Avoir le Barreau, sans pilule, sans pommade, sans médocs et sans spam!

samedi 15 août 2015

Droit des obligations et procédure : la double lame





J'ai passé en revue pas mal de méthodes pour les examens, mais c'est vrai que je ne vous ai pas encore parlé de l'épreuve d'obligations et procédure. Pas du point de vue des types d'examen qu'on pourra vous proposer, parce que ce sera toujours le triptyque commentaire-cas pratique-dissertation, mais sur comment gérer le fait qu'en pratique, il s'agit de deux examens que l'on vous fait passer coup sur coup.

Qu'attend-t-on de vous?

Il est idiot de ne pas aborder un examen en ayant exactement en tête ce qui va être évalué dans votre travail. Dans le cas de cette épreuve, c'est votre "raisonnement juridique" (toujours selon l'arrêté du 11 septembre 2003 que je vous ressors tous les deux jours).

En soi, pour tester votre raisonnement juridique, on pourrait vous proposer n'importe quel domaine du droit. Si l'on choisit droit des obligations et une procédure, c'est parce qu'il s'agit de matières absolument fondamentales. Le droit des obligations se retrouve dans toutes les branches du droit (à plus ou moins forte dose), et un futur avocat se doit d'au moins maîtriser une des trois formes de procédure. On pourrait discuter longtemps à savoir si les procédures devant le tribunal de commerce ou de prud'homme peuvent constituer des procédures à part entière, mais elles sont quand même étroitement liées au fond du droit dans les deux cas, on glisserait déjà vers les matières elles-mêmes. Par contre les "procédures collectives" ne seront jamais des matières de procédures, ça n'a rien à voir avec le potage du jour, mais quand j'entends le contraire ça m'énerve.

Raisonnement juridique, donc. Il serait tout à fait possible de faire passer cette épreuve en donnant droit à tous les documents possibles, mais ce n'est pas vraiment la culture française sur les examens, et ça demanderait aux examinateurs de passer plus de temps sur les sujets. En attendant, il vous faut réviser le droit pour ces épreuves, et pas qu'un peu car les matières peuvent être assez conséquentes.

Mais le connaître le droit ne vous suffira pas, il faudra le comprendre. Car il est impossible de faire du raisonnement juridique si vous ne connaissez que les solutions par cœur sans savoir les analyser, les comprendre et les discuter. Donc n'hésitez pas à lire un peu plus de doctrine que d'habitude sur ces matières, surtout qu'elles sont anciennes et assez stables dans leurs enjeux (la procédure pénale a tendance à changer plus vite ces derniers temps quand même).

Pas une grosse épreuve mais deux petites

C'est comme ça qu'il faut voir l'épreuve de raisonnement juridique, deux épreuves pour lesquels on vous donne un temps de travail commun. Cette différence dans l'état d'esprit n'est pas anecdotique, au contraire elle peut faire la différence entre la réussite et l'échec. Deux points sont à aborder sur le sujet : la gestion du temps, et la gestion de votre concentration.

Timing : 50/50 ou 60/40 ?

C'est une question épineuse que la gestion du temps pour l'épreuve de raisonnement juridique, comment répartir efficacement le temps entre les deux devoirs? Plusieurs conceptions existent :
  • 2h30 pour chaque épreuve, simple et clair, vous serez assuré de donner le même temps à chaque devoir, mais la plupart du temps vous n'êtes pas aussi à l'aise sur chaque matière;
  • 3h/2h, en passant plus de temps sur la partie sur laquelle vous êtes la moins à l'aise, pour essayer d'obtenir des notes à peu près équilibrée, et en comptant sur le fait que vous serez plus à l'aise dans l'un des exercices, et donc que vous irez plus vite. Attention quand même, être meilleur ne signifie pas forcément être plus rapide, et vous pouvez être surpris par le sujet le jour de l'examen;
  • 2h/3h, en passant plus de temps sur la partie sur laquelle vous êtes la plus à l'aise, aussi connue sous le nom de "Je torche la procédure et je me concentre sur l'oblig" (ou l'inverse). La stratégie ici est claire : abandonner une matière sur laquelle vous pensez ne pas récupérer énormément de points, pour tout miser sur votre matière forte. Attention au gros risque de planter la matière que vous pensiez fort, et aussi au fait qu'il beaucoup plus facile de passer de 6 à 10 que de 10 à 14;
  • 2h/2h et 1h de complément, ce qui implique, durant la dernière heure, de revenir sur vos deux devoirs pour les terminer en attribuant le temps restant selon le besoin. Quasi-impossible s'il y a un commentaire ou une dissertation dans le lot, et assez dangereux car il implique, à la fin, de beaucoup aller et venir entre vos copies, ce que je déconseille plus bas. En gros, je n'y crois pas vraiment.
Certains d'entre vous préféreront aussi se décider sur leur timing en fonction du format de l'épreuve : c'est vrai qu'il est beaucoup moins gênant de s'arrêter au milieu d'un cas pratique que d'un commentaire ou d'une dissertation, ou même simplement dans un cas pratique de passer rapidement sur certains points, sans déstabiliser l'intégralité du devoir.

Dans tous les cas, je vous conseille fortement de vous donner des règles de timing AVANT les examens. Sur le moment, avec le stress et le doute, vous prendrez de mauvaises décisions, voire vous passerez 15 minutes à réfléchir à comment mieux utiliser votre temps... Ou, pire du pire, vous ne garderez pas assez de temps et foutrez en l'air un des deux devoirs.

Toujours une épreuve après l'autre

Dans le monde du sport (c'est une obsession, oui), la phrase la plus stupide que l'on entend le plus souvent est "Il faut prendre les matchs les uns après les autres", comme si à l'inverse il était possible de jouer deux matchs en même temps. 

Mais durant l'épreuve de raisonnement juridique, c'est exactement ce qui est possible! Et ce serait une catastrophe. Quelle que soit la répartition que vous avez choisie, je vous conseille fortement de vous y tenir, et surtout de passer franchement d'une matière à l'autre.

Si vous commencez par la procédure, une fois que le temps que vous vous êtes imparti est terminé (et pas une fois que vous avez fini votre devoir, nuance), posez votre stylo, mettez le premier sujet de côté, et passez au suivant. Ça peut être assez difficile sur le coup, mais ayez bien en tête que c'est votre seul moyen de rendre deux copies de qualité à peu près égales.

N'essayez pas non plus de faire les deux épreuves en même temps, ou de passer de l'une à l'autre plusieurs fois au cours de l'épreuve : le cerveau humain a ses limites en termes de réflexion, si vous pensez à deux examens en même temps, vous n'en réussirez aucun des deux.

Ayez de la discipline et soyez votre propre horloge : séparez bien la résolution des deux épreuves, et ne soyez pas tentés de mélanger les deux exercices, vous ne réussiriez qu'à vous perdre.

Conclusion : pas une épreuve pour gagner des points

C'est triste mais c'est comme ça : la double épreuve de raisonnement juridique n'est pas une épreuve qui vous permettra de gagner des points, pour des raisons mathématiques déjà (1 point en plus sur un cas pratique d'obligation rapportera 1 point, 1 point en plus sur l'épreuve de spécialité en rapportera 2), de déroulement de l'épreuve, car ce n'est pas sur une épreuve aussi exigeante en timing que vous ferez des éclats (a priori), et des matières qui sont assez denses et exigeantes, donc peu accessible à l'exploit.

Prenez cette épreuve comme ce qu'elle est : un test de votre capacité à réfléchir rapidement sur le droit, dans lequel vous devez assurer une note moyenne, pour ne pas pénaliser le reste de vos résultats, et c'est pour ça que je vous conseille surtout d'être vigilant et d'aller au plus simple et sécurisé.

Alexandre

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire