A ce titre, plusieurs
éléments sont à prendre en compte. Les voici listés par ordre d’importance,
selon mon point de vue :
1. Votre connaissance de la matière ;
1. (ex-aequo) La réputation (fondée), en termes de notation, de l’examinateur en
charge de la matière ;
3. Les types de sujet habituellement proposés ;
4. La charge de travail que va représenter la révision de cette matière
(critère en partie lié à votre connaissance de la matière mais également à l’ampleur
du programme) ;
5. Votre intérêt pour la matière.
Nous allons tout
simplement aborder ces éléments un à un afin de les développer.
1. Votre connaissance de la matière
Ce critère est le premier
qui vient à l’esprit de tout étudiant lorsqu’il s’agit d’effectuer le choix de
ses matières. En effet, il est tout naturel de vouloir choisir la matière avec
laquelle on a le plus d’affinités. C’est encore plus vrai pour ceux qui sont en
cours de spécialisation dans le cadre d’un M2 ou ceux déjà spécialisés
(post-M2).
Choisir les matières que
l’on connait le mieux a tout d’abord un côté rassurant car on ne découvre pas
une matière, ce qui permet ainsi de passer moins de temps à comprendre et, in
fine, à maitriser ladite matière.
Néanmoins, outre la
nécessité de vérifier la réputation de cette matière (deuxième point
ci-dessous), il faut prendre garde au fait d’être trop spécialisé. Je m’explique.
Il s’agit de la situation d’un étudiant qui aurait une excellente connaissance
d’une matière, ce qui pourrait lui jouer des tours. En effet, il est courant dans
certains gros IEJ (parisiens notamment) que les correcteurs spécialisés dans
certaines matières viennent à manquer. Dès lors, les copies devant être
corrigées, les correcteurs finaux ne seront pas nécessairement spécialistes de
la matière qu’ils corrigent. Ces correcteurs s’appuieront donc en très grande
partie sur le corrigé fourni par l’examinateur pour noter les copies. En
conséquence, un étudiant qui aurait une très bonne maitrise de la matière devra
prendre garde à ne pas rendre une copie trop « pointue », comprenant
des éléments qui ne seraient pas susceptibles de figurer dans le corrigé et d’être
compris par le correcteur.
Il faut garder à l’esprit
que dès lors que le correcteur ne comprend pas le contenu d’une copie, il
considérera qu’il est faux, ou du moins qu’il n’est pas suffisamment bien
expliqué pour que la copie puisse avoir tous les points.
Bien entendu je ne vous
conseille pas de renoncer à votre matière de spécialité afin d’éviter ce
problème. Toutefois, c’est un élément que vous devez garder à l’esprit lorsque
vous serez devant votre copie.
1. (ex-aequo) La réputation, en termes de notation, de l’examinateur en
charge de la matière
C’est le fameux moment
des calculs et stratégies. La première fois que j’ai passé le barreau, je n’étais
pas très fan de cette « théorie » selon laquelle certaines matières étaient durement notées et qu’il fallait donc les éviter. Etant partiellement
spécialisé en droit international privé, je souhaitais prendre cette matière au
écrits. Je me suis finalement ravisé et n’ai pas regretté mon choix.
Je tiens à préciser d'entrée que ces réputations doivent être fondées, et ne pas être de simples bruits de couloir éphémères.
Cela étant dit, dans certains IEJ, certaines matières sont généralement à éviter, quand bien même elles correspondraient à votre spécialité.
Je vais prendre l’exemple
de Paris 2, que je connais bien, au travers de quelques matières :
- Droit international
privé : L’épreuve peut sembler simple (cas pratique en apparence pas très
compliqué) mais la notation derrière est très sévère. Je vous conseille
vivement d’éviter de prendre DIP en matière de spécialité ;
- Droit de l’UE : Il y a quelques années cette matière était très prometteuse (cas pratique
sur 1/3 du programme avec une notation souple) mais depuis 2 ans l’examinateur
a durcit la notation, ce qui rend cette matière moins « payante ». A
éviter pour ceux qui ne seraient pas spécialistes ;
- Droit patrimonial : C’est LA matière à la mode à Paris 2, et pour cause. Elle figure systématiquement
dans le top 3 des matières les mieux notées, le programme est abordable à tout
étudiant en droit privé, et de nombreux liens peuvent être faits entre le droit
patrimonial et le droit des obligations, ce qui permet d’avoir une meilleure
compréhension du droit des obligations en révisant le droit patrimonial et
inversement. Cette tendance est renforcée avec la reprise de cette matière par
un nouvel examinateur l’année dernière ;
- Droit fiscal : Le droit fiscal est généralement la matière de spécialité ayant la
meilleure moyenne générale. Cependant l’examen est relativement pointu en termes de connaissances. En
conséquence : les spécialistes et ceux qui ont des affinités avec cette
matière, n’hésitez pas ; les autres, abstenez-vous.
Je ne connais
malheureusement pas les réputations de toutes les matières à Paris 2 et encore
moins celles des autres IEJ. C’est pourquoi je vous encourage vivement, soit à
nous faire parvenir les informations que vous avez eues dans vos IEJ (ne
serait-ce que pour une matière) afin que nous puissions établir un tableau recensant les matières à prendre et à éviter dans les différents IEJ,
soit à contacter des étudiants qui ont
passé le barreau dans vos IEJ afin qu’ils puissent vous renseigner sur les
tendances des matières.
Petite précision de
grande importance, ce n’est pas parce que vous nous « pourrez » pas
prendre votre matière de spécialité aux écrits (dû à la réputation sulfureuse
qu’elle pourrait avoir dans votre IEJ) que vous ne pourrez pas la prendre aux
oraux. En effet, toutes les subtilités des écrits liées aux correcteurs n’ont
pas cours lors des oraux. Pour ces derniers, le programme entier est
divisé en petits sujets sur lesquels vous serez interrogés. En outre, il peut y
avoir un intérêt à garder sa matière de spécialité pour les oraux. Cet aspect
sera développé dans le 5.
3. Les types de sujet habituellement proposés
Les types de sujets
habituellement proposés sont un autre élément à prendre en compte lorsque vous
choisirez vos matières, car tous les exercices ne mobilisent pas les mêmes
connaissances et compétences de l’étudiant.
Vous l’aurez compris, la
principale distinction à opérer est entre les cas pratiques et les commentaires
d’un côté, et les dissertations de l’autre. Alors que les premiers exercices
sont réputés pour être plus « sûrs » en termes de notation, le second
est plus aléatoire. De plus, les sujets les plus courants étant les cas
pratiques et les commentaires, on a tendance à s’entrainer davantage sur ces
derniers que sur les dissertations.
Néanmoins, à chacun ses
affinités envers les différents types de sujets. Cependant, ne commettez pas l’erreur,
que j’ai commise, de prendre procédure pénale à Paris 2 en espérant un cas
pratique et de vous retrouver devant une dissertation. De manière générale, je
déconseille à ceux qui ne sont pas spécifiquement calés en dissertation de s’aventurer
à choisir une matière dont le sujet en est habituellement une.
4. La charge de travail que va représenter la révision de cette matière
Comme précisé ci-dessus,
ce critère est à mettre en relation avec votre connaissance de la matière.
Logiquement, si vous maitrisez déjà bien la matière, vous passerez moins de
temps dessus.
Cependant, il faut aussi
prendre en compte le programme de la matière. Je fais référence ici tout
particulière au droit commercial ainsi qu’au droit de la famille (et ses fameux
régimes matrimoniaux). Les programmes de ces deux matières sont
particulièrement lourds, c’est pourquoi il vaut mieux avoir de solides
connaissances dans ces matières, ou être assuré que certains pans du programme
ne sont, officieusement, pas au programme (inutile d’appeler le directeur de l’IEJ
en lui demandant si telle ou telle partie est au programme, il vous répondra
que oui car c’est indiqué par l’arrêté. Allez plutôt voir vos intervenants qui
dispensent les cours de l’IEJ).
5. Votre intérêt pour la matière
Comme pour tout travail,
bosser sur un sujet qui nous intéresse nous fait mieux supporter la charge de
travail, permet d’être plus efficace et de moins avoir la sensation que la
journée est interminable, et nous met dans de meilleurs conditions psychologiques pour travailler.
C’est pourquoi il est
malgré tout important que la matière que vous choisissez ne vous donne pas
envie de vous tirer une balle dans la tête en la révisant !
Si la matière choisie est
votre matière de spécialité, pas de souci (tout du moins je l'espère pour vous…). Mais si votre matière de
spécialité n’est pas « recommandée » aux écrits, dans ce cas-là pas d’inquiétude.
En effet, vous pourrez toujours la prendre aux oraux. Il est même conseillé d'avoir pour les oraux une matière qui vous motive à travailler car, comme
vous le verrez dans quelques mois, il est très difficile de se remettre à
travailler après les écrits. Dans ces moments de déprime, le fait d’avoir une
matière qui vous stimule peut être votre bouée de sauvetage qui vous permettra
de relancer la machine à travailler.
Néanmoins, la règle absolue à garder en tête est de mettre le paquet pour avoir les écrits avant de penser aux oraux. Cette règle vaut en termes de travail mais aussi de "stratégie". Par conséquent, le raisonnement précédent ne doit en aucun cas s'appliquer si votre matière de spécialité aux écrits ne présente pas de difficulté et vous permettra d'engranger des points. Ce raisonnement sert seulement à rassurer ceux qui seraient déçus de ne pas "pouvoir" prendre leur matière de spécialité aux écrits dû fait de la notation particulièrement sévère en vigueur pour cette matière.
*****
En conclusion, votre façon de procéder doit globalement être la suivante :
- Identifiez la (les) matière(s) avec laquelle vous êtes le plus à l'aise ;
- Vérifiez que cette matière n'a pas pour réputation d'être notée trop durement ;
- Vérifiez que les types de sujet habituellement proposés sont adaptés à vos connaissances et compétences ;
- Assurez-vous que vos connaissance en la matière sont suffisantes afin de vos garantir une charge de travail qui ne soit pas démesurée (notamment au regard de l'étendue du programme de la matière) ;
- Gardez à l'esprit qu'il sera toujours plus facile de travailler une matière pour laquelle vous avez un intérêt.
Vous avez à présent la plupart des éléments pour choisir de façon éclairée vos matières pour le barreau. N’hésitez donc pas à vous renseigner autour de vous concernant les matières que vous envisagez de choisir et d’aller voir les programmes des matières dans l’annexe de l’arrêté du 11 septembre 2003.
*****
Bon courage pour ceux qui
ont commencé les révisions, vous êtes sur le bon chemin !
Pour les autres (et pour
ceux qui commenceraient déjà à flancher), le prochain article traitera une
autre question existentielle : faut-il aller à l’IEJ ?
Alexandre
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