas, mais si vous êtes dans une situation particulière (évoquée ci-dessous ou non), ou même si vous avez du mal à établir votre programme de révisions, n’hésitez pas à prendre contact afin que nous puissions essayer de voir au cas par cas la meilleure option pour vous.

Maintenant que vous commencez à vous dire qu’effectivement ce serait pas mal de se mettre au travail, nous allons pouvoir aborder une étape cruciale : le choix des matières. Ce qui ne veut pas dire que tant que vous ne vous êtes pas déterminés sur le choix de vos matières vous n’avez rien à faire. Le droit des obligations est quoi qu’il arrive au programme et sera surement la matière la plus lourde que vous aurez à réviser. Alors à vos bouquins !

Alexandre




[1] Pour plus d’infos sur le choix des matières, voir le prochain article sur ce thème.
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